Finance responsable, solidaire, à impact … comment s’y retrouver ?
Financer les projets à forte utilité sociale
En amorçage comme en changement d’échelle, les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) ont besoin de financements externes pour se structurer et grandir. Cependant, les circuits financiers traditionnels ne sont pas forcément outillés pour accompagner au mieux les spécificités de ces structures qui visent la maximisation de l’impact avant la maximisation du profit.
Pour autant, de plus en plus d’alternatives émergent permettant de financer les projets à forte utilité sociale, formant un large spectre de solutions allant du mécénat (financements visant essentiellement l’utilité sociale) à la finance traditionnelle (financements escomptant un retour financier).
Tour d’horizon de la finance durable
Les finances alternatives à la finance traditionnelle se regroupent au sein de la notion de finance durable. Ces types de finances ont en commun leur vocation à limiter les externalités sociales ou environnementales négatives.
Cependant, au sein de ces finances alternatives, plusieurs niveaux d’engagement social ou environnemental et différents outils et labels se distinguent.
La finance responsable
Le marqueur principal de la finance responsable est l’investissement socialement responsable (ISR) qui désigne les investissements réalisés via des fonds ou des produits labélisés ISR.
Il existe différentes approches de l’ISR :
· L’approche exclusive qui vise à exclure certains secteurs d’activité comme, par exemple, l’armement, les énergies fossiles, etc. ;
· L’approche thématique qui a pour objectif d’investir dans un secteur en particulier comme les énergies renouvelables ;
· La sélection des entreprises en fonction de leurs performances ESG dans leur secteur d’activité.
Les fonds ISR sont libres de définir leur stratégie d’investissement en choisissant ou non une ou plusieurs approches.
Bénéficiaires :
Entreprises engagées dans une forte démarche RSE et intégrant les critères ESG.
Investisseurs :
Les institutions et les particuliers via des fonds d’investissement ou des produits bancaires labélisés ISR. Les particuliers peuvent notamment investir dans des produits ISR via leur assurance-vie, le plan d’Epargne en Actions, leur épargne salariale et certains produits d’épargne retraite.
En savoir plus :
>> L'investissement socialement responsable, Ministère de l’économie, des finances et de la relance
La finance éthique
Bénéficiaires :
Entreprises engagées dans une démarche éthique telle que défini dans la charte de l'investisseur.
Investisseurs :
Les institutions, entreprises et particuliers via des fonds d’investissement ou des produits bancaires. Pour exemple, la coopérative financière La Nef s’inscrit dans la finance éthique.
La finance verte
Les fonds labélisés Greenfin ont pour obligation de :
· Exclure les énergies fossiles et nucléaires de leurs investissements ;
· Mettre en place une veille sur les critères ESG ;
· Publier un reporting des indicateurs de mesure d’impact.
Bénéficiaires :
Les entreprises spécialisées dans les énergies renouvelables financées via la finance verte.
Investisseurs :
Des institutions, particuliers et entreprises via des fonds d’investissement labélisés Finance verte.
En savoir plus :
>> Label Greenfin, un repère essentiel de la finance verte, Novethic
>> Label Greenfin, Ministère de l’économie, de la finance et de la relance
>> Le marché des fonds verts européens, Novethic et la Caisse des dépots
La finance inclusive
Bénéficiaires :
Entrepreneurs qui souhaitent créer ou reprendre une entreprise (quels que soient son statut ou son secteur d’activité) mais qui n’ont pas accès aux financements bancaires classiques.
Investisseurs :
Les organismes proposant des services de finance inclusive (organismes de microfinance, certaines banques…).
En savoir plus :
>> Baromètre de la microfinance 2019, Convergences
Les investissements à impact
En effet, d’après FAIR., expert français de l’investissement à impact social, il s’agit d’un « investissement qui vise explicitement et de manière intentionnelle un retour social et/ou environnemental positif ainsi qu’une performance financière supérieure ou égale à zéro, et dont l’impact est mesurable par un processus continu d’évaluation».
Bénéficiaires :
Les entreprises à fort impact social ou environnemental (entreprises de l’économie sociale et solidaire, entreprises à mission, etc.) souvent de petite ou moyenne taille.
Investisseurs :
Organismes publics ou privés et personnes physiques via des fonds à impact, des plateformes de crowdfunding, des banques privées ou publiques, etc.
En savoir plus :
>> L’investissement à impact en France : de quoi parle-t-on ?, Avise et FAIR
>> Etat des lieux du marché français de l’investissement à impact 2019, FAIR (ex-Impact Invest Lab)
>> Rapports sur la finance à impact, FAIR (ex-Impact Invest Lab)
La finance solidaire
L’épargne solidaire utilise trois canaux de collecte principaux :
· Les banques ou les sociétés d’assurance : les épargnants placent leur argent sur des produits de partage solidaire (livret, OPC, compte à terme) ou une assurance-vie solidaire, labellisés Finansol, qui permettent ensuite aux établissements financiers et aux fonds d’investir tout ou une partie de cet argent dans des projets à forte utilité sociale ou environnementale ;
· Les produits d’épargne salariale : l’épargne d’entreprise est placée sur un Fonds Commun de Placement Solidaire (FCPES) qui peut être labellisé Finansol ;
· L’actionnariat direct dans des entreprises solidaires : souscription au capital d’une entreprise solidaire à forte utilité sociale par des fonds d’investissement ou par des citoyens (plateformes de crowdequity, clubs Cigales, etc).
Autre outil de la finance solidaire, l’épargne de partage consiste à reverser entre 25 et 100% de la rémunération perçue par ses placements d’épargne à une association ou une fondation d’intérêt général. Ce don peut être défiscalisé.
Bénéficiaires :
Entreprises de l’ESS, financeurs solidaires ou organismes de microfinance, soit en direct soit via un fonds d’investissement labélisé.
Investisseurs :
Entreprises (via l’épargne salariale) et particuliers (épargne solidaire, actionnariat), notamment via des fonds solidaires (aussi appelés fonds 90-10) ou des fonds de partage.
En savoir plus :
>> Comment devenir épargnant solidaire ?, FAIR (ex-Finansol)
>> Guide pratique de l’épargne salariale, FAIR (ex-Finansol)
>> Baromètre de la finance solidaire 2021, FAIR (ex-Finansol) et La Croix
>> Les outils de la finance solidaire, La finance pour tous
Le mécénat
Bénéficiaires :
Organisations d’intérêt général éligibles au mécénat.
Investisseurs :
Particuliers ou entreprises
En savoir plus :
>> Le mécénat, un dispositif simple et attractif pour réussir vos partenariats, Ministère de l'Education Nationale et de la Jeunesse
>> Le Baromètre annuel de la Philanthropie, Fondation de France
>> Les différents types de mécénat et pro bono, Avise et Pro Bono Lab
À noter : dans cet article les termes de financement et d’investissement ne sont pas utilisés de manière interchangeables : l’investissement représente ici les solutions dédiées au haut de bilan uniquement (fonds propres et quasi-fonds propres) alors que le financement est une notion plus large qui comprend à la fois les solutions de haut et de bas de bilan (emprunts et autres dettes).
>> Pour en savoir plus sur le financement des entreprises de l’ESS, découvrez la rubrique Se faire financer sur le site de l’Avise