Décryptage
Nouvelle-Aquitaine

La Région mise sur les circuits courts

Publié le 20 décembre 2018 - Mise à jour le 14 mai 2021
La Région Nouvelle-Aquitaine vient de se doter d’une feuille de route pour une alimentation durable et locale jusqu’en 2020. Une politique ambitieuse et cohérente mais encore peu connue des acteurs de l’Économie sociale et solidaire pourtant largement investis dans les circuits courts et la production bio.

Feuille de route pour une alimentation durable et locale

Le saviez-vous ? Avec 76 500 exploitations et 12 milliards d'euros de production, la Nouvelle-Aquitaine est la première région agricole et agro-alimentaire de France en termes de valeur et d'emploi. La vitalité du secteur est donc un enjeu central pour le développement économique local dont la collectivité a la responsabilité.

« Le monde agricole a longtemps été coupé du reste de la population », explique Geneviève Barat, Vice-présidente de la Région, en charge de la ruralité, du vivre-ensemble, de la vie associative et de la citoyenneté. « Aujourd'hui, les citoyens consommateurs interpellent les agriculteurs sur des questions majeures de société comme les pesticides, la production de CO² ou le bien-être animal… Or, beaucoup d’acteurs proposent déjà des réponses », indique-t-elle. En 20 ans, sur la région, l'agriculture biologique s'est par exemple fortement développée, puisqu’elle a conquis 5.8 % de la surface agricole utile de la grande région.

« Mais il faut aller plus loin. Notre politique ne peut plus seulement consister à améliorer la compétitivité du secteur. Notre ambition est d’accompagner les acteurs dans un lien nouveau avec les consommateurs qui favorisera l'accès à une alimentation saine et sûre », poursuit la Vice-présidente.

Relocaliser l’économie alimentaire

C’est un des enjeux de la feuille de route régionale Agriculture, alimentation et territoires pour une alimentation durable et locale en Nouvelle-Aquitaine. « Votée par la Région en octobre 2018, cette démarche vise à consolider les actions de l’Etat et de la Région pour relocaliser l’économie alimentaire et permettre aux agriculteurs de créer de la valeur avec leurs productions », explique Madame Barat.

La feuille de route décline des objectifs stratégiques et opérationnels structurés en quatre axes : favoriser les circuits de proximité et la vente directe pour les agriculteurs, faciliter les initiatives des territoires développant des circuits alimentaires locaux, structurer l’offre et organiser les filières pour répondre aux demandes des marchés régionaux et enfin développer les approches transversales entre filières, outils de production et circuits de distribution.

Ce document stratégique de mise en cohérence de l’action publique conjointe de la Région et de l’Etat sur des champs largement investis par l’Économie sociale et solidaire (ESS) n’évoque quasiment pas le secteur. Et pour l'heure, il semble qu'aucune instance régionale représentative de l’ESS n’ait été officiellement consultée. « L'ESS infuse partout, indique Madame Barat. Historiquement, l’économie agricole est ancrée dans la coopération et les outils coopératifs sont la base de la solidarité paysanne », rappelle-t-elle. « On trouve parmi les organisations de producteurs des sociétés coopératives et participatives (SCOP) agricoles, des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) et même des associations régies par la loi du 1er juillet 1901 », continue la Vice-présidente, elle-même agricultrice, qui ajoute : « Au titre de leurs activités, les têtes de réseaux agricoles composés de coopératives et d'associations sont associées au comité de pilotage. »

Plusieurs structures interrogées, associations et coopératives agissant sur les secteurs du bio, de la lutte contre le gaspillage alimentaire et les circuits courts n’ont, pour l’heure, pas encore entendu parler de cette feuille de route. C’est le cas de Jean-Christophe Mado, co-fondateur et directeur de Loc’Halle Bio, une SCIC qui réunit des producteurs de fruits et légumes bio de la région bordelaise, pour proposer aux commerçants et restaurateurs de l’agglomération une offre maraîchère locale et de grande qualité.

Un enjeu de transparence

« Loc’Halle Bio rassemble une grande diversité d’interlocuteurs avec un enjeu majeur autour de la transparence du coût de la production qui génère des marges, explique Jean-Christophe. Les statuts de la SCIC s’adaptent bien à cette exigence de clarté dans le contexte pluri-acteurs et local qui est le nôtre », poursuit-il.

S’il ignorait l’existence de la feuille de route, il se reconnaît bien dans son contenu. « Les objectifs de création de valeur au bénéfice des agriculteurs, de développement des approvisionnements en produits locaux de qualité dans les différents marchés régionaux et la relocalisation de l’économie alimentaire dans une approche territoriale sont au cœur de notre action. C’est en tout cas ce que j’ai défendu lors des réunions du conseil consultatif de gouvernance alimentaire durable de Bordeaux Métropole ».

Renseignements pris, les deux démarches régionale et métropolitaine ne sont pas encore liées. La réorganisation des services au niveau de la grande région Nouvelle-Aquitaine et l’enjeu supra-régional de mise en cohérence des politiques locales avec celles du national expliquent peut-être ce retard de communication à l’égard des acteurs de terrain de l’ESS. Ils sont pourtant largement opérateurs en même temps que bénéficiaires de cette politique ambitieuse. « Le document a été élaboré au niveau régional et il a vocation à rencontrer les acteurs locaux de toutes formes juridiques dans un second temps. Le prochain appel à projet et la mise en œuvre du premier axe de la feuille de route donnera lieu à une large communication », explique Madame Barat pour la Région.

 

Sébastien Poulet-Goffard

Thématiques

Alimentation & agriculture durables
Région

Abonnez-vous à notre newsletter

Et tenez-vous informé.e.s des actualités de l’Avise et/ou de ses programmes

Sélectionnez la newsletter de votre choix