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Portrait

Les Accorderies

Publié le 11 février 2014 - Mise à jour le 05 octobre 2020
« Donne-moi de ton savoir et de ton temps, je te donnerai des miens... » Ce pourrait être, en une phrase, le résumé de l’esprit de l’Accorderie*, un concept « solidaire » né voilà déjà dix ans, de l’autre côté de l’Atlantique, au Québec et qui vient de faire ses premiers pas en France...

Échanger les savoir-faire et lutter contre l’individualisme

Derrière ce terme un peu désuet, - comme seuls nos cousins canadiens peuvent en inventer -, se cache, en réalité, un véritable petit trésor d’échange et de bonne volonté : on se cherche, on se trouve, on se met d’accord, on s’accorde ! En clair, vous êtes un pro de la mécanique automobile mais, en revanche, vous êtes allergique au fer à repasser. Pour votre voisine, c’est exactement l’inverse. L’astuce est là : vos savoir-faire s’échangent ! On a bien dit s’échangent. Car ici, pas question d’argent. Votre heure passée à réparer la chasse d’eau des toilettes cassée ou le robinet qui fuit de la cuisine, vous permettra d’obtenir l’équivalent en cours d’anglais ou en danse orientale, sous forme de chèque-temps en guise de monnaie sociale. C’est tout simplement ça, le secret de l’Accorderie. Une bonne vieille recette remise au goût du jour, pour mieux combattre une société de plus en plus individualiste.

A la fin de l’année 2011, deux premières antennes ont ouvert leurs portes à Chambéry (Savoie) et rue de Crimée, dans le XIXe arrondissement à Paris. Et, au regard de l’engouement suscité, - près de 230 accordeurs aux talents multiples sont déjà venus grossir les rangs de l’antenne parisienne -, la ville de Paris, en partenariat avec la Fondation Macif, initiatrice et importatrice de ce concept en France, envisage déjà de faire des « petits »... De son côté, l’Avise œuvre, d’ores et déjà, à la concrétisation de ces nouveaux projets qui pourraient voir le jour d’ici peu dans les XIVème, XVIIIème de la capitale et territoire du Grand Belleville.

« Développer la mixité sociale sur le principe de l’échange »

Pour Alain Philippe, le président de la Fondation Macif, à travers le principe de l’Accorderie, il s’agit également de « lutter contre la pauvreté et de renforcer les solidarités ». Quoi de mieux en ces temps de crise ? L’idée est aussi faire se rencontrer les riverains d’un même quartier afin de tisser des liens et développer la mixité sociale sur le principe de l’échange. « L’Accorderie contribue à développer la confiance et l’estime de soi, poursuit Alain Philippe. Elle sert aussi à créer du lien à l’échelle d’un quartier et fait participer ses habitants selon leurs compétences, et non selon leurs revenus ». Et tous les talents sont les bienvenus : du plus basique ou plus technique.

Quelque peu submergés par leur succès, les administrateurs de l’antenne du XIXe arrondissement ont même été obligés de créer une liste d’attente. Mais abondance de talents ne nuit pas, bien au contraire. Car le bon vieux principe du troc n’a pas dit son dernier mot. La preuve : d’autres projets sont déjà à l’étude en province, notamment à Rennes (Ille-et-Vilaine), Nantes (Loire-Atlantique) et Toulouse (Haute-Garonne).

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