Me faire financer en phase de changement d’échelle

Publié le 30 juin 2023 - Mise à jour le 24 octobre 2023
Du financement remboursable aux subventions et dotations, en passant par les apports en fonds propres ou quasi-fonds propres, vous avez accès à divers outils pour financer l’étude de faisabilité de votre entreprise ainsi que le déploiement de son changement d’échelle.

Quels besoins de financement en changement d’échelle ?

« Le changement d’échelle d’une entreprise sociale est le processus par lequel la structure cherche à préserver ou à maximiser son impact social, en renforçant son organisation ou en s’appuyant sur son écosystème. » (Guide - Stratégies pour changer d’échelle, Avise, 2021).

Changer d’échelle nécessite souvent de renforcer sa situation financière et donc de bien cerner ses besoins de financement. Selon la stratégie poursuivie, ces besoins pourront être plus ou moins importants et nécessiteront la mobilisation d’outils de financement spécifiques, adaptés aux scénarios retenus.
 

Les apports en fonds propres / quasi-fonds propres

Consolider ses fonds propres permet à une organisation d’augmenter sa capacité financière et de pouvoir plus facilement accéder à des solutions de dette.

Pour cela, les entreprises commerciales et les coopératives peuvent bénéficier d’apports en capital qui induisent une participation des actionnaires ou sociétaires dans la gouvernance de l’entreprise et qui peuvent induire une rémunération de ceux-ci. Dans le cas des associations, la notion de capital n’existe pas mais il est possible de réaliser des apports (en numéraire, en nature ou encore en industrie), avec ou sans droit de reprise, qui peuvent venir conforter les fonds propres de l’association.

Pour toutes les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS), un autre type de financement ne modifiant pas la gouvernance de l’organisation existe : les quasi-fonds propres et notamment les obligations, les titres participatifs (dédiés aux coopératives) et les titres associatifs (dédiés aux associations).

Les financements non remboursables

Afin de financer l’augmentation des charges de fonctionnement liées au changement d’échelle, différents financements non remboursables peuvent être sollicités.

Les subventions publiques peuvent être financières ou matérielles et sont attribuées sans contrepartie. Elles sont, de plus en plus souvent, accordées via des concours ou appels à projets. Ces subventions peuvent être générales ou affectées à une opération spécifique. 

 

Les régions sont les collectivités locales compétentes sur le développement économique et l’innovation. Elles gèrent les aides dédiées à l'ESS et à la création d’entreprise, notamment les subventions du Fonds Social Européen + (FSE+). Les autres collectivités locales (départements, communes, métropoles, etc.) et les services déconcentrés de l'État peuvent aussi contribuer, selon les thématiques.  

 

Le portail les-aides.fr recense les appels à projets par thématique (dont une dédiée à l’ESS) avec un filtre par territoire.

Les fondations et fonds de dotation accordent des aides financières dans le cadre d’appels à projets ou au fil de l’eau. Comme chacun obéit à ses propres critères de soutien, il est nécessaire de cibler les fondations finançant des projets portant sur les thématiques de votre entreprise puis d’étudier leurs critères d’éligibilité et le mode de sollicitation approprié. Pour s’y retrouver, il existe un annuaire des fondations et fonds de dotation géré par le Centre Français des Fonds et Fondations (CFF).

Il est possible de recourir aux plateformes de crowdfunding qui sont nombreuses : certaines sont généralistes (comme KissKissBankBank et Lita.co), d’autres s’adressent uniquement aux entreprises de l’ESS, comme j’adopteunprojet. Autre option : HelloAsso, une plateforme gratuite, réservée aux associations, pour organiser sa collecte de fonds sans commission et sans frais. 

À travers un plan d’action en faveur de l’économie sociale et solidaire présenté en décembre 2021 par la Commission européenne, l’Union Européenne a placé l’ESS au cœur de ses préoccupations, tant en pour favoriser la cohésion territoriale que pour la recherche d’innovations sociales répondant à des enjeux sociétaux comme la lutte contre la pauvreté et l'exclusion.

Dans le cadre du programme national pour la période 2021-2027 du FSE+, la France dispose d’une enveloppe de 6,7 milliards d’euros et soutient donc activement à travers des appels à projets des initiatives visant la création, le maintien et le développement d’emplois dans l’ESS. En qualité d’organisme intermédiaire du FSE+, l’Avise lance régulièrement des appels à projets. D’une part, ceux-ci permettent de financer l’ingénierie, l’animation et l’outillage pour soutenir les structures de l’ESS et favoriser leur changement d’échelle. D’autre part, ils permettent de financer les opérateurs du Dispositif local d’accompagnement (DLA régionaux et départementaux et Centres de ressources DLA).

Nouvel outil de financement des innovations sociales, le contrat à impact a pour objectif de favoriser la levée de fonds privés pour financer des programmes sociaux privés permettant d’éviter des coûts à la collectivité. Dans ce mécanisme, un acteur public finance l’innovation sociale sur la base de l’impact réalisé (évalué par un expert indépendant).

Les financements remboursables

Lors du déploiement de votre activité, vous aurez peut-être besoin de financer de nouveaux investissements ou dépenses de fonctionnement. Pour cela, plusieurs outils de dette peuvent vous aider comme le prêt participatif, le prêt bancaire ou le financement participatif sous forme de prêts participatifs (crowdlending).

Ces outils financiers ont l’avantage d’être non dilutifs, et donc sans impact sur votre gouvernance. Ils peuvent être mobilisés pour différents besoins à différentes échéances (court, moyen, long terme). Cependant, par définition les dettes ont vocation à être remboursées : il est donc nécessaire d’avoir un modèle économique capable de générer des excédents afin de rembourser ses créanciers.

Financer la préparation de son changement d’échelle

Changer d’échelle constitue un moment structurant dans la vie d’une entreprise sociale. Cela impacte non seulement l’organisation interne mais également la stratégie de l’organisation au long terme. Avant de se lancer, il convient donc de bien se préparer. En effet, il existe différentes manières de changer d’échelle qui dépendent du projet et de la stratégie de l’entreprise mais aussi des opportunités rencontrées par l’organisation.

Pour une entreprise du secteur de l’ESS, changer d’échelle sous-tend plusieurs enjeux, notamment par rapport à son modèle économique, sa gouvernance, ses ressources humaines et plus largement son organisation interne. En fonction des modèles de changement d’échelle il faut aussi construire la relation avec et entre son réseau (stratégie de duplication et de fertilisation) ou avec les partenaires (fusion, coopération, diversification).

Cette phase de préparation nécessite donc principalement de pouvoir dégager du temps en interne pour définir la stratégie, rencontrer des partenaires et modéliser son changement d’échelle.

Il peut être aussi nécessaire de financer le recours à un prestataire externe. Il s’agit là de dépenses d’investissements stratégiques qui vont plutôt être financées par les fonds propres, et souvent en autofinancement par l’entreprise directement. Il est également possible dans certains cas de présenter cette phase préparatoire comme un projet en tant que tel pour aller chercher des fonds notamment sous forme non remboursable. Il s’agit en effet d’une étape en amont qui vise à étudier les conditions d’un changement d’échelle et qui est donc encore hypothétique.

En plus des cabinets de conseil spécialisés dans ces enjeux, de nombreux programmes d’accompagnement gratuits existent. Certains proposent même un soutien financier afin de pouvoir dégager des ressources humaines suffisantes dans la construction de cette stratégie puis dans sa mise en place.

Financer son changement d’échelle en fonction de sa stratégie

« La duplication consiste à reproduire le modèle d’une entreprise sociale qui a fait ses preuves sur un ou plusieurs nouveaux territoires. Répliquer ou reproduire signifie que les éléments clés qui font le succès du modèle et qui produisent l’impact social seront gardés et articulés de la même manière que dans le projet original. L’adaptation au territoire est évidement nécessaire et passe par la prise en compte des intérêts et des exigences des nouvelles parties prenantes, ainsi que des habitudes et enjeux locaux. La duplication implique la création de nouvelles structures (juridiquement autonomes ou non). » (Guide - Stratégies pour changer d’échelle, Avise, 2021)

La stratégie de duplication requiert généralement des investissements importants et/ou une augmentation des charges de fonctionnement (notamment au niveau des ressources humaines) car il s’agit bien de créer une ou plusieurs antennes sur de nouveaux territoires, ce qui demande du temps de coordination, de prospection de nouveaux partenaires et d’organisation de l’activité. De plus, pour la structure mère, cette stratégie demande un accompagnement, plus ou moins fort, à apporter aux antennes en création (formation, recherche de financements, partenariats locaux, etc.).

Pour faire face aux besoins de structuration de la démarche et de création de nouvelles structures sur de nouveaux territoires, la structure mère a intérêt à consolider ses fonds propres. Elle peut également faire appel à des solutions non remboursables ou à des prêts à long terme. En fonction de sa stratégie et de son positionnement vis-à-vis des nouvelles structures, la structure pourra rechercher des financements au niveau local, sur les nouveaux territoires cibles ou bien au niveau national.

« La fertilisation consiste à diffuser un métier ou un savoir-faire spécifique ayant fait ses preuves à d’autres acteurs de manière à ce qu’ils s’approprient la démarche et qu’ils reproduisent, à leur tour, l’impact social ou environnemental. Il s’agit donc de donner les moyens à des intermédiaires ou aux bénéficiaires eux-mêmes d’améliorer leurs pratiques. Dans la fertilisation il n’y a pas de création de nouvelles entités (le métier se transmet à des structures existantes ou à des personnes) et la gouvernance n’est pas forcément organisée comme dans un réseau, bien qu’elle puisse l’être. » (Guide - Stratégies pour changer d’échelle, Avise, 2021)

Dans le cas du déploiement d’une stratégie de fertilisation, les besoins de financement vont principalement porter sur le fonctionnement, notamment des dépenses de personnel. L'objectif est de capitaliser puis diffuser le savoir-faire de l’organisation à des porteurs de projet (formation, accompagnement, etc.). Ces besoins peuvent être financés par le chiffre d’affaires et/ou par des financements non remboursables en fonction du modèle économique de la structure considérée (accompagnement payant ou gratuit).

« La diversification consiste à développer une ou plusieurs nouvelles activités plus ou moins proches du cœur de métier de la structure. Les nouvelles activités créées permettent de produire plus d’impact social ou servent de support économique à celui-ci. Cette stratégie a pour conséquence de créer de nouveaux Domaines d’activité stratégiques (DAS). » (Guide - Stratégies pour changer d’échelle, Avise, 2021)

Diversifier son activité peut demander de nouveaux investissements (matériel, stock, etc.), mais aussi une croissance des besoins en fonctionnement avec l’embauche de nouveaux salariés dédiés à cette nouvelle activité. La nouvelle activité peut aussi être génératrice d’un besoin en fonds de roulement (BFR) supplémentaire à l’activité principale. Il est ainsi recommandé pour un projet de diversification d’accroître sa capacité financière en consolidant ses fonds propres afin de pouvoir investir sur le long terme sans risquer de fragiliser son activité historique principale. Au-delà de l’autofinancement, il est également possible d’aller chercher des solutions non remboursables mais aussi de la dette en vue de couvrir les premiers investissements, notamment l’acquisition de matériel, la constitution du premier stock ou le financement des postes affectés à l’activité de diversification.

« La coopération consiste en un rapprochement entre plusieurs structures souhaitant regrouper leurs forces pour préserver ou maximiser leur impact social. Les structures restent autonomes, maintenant leur indépendance juridique et patrimoniale. La coopération peut prendre une forme plus ou moins pérenne et intégrée : elle est « organique », quand elle donne naissance à de nouvelles entités, ou « fonctionnelle », quand elle prend une forme davantage informelle (partenariats, réseaux, conventions). » (Guide - Stratégies pour changer d’échelle, Avise, 2021)

Les stratégies de coopération s’appuient généralement sur l’autofinancement d’un ou de chacun des partenaires, en fonction de la convention mise en place par les structures concernées. Avoir des fonds propres consolidés constitue généralement un préalable important avant de déployer un projet de coopération. Il est également possible de mettre en place des coopérations visant à mutualiser des moyens entre différentes structures afin d’améliorer la situation financière de plusieurs organisations différentes. Dans ce cas, il s’agira d’une stratégie de coopération pour consolider un modèle économique.

Lorsque la coopération donne naissance à une nouvelle structure, cette nouvelle structure peut ensuite aller chercher des financements qui lui sont dédiés, qu’ils soient remboursables ou non. Néanmoins, la phase d’émergence et de création reste principalement portée par l’autofinancement des structures mères. 

« La fusion correspond à la mise en commun des patrimoines de deux ou plusieurs organisations aboutissant à la constitution d’un nouvel organisme ou à une prise de contrôle. La fusion peut être volontaire, mais il faut savoir que la plupart du temps elle découle d’une nécessité, qui peut être plus ou moins bien vécue. Il est donc essentiel de bien préparer cette démarche. » (Guide - Stratégies pour changer d’échelle, Avise, 2021)

La stratégie de fusion a pour objectif de consolider la situation financière d’une structure ou de la développer. Si les coûts engendrés par la préparation et la mise en place de la fusion sont pris en charge par de l’autofinancement, nécessitant donc un minimum de fonds propres, la stratégie de fusion ne nécessite pas d’investissement a priori et donc de financements particuliers.

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