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Interview
Alain Rousset, président de l'ARF

"L'ESS est l'un des défricheurs de l'économie circulaire"

Publié le 24 novembre 2014 - Mise à jour le 30 juillet 2020
Alain Rousset, président de la Région Aquitaine et de l'ARF, donne son point de vue sur la place que les Régions peuvent réserver à l'ESS dans leur politique d'économie circulaire.

Quelle est la place de l'économie sociale et solidaire dans l'économie circulaire ?

L'économie sociale et solidaire a été l’un des défricheurs de l'économie circulaire. De nombreuses entreprises de l'ESS ont en effet démarré en développant des activités de collecte, de tri, de réemploi en réponse aux besoins du territoire. C'est le cas de l'expérience menée à Pessac avec le réseau Envie. Une entreprise qui emploie du personnel en insertion professionnelle recycle du matériel électroménager (lave-linge, réfrigérateurs, sèche-linge…), le répare et le remet en vente. Grâce à ce fonctionnement, des personnes sont requalifiées, le magasin remet sur le marché des produits à prix réduits pour des personnes qui ont un pouvoir d'achat plus faible. On réduit en même temps le gaspillage.

 

Quel rôle peuvent avoir les Régions pour favoriser les liens entre ESS et économie circulaire ? 

Il y a deux voies pour développer les liens entre l'économie circulaire et l'économie sociale et solidaire (ESS) : professionnaliser le monde de l'ESS pour que les responsables soient de vrais managers d'entreprises. Aujourd'hui, diriger une entreprise d'insertion ou une Société coopérative de production (Scop) suppose d'avoir des qualités de manager d'entreprise. 

Deuxième voie : l'exploration de nouveaux secteurs. Nous avons beaucoup d'expériences dans les secteurs du textile, de l'agriculture, de l'électroménager, mais il y a d'autres secteurs qui peuvent être expérimentés. Les initiatives viennent souvent du terrain et les Régions sont là pour les accompagner. Au-delà des aides économiques et des dispositifs d'accompagnement en région, nous devons aussi nous lancer dans une analyse plus globale, car l'économie circulaire concerne tous les pans de l'économie : les circuits courts d'approvisionnement, les lycées, les agriculteurs,… La Région doit faire circuler les bonnes pratiques.

 

Comment la Région Aquitaine s'engage-t-elle dans ces domaines ?

Nous avons lancé un grand plan régional reposant sur les sept piliers de l'économie circulaire* et nous avons construit un partenariat avec la Fondation Ellen Mc Arthur pour identifier le potentiel aquitain en termes de ressources locales et sensibiliser les acteurs économiques. Une feuille de route, qui précise les actions, moyens et buts de chaque action du plan, est en cours de finalisation. Elle sera adoptée prochainement. Nous allons aussi lancer une enquête sur les déchets spéciaux, c'est-à-dire les déchets dangereux, pour établir le nombre d'emplois concernés par leur collecte et leur traitement, et l'organisation à mettre en place. Ce n'est pas simple, car les structures concernées sont très atomisées. L'idée est aussi d'avoir très vite un observatoire régional de l'économie circulaire en région. Et tout cela est fait dans une logique territoriale infrarégionale. Enfin, nous soutenons l'implantation d'une équipe de recherche sur l'analyse de cycle de vie à l'Institut des Sciences Moléculaires de l'Université de Bordeaux. Cela nous permet d'avoir une réflexion experte et extérieure, pour mieux ajuster l'intervention publique.

* les sept piliers de l'économie circulaire : l'écoconception, l'écologie industrielle, l'économie de la fonctionnalité, le réemploi, la réparation, la réutilisation, le recyclage.

Interview réalisée par Emilie Zapalski
 

Pour en savoir plus
Découvrir le dossier web Avise consacré à l'économie circulaire et à ses liens avec l'ESS.

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Thématiques

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