Démarches intégrées et démarches comptables

Les outils de mesure extra-financière et des référentiels de dimensions d’impact se multiplient, comme les neuf limites planétaires ou les objectifs de développement durable. Mais certains écologistes et économistes pointent encore la séparation en silo des dimensions économiques, écologiques et sociales. Ils sollicitent une cohérence des pratiques engagées sur ces trois dimensions et un développement de la transversalité de l’information. Et ce, afin de mieux garantir la conservation du patrimoine environnemental et humain. En parallèle, de nombreuses organisations, des porteurs de projet et des acteurs de la finance à impact partagent un même constat : l’intérêt croissant pour les actions à plusieurs dimensions d’impact ainsi qu’un besoin d’outils et de méthodes pour leur évaluation.  

Aucun référentiel n’est à ce jour partagé par les acteurs économiques pour évaluer et valoriser les impacts sociaux et environnementaux. Dès lors, la comptabilité, en tant qu’outil de gestion obligatoire et normé, pourrait être à même de répondre à ces enjeux. Le rapport Notat-Sénard, paru en mars 2018, soutien qu’il serait nécessaire d’innover et d’envisager la possibilité pour les normes comptables de « servir l’intérêt général et la considération des enjeux sociaux et environnementaux ». 

Les comptabilités alternatives, des outils innovants qui s’intègrent aux états financiers des entreprises 

Les comptabilités socio-environnementales (CSE) ou « vertes », développées en parallèle des pratiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), visent à apporter des réponses opérationnelles en intégrant directement les impacts environnementaux et sociaux dans les documents comptables (états financiers) des entreprises. 

Ces innovations comptables peuvent influencer directement le fonctionnement des entreprises ainsi que leurs stratégies. D’une part, l’application de ces CSE par les entreprises rend visible l’invisible en inscrivant au bilan comptable et dans le compte de résultat les ressources consommées ou dégradées par les activités économiques. Elle permet ainsi une grande transparence à l’égard des parties prenantes de ces entreprises. D’autre part, l’application de ces principes améliore les stratégies internes de performance financière et extra-financière. 

À partir des principes traditionnels de la comptabilité, la méthode comptable « Comptabilité adaptée au renouvellement de l’environnement » (Care) a pour ambition d’assurer le maintien du patrimoine financier, naturel et humain mobilisé par les activités économiques. 

La méthode Care applique les normes comptables traditionnelles du capital financier aux capitaux naturels et humains afin de comptabiliser et d’intégrer la dégradation annuelle de ces capitaux dans les comptes financiers des entreprises. Par extension du modèle existant aux autres capitaux, le modèle Care souhaite garantir la conservation du patrimoine des écosystèmes. 

Néanmoins, la méthode Care et, plus largement, les comptabilités alternatives, encouragent déjà les acteurs économiques à réinterroger leurs modèles économiques, définir leurs impacts sociaux et environnementaux et identifier des leviers d’action en faveur d’un développement plus durable.