Décryptage

Transition énergétique : de quoi parle-t-on ?

Publié le 02 juin 2023 - Mise à jour le 28 juin 2023
La transition énergétique, littéralement, est le passage d’un modèle de production et de consommation de l’énergie à un autre. Mais quel est ce nouveau modèle et quels sont ses valeurs et ses objectifs ? Comment émerge-t-il et comment se diffuse-t-il au sein de la société et des filières économiques ? Définition et éclairages.

Notre modèle énergétique en constante évolution

L’énergie est ce qui permet le mouvement, l’action ; elle est la source de toute activité humaine et occupe une place centrale au cœur de nos modèles de société. 

 

Au cours de l’histoire humaine, de nombreuses transitions énergétiques ont eu lieu. L’énergie mécanique, l’énergie de la biomasse, l’énergie fossile ou encore l’énergie nucléaire sont autant de découvertes et d’innovations qui ont fondamentalement bousculé et transformé nos sociétés et leurs modes de production comme de consommation. 

 

Aujourd’hui, les enjeux écologiques et sociaux – réchauffement climatique, finitude des ressources planétaires, lutte contre la précarité énergétique, etc. – engagent, à l’échelle mondiale, une réflexion autour de la réorientation du modèle énergétique de notre société. Ils donnent lieu à des débats qui dépassent largement le simple cadre de la production de l’énergie. 

 

La transition énergétique qui semble se profiler a la particularité d’être moins le fruit d’une évolution scientifique et technologique – bien que le fort développement de la connaissance des énergies renouvelables soit un moteur indéniable – que le croisement entre, d'une part, une indispensable adaptation face aux nombreuses conséquences du dérèglement climatique et, d'autre part, une forte volonté citoyenne de prendre part à la transformation de nos modèles de production et de consommation de l’énergie. 

Transformer notre modèle dans un contexte d’urgence

Depuis la révolution industrielle, une transformation majeure de l’équilibre climatique et environnemental de notre planète est engendrée par les besoins énergétiques grandissant de l’activité humaine : importantes émissions de gaz à effet de serre (GES), épuisement des ressources fossiles, pollutions environnementales diverses, production de rejets et déchets, notamment nucléaires radioactifs, etc. 

 

En 2018, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estimait que 47 % des émissions de CO2 provenaient du secteur de l’énergie, découlant principalement de l’usage des combustibles fossiles dans les secteurs de l’industrie et des transports ainsi que pour alimenter les réseaux d’énergie pour le chauffage et l’électricité.

 

Responsables du réchauffement climatique, ces émissions génèrent alors de nombreuses conséquences environnementales dont les effets sont déjà sensibles dans notre quotidien : fonte des glaces telluriques et montée du niveau des eaux, phénomènes météorologiques plus extrêmes (tempêtes, sécheresses, etc.), diminution des réserves d’eau douce, déclin de la biodiversité et déséquilibre des écosystèmes naturels, notamment.

 

Issus d’un processus extrêmement lent de transformation de la biomasse, les stocks de ressources fossiles sont anciens de millions d’années et limités. Aujourd’hui, la communauté scientifique estime qu’au rythme de la consommation actuelle – sans intégrer la demande à venir des pays émergents – les réserves prouvées pourraient encore être exploitées durant environ cinquante ans pour le pétrole et le gaz et une centaine d’années pour le charbon et l’uranium. 

 

Enfin la pollution et les risques sanitaires des énergies fossiles comme nucléaires sont maintenant reconnus. Le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air urbain est en constante augmentation, les accidents de Tchernobyl et de Fukushima ont montré des limites à la sécurité des installations de production nucléaire. En outre, les déversements accidentels de rejets nucléaires radioactifs ont donné lieu à des risques sanitaires majeurs tout en altérant durablement les milieux naturels, tandis que la communauté scientifique ne cesse d’alerter sur les conséquences à long terme de l’enfouissement des déchets nucléaires. 

La transition énergétique, un véritable choix de société

Face à l’urgence climatique, la transformation du modèle énergétique actuel est, pour l’ensemble des pays du monde, une nécessité absolue. Pour autant, engager une transition énergétique c’est aussi, pour chaque pays, faire le choix d’un modèle qui irrigue l’ensemble de ses activités et participe ainsi d'un véritable choix de société, dont, en France comme à l’international, la société civile se revendique aujourd’hui partie prenante. 

 

En 1968, de forts mouvements militants transforment en lutte les réflexions écologistes du début du siècle et de l’après-guerre, notamment, en France, autour de la question du nucléaire et de la protection des terres arables (avec par exemple le combat contre l’extension du camp militaire du Larzac, dans l’Aveyron, ou contre la construction de la centrale de Fessenheim, en Alsace).

 

De nombreuses associations voient alors le jour en France :

Des initiatives politiques émergent en parallèle, à l’image de l’alliance entre le Mouvement d’écologie politique (MEP) et des Amis de la Terre lors de l’élection présidentielle de 1981. 

 

Plus récemment, l’écologie est devenue un sujet majeur au cœur des débats politiques et de la vie citoyenne, en témoignent :

  • les marches pour le climat apparues en 2018 et rassemblant chacune plusieurs dizaines de milliers de personnes en France ;
  • les grèves hebdomadaires pour le climat des lycéens et des étudiants organisées à l’échelle internationale par Youth for Climate ;
  • la campagne de justice climatique l’Affaire du siècle initiée par des associations environnementales et visant à poursuivre en justice l’État français pour inaction en matière de lutte contre le changement climatique ;
  • la proposition de 149 mesures par la Convention citoyenne pour le climat, assemblée de citoyens initiée par le gouvernement français, dans le cadre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui a ensuite pris la forme d’une association pour défendre ses propositions dans le cadre de l’élaboration de futures lois. 

De ces mouvements citoyens et politiques se dégage la volonté d’œuvrer pour une transition énergétique conciliant protection de l’environnement, autonomie énergétique et justice sociale, à travers un modèle énergétique structuré autour de quatre axes d’action :

  • privilégier des sources d’énergie et des moyens de production plus durables et moins polluants ;
  • améliorer l’efficacité énergétique des secteurs consommateurs d’énergie ;
  • réduire la consommation finale d’énergie tout en luttant contre la précarité énergétique ;
  • redéfinir la place des citoyens dans la gouvernance de l’énergie. 

Thématiques

Transition écologique
Alimentation & agriculture durables Ruralité

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