Décryptage
Pays de la Loire

« ESS et collectivités : réussir ensemble »

Publié le 22 mars 2019 - Mise à jour le 14 mai 2021
Intitulée « ESS et collectivités : réussir ensemble », la seconde Conférence régionale de l’ESS en Pays de la Loire s’est tenue le 29 novembre 2018 à Mauges-sur-Loire. Au programme : premier bilan de la Stratégie régionale de l’ESS 2017-2021, remise du Prix régional de l’ESS, innovation, rôle des collectivités…
Retour sur la journée avec Céline Durand, déléguée générale de la CRESS Pays de la Loire.

Cette seconde conférence régionale était l’occasion de dresser un premier bilan de la Stratégie Régionale de l’ESS 2017 – 2021, co-portée par la Région, l’Etat et la CRESS : que doit-on en retenir ?

Premièrement, le fait qu’il y ait une Stratégie Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire (SRESS) avec signature tripartite a permis d’inscrire l’ESS comme un élément important des politiques de la Région et de l’Etat. Cela donne un cadre d’action, un cap, des ambitions et un cadre de financement et d’accompagnement. Grâce à cela, un volet ESS a été intégré dans le Schéma régional de développement économique (SRDEII).   Cette SRESS a également permis à l’ESS de devenir progressivement un sujet plus transversal au sein du Conseil régional. Jusqu’à présent, un seul élu portait ce sujet. Nous avons eu dernièrement des exemples d’autres élus en dehors du Vice-président à l’économie qui se sont saisis de l’ESS et de ce qu’elle apporte sur les territoires, à la population, en termes de poids économique, d’emploi et de services.   Sur la co-construction, le Comité technique qui se réunit une fois par mois autour de cette stratégie favorise l’apprentissage d’une meilleure interconnaissance entre les acteurs et permet de construire un dialogue quasi permanent. Progressivement on arrive brique par brique à constituer un ensemble, même si nous en sommes au tout début et qu’il faut savoir être patient. C’est un travail exigeant, qui nécessite de composer avec plein de nouveaux acteurs que l’on découvre, où chacun doit se placer en posture de coopération. Mais une vraie dynamique est lancée, même s’il faut maintenant mettre davantage en visibilité ce que produit la SRESS.  

Quelles actions concrètes ont été développées à travers cette SRESS ?

Sur un plan plus concret et opérationnel, la SRESS a permis de déployer de nombreuses actions et d’aller plus vite. Autour de la SRESS, des groupes-projets ont été constitués et chaque acteur en pilote certains : la Chambre régionale de l'Economie sociale et solidaire (CRESS) sur l’accompagnement et le financement de l’ESS, la sensibilisation à l’ESS, le développement des achats socialement responsables et de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et sur l’amélioration continue des pratiques ; la Région sur le développement de politiques publiques en faveur de l’ESS par les collectivités ; l’Etat sur les métiers en tension et la formation des bénévoles.
  • Sur l’accompagnement et le financement de l’ESS, l’enjeu d’amélioration de la lisibilité de l’offre avait été identifié depuis 2013 avec la Région. Nous avions déjà commencé à phosphorer entre 2013 et 2017, avec le lancement du dispositif ESSOR en 2015. La SRESS a fait en sorte que le Conseil régional et l’Etat le soutiennent, y fassent référence.
  • Autour de la promotion de l’ESS, nous développons un réseau des ambassadeurs de l’ESS pour intervenir dans les écoles, avec la conclusion d’un accord-cadre entre le Rectorat et l’association L’ESPER. Ce réseau est constitué de militants de l’ESS, qui peuvent par exemple consacrer 2h dans l’année pour venir parler à une classe, expliquer ce qu’est l’ESS et présenter leur entreprise dans l’ESS, leur métier…
  • Sur l’amélioration continue des pratiques, nous avons mis en place en 2018 un groupe de travail avec des acteurs de l’ESS prêts à s’engager pour tester la mise en œuvre de l’obligation d’amélioration continue des pratiques. Des choses concrètes sont à venir :  nous concevons un autodiagnostic en ligne qui soit le plus accessible possible et qui offre la possibilité de construire un plan d’action et de pouvoir être accompagné.
  • Sur les métiers en tension, il y a en Pays de la Loire, comme ailleurs, de nombreuses personnes au chômage et, en face, des structures qui ne parviennent pas à recruter. L’objectif est de savoir comment résoudre cette problématique, avec les acteurs de l’emploi mais aussi et surtout avec les acteurs de l’ESS.
  • Sur la formation des bénévoles, la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRDJSCS) a notamment piloté les travaux autour de la mise en place d’un outil régional dédié. Un Portail de l’offre de formation des bénévoles en cours de mise en œuvre par le Mouvement associatif permettra de recenser l’existant et d'ouvrir à tous les acteurs la possibilité de se mettre en contact avec des acteurs locaux, en fonction de la nature de leur demande.
  • Sur les collectivités, à travers le groupe-projet piloté par la Région, nous avons entamé un travail avec des collectivités déjà engagées et nous souhaitons amplifier le phénomène. Pour que la SRESS sorte de son cercle et aille sur le terrain, la Région et la CRESS ont décidé de co-organiser en 2019 un « ESS tour », en lien avec les réseaux locaux de l’ESS présents sur chaque département. Le Vice-président à l’économie sera là, afin de s’adresser aux élus des EPCI. Beaucoup d’élus et d’agents ne sont pas au fait de ce que recouvre l’ESS et de ce qu’elle peut apporter et l’objectif est d’aller les rencontrer, les sensibiliser et les inciter à développer des politiques publiques en faveur de l’ESS.

La thématique centrale de la Conférence concernait justement le rôle des collectivités : pourquoi ce thème et quelles dynamiques ont été présentées ?

La SRESS permet, en dehors du Conseil régional, de l’Etat et de la CRESS, d’avoir un effet levier et d’enclencher le travail important à mener auprès des EPCI, même si certains n’ont pas attendu cela. L’objectif de la Conférence régionale était ainsi de mettre en valeur ce qui existe déjà, l’idée étant de donner envie à d’autres.

Parmi les dynamiques en place, ce que fait Nantes Métropole pour l’ESS est incontournable. Il était important que la Métropole puisse témoigner de tout ce qu’elle fait car elle a maintenant pratiquement 15 ans de rétrospective sur son fort engagement en faveur de l’ESS. Même si les moyens ne sont pas les mêmes d’une collectivité à l’autre, cela a valeur d’exemple, de locomotive, y compris pour les territoires proches : on le voit avec le développement d’un axe Nantes Métropole – Saint-Nazaire.   Sur chacun des départements ligériens, on retrouve des exemples de collectivités territoriales qui démontrent une implication ou un soutien et un portage politique en faveur de l’ESS : sur le Pays des Mauges avec une communauté de communes engagée ; sur le Pays Haute Sarthe pour lequel le Président du Centre social de Conlie est venu témoigner ; à Fontenay-le-Comte qui soutient des structures de l’ESS ; ou encore en Haute Mayenne où le GAL joue un rôle important.

Deux territoires en Pays de la Loire ont été labellisés French Impact Territoire : Nantes Métropole et Le Mans Sarthe. Quelles sont les retombées attendues ?

Nous sommes effectivement très heureux, au titre de la CRESS et des collectifs. La CRESS a été présente en back office pour écouter, apporter nos réflexions, contribuer au montage des dossiers et réfléchir aux questions des écosystèmes. Cette dynamique nous a même décidés à mettre en place un programme d’action régional en faveur du développement de l’innovation, pour lequel nous sommes en train de négocier auprès de la Région.   Cela a permis de s’organiser, de se structurer et, en fonction de ce qui se fait sur ces deux territoires, l’idée est d’entraîner les autres territoires. Sur la Vendée, la Mayenne et le Maine-et-Loire, il y a une volonté d’installer des dispositifs d’idéation, de pré-incubation, d’incubation, d’essaimage, etc.   Le French Impact apporte également de la reconnaissance, de la mise en visibilité. Mais au-delà, nous restons en attente du déploiement des mesures annoncées. En fonction de la manière dont ce sera fait, la démarche autour de la mesure de l’impact sera intéressante : si on sait mieux qualifier ce qu’apporte l’ESS sur un territoire et ce qu’elle évite, on aura fait un grand pas.

L’ESS en Pays de la Loire parvient-elle à rayonner en dehors des pôles urbains ?

En Pays de la Loire, 80% des communes compte au moins une structure de l’ESS (58% au niveau national).   Dans le cadre d’un projet autour de l’Économie de proximité, développé par le conseil régional, cela fait trois ans que la CRESS travaille avec les trois autres Chambres consulaires. Ce partenariat a permis le développement de projets de territoires dont une grande partie sont portées par des acteurs de l’ESS.   Nous continuons dans le cadre d’un partenariat avec la Région et Bpifrance, « Entreprendre dans les territoires », et nous avons monté un consortium avec les Chambres consulaires avec pour chef de file la Chambre des Métiers. Nous nous sommes aperçus que chacun avait des bouts de compétences et la légitimité pour accompagner la création, la reprise, le développement de projets dans les territoires et les zones rurales et que nous avions intérêt à mailler nos compétences, nos expertises. Sur un projet de brasserie artisanale bio, la CRESS n’est pas en capacité d’accompagner un projet sur toute la partie agricole par exemple, on a besoin de la Chambre régionale d’Agriculture pour cela. C’est un quartet gagnant pour les porteurs de projets. Nous travaillons également de cette manière sur la Silver économie avec le Gérontopôle PDL et la Chambre du Commerce et de l'Industrie.   Autre exemple, nous venons de monter un collectif « CAP Tiers-lieux » destiné à accompagner le développement de tiers lieux en Pays de la Loire. Récemment environ 150 acteurs d’horizons divers se sont rassemblés à Nantes : porteurs de projets, acteurs de l’accompagnement et du financement et collectivités territoriales. Après un travail de cartographie, nous avons constaté une très forte demande d’accompagnement sur la gouvernance, l’identification des lieux, le modèle économique… Les collectivités sont très mobilisées sur le sujet, car il y a de forts enjeux de mobilité, de réduction de l’empreinte carbone, mais aussi de revitalisation en termes de lieux de services et de lien social pour les territoires ruraux.  

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