Interview
Lauréats FSE

Évaluer la qualité relationnelle des écolieux

Publié le 09 juin 2022 - Mise à jour le 13 juin 2022
Lauréat de l’appel à projets FSE 2020 « Impact social » de l’Avise, le Campus de la Transition a développé une méthode d'évaluation du bien-vivre dans les écolieux. Retour sur les objectifs et enjeux de cette démarche avec Fanny Argoud, coordinatrice du projet.

Quels sont les objectifs de la démarche d'évaluation? 

Le Campus de la Transition est un écolieu créé en 2018, dédié à la promotion d’une transition écologique et sociale. Pour cela, il abrite un laboratoire de recherche et un lieu de vie. Situé au Domaine de Forges, le Campus propose également des formations aux grands enjeux de la transition écologique pour les entreprises et les institutions.

Les écolieux sont des endroits dont la vocation première est d’expérimenter des modes de vie sobres et solidaires au service de la préservation du vivant. Ils sont en majorité habités, de manière collective, comme le Campus de la Transition. Leur organisation s’articule autour du développement d’un mode de vie durable, favorisant la transition écologique (dont alimentaire, énergétique, etc.) et le vivre-ensemble.

À partir du constat d’un manque de connaissances et d’outillage sur la mesure de l’impact social et relationnel des éco lieux (au-delà des recherches existantes sur leur impact environnemental, notamment sur l’empreinte carbone de leurs habitants (Carbone 4 et Le Mouvement des Colibris)), l’objectif de la démarche du Campus de la Transition est de pouvoir qualifier les impacts sociaux de ce type de lieu notamment sur la dimension relationnelle, à soi, aux autres, à la société et à l’environnement. En pratique, l’objectif est de pouvoir potentiellement créer un outil utilisable par le Campus et par d'autres acteurs : les écolieux pour valoriser leur activité en externe et piloter leur lieu en interne, les pouvoirs publics pour évaluer l'utilité sociale de certaines organisations, les financeurs pour faire des choix d'investissement qui soient pertinents à l'échelle territoriale, etc.

En quoi consiste-t-elle?

La démarche développée dans le cadre du projet consiste à évaluer la qualité relationnelle dans les écolieux, avec une approche mixte qualitative et quantitative. La méthode s’appuie sur un indicateur de capacité relationnelle (RCI) développé par Cécile Renouard et Gaël Giraud pour mesurer l’impact social de projets de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) menés par des multinationales dans les pays en développement. Cet indicateur se base sur l’approche des capabilities (capacités ou « capabilités » en français), courant de recherche développé par Amartya Sen et Martha Nussbaum. La notion de capabilités est définie comme les possibilités d’être et de faire des personnes, en fonction du contexte dans lequel elles se trouvent et de leurs besoins. 

Quelles ont été les étapes de la démarche, et où en êtes-vous dans le projet actuellement ?

Au niveau interne de l’organisation, le financement FSE a permis de recruter une salariée dédiée au projet. La démarche d’évaluation s’est conduite en plusieurs temps :  réalisation d’une analyse et exploitation des travaux académiques existants (cités ci-dessus), puis adaptation de l’indicateur RCI à son contexte pour évaluer la capacité relationnelle des éco-lieux.

Suite à ce travail méthodologique, des enquêtes qualitatives d’expérimentation ont été mises en œuvre auprès des 4 écolieux (le Campus de la Transition, l'Écohameau du Plessis - Centre Amma, Mascobado et le Château Partagé) sur lesquels portait initialement la démarche. Le financement FSE ayant également permis d’élargir la démarche à 10 écolieux, une enquête quantitative auprès de ces lieux a complété le travail de collecte de données. L’éloignement géographique de l’ensemble des personnes interrogées ainsi que le temps d’administration des enquêtes a complexifié la démarche. 

Ce travail d’enquête a abouti sur la stabilisation d’un indicateur portant sur 5 dimensions de la qualité relationnelle, à savoir la relation à soi, les relations à l’intérieur de l’écolieu, les relations à l’extérieur de l’éco lieu, la relation de l’éco lieu à la société et à son environnement.

Quelles sont les prochaines étapes? 

Plusieurs étapes à court et moyen terme sont à venir : la rédaction d’un livrable (et d’une synthèse) par écolieu, la création d’infographies pour rendre plus lisible la mesure de la qualité relationnelle, et la présentation des résultats au grand public lors d’un événement de restitution des résultats, qui aura lieu aux prochaines portes ouvertes du Campus de la Transition en octobre.

Le Campus de la Transition prévoit également de publier des ressources académiques en sciences de gestion et de participer à une conférence scientifique organisée par l’ADEME et la Coopérative Oasis, partenaires du projet. 

L’objectif de plus long terme serait un travail portant sur la dimension territoriale des écolieux afin d’intégrer ces éléments à l’indicateur. En effet, cette dimension territoriale est essentielle pour le Campus de la Transition mais plus complexe à appréhender et qualifier. 

Le Campus de la Transition se pose également la question de la diffusion et l’appropriation de la démarche par d’autres écolieux. Effectivement, la démarche concerne uniquement des écolieux membre de la Coopérative Oasis. Le Campus de la Transition souhaiterait ainsi engager des réflexions autour de cette question d’essaimage de la démarche et de l’indicateur produit. 

>> Pour en savoir plus, consultez le site internet du Campus de la Transition 

Thématiques

Évaluation de l'impact social
Habitat Transition écologique

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