Interview
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Laines Paysannes, la création d’une petite filière laine en Ariège

Publié le 06 janvier 2020
Entre plaines et montagnes des Pyrénées, la Scic Laines Paysannes est née d’une rencontre entre Paul, éleveur de brebis et Olivia, tisserande et lainière. Olivia sélectionne la matière en amont et met au point les modèles adaptés aux différentes qualités. Le lavage de la laine s’effectue à Niaux ou Saugues en Haute-Loire. Retour à Dreuilhe en Ariège pour la filature et, enfin, direction le Tarn pour le tricotage.

Pourquoi cette envie de restructurer une filière laine en Ariège ?

Olivia Bertrand, fondatrice de Laines Paysannes : Paul et moi sommes partis d’un constat très local, très artisanal et très pragmatique : sur le territoire ariégeois, la laine est une matière non valorisée alors même qu’elle est renouvelable, biodégradable et produite chaque année ! Pour toutes ces raisons, il nous semblait intéressant de la valoriser.

Quand j’ai rencontré Paul, nous avions déjà pas mal d’expérience dans le métier de la laine. Paul, éleveur, était désireux de valoriser la laine de son troupeau. De mon côté, je suis tisserande de formation. Nous avons démarré dans l’improvisation totale, sans enjeu économique au départ. Nous ne pensions pas que ce serait compliqué !

Que signifie pour vous cette approche filière ?

Pour nous, l’approche filière c’est être en contact avec tous les intervenants et s’assurer d’une traçabilité totale. Ensemble, nous travaillons avec des éleveurs, tondeurs, filateurs, tricoteurs, tisserands, artisans lainiers et tanneurs. L’interconnaissance entre toutes ces personnes est essentielle, tout comme la reconnaissance du savoir-faire de chacun.  Par exemple, elles sont toutes valorisées sur le site internet de Laines Paysannes.

Toutes les étapes - de la tonte au tricotage - se situent à moins de 350 kilomètres de notre coopérative. La dimension locale est au cœur du projet.

Forte concurrence avec les fibres artificielles, manque de compétitivité… Comment rendre une activité délaissée de nouveau viable dans un tel contexte ?

Ce sont surtout les grandes entreprises qui se sont écroulées. Nous, notre activité est toute petite. Pour pérenniser la démarche, nous essayons de bien communiquer, de recouper différents milieux ou encore d’avoir un pied à Paris pour consolider nos ventes. Le rôle de pédagogie est essentiel sur la vente directe. Il faut convaincre de la douceur de nos produits, expliquer leur prix, etc.

Mais on souffre encore de grosses fragilités ! L’activité connaît une forte saisonnalité donc nous avons des trous dans la trésorerie, il nous faut de la place pour stocker, etc.

Laines Paysannes fonctionne sur un mode de gestion collectif minimaliste. Notre Scic se compose de trois collèges : les salariés – les cinq salariés sont aujourd’hui sociétaires -, les producteurs et éleveurs et les volontaires, comme des bénévoles, des woofeurs, etc.

Avez-vous identifié une clé essentielle à la réussite de votre projet ?

Le réseau ! On a réalisé que nous n’étions pas seuls. L’association Atelier Laines d’Europe met en réseau plusieurs acteurs autour de la laine et dispose d’une charte et d’un vrai parti pris dans les pratiques : traçabilité, transparence… Depuis, à mon tour, j’en suis administratrice et j’aide les nouveaux porteurs de projet.

La filière laine recommence à être connu. Des structures, comme Ardelaine, mènent un vrai travail de pédagogie auprès du grand public et partagent leurs retours d’expérience.

Comment les collectivités locales ont-elles soutenu Laines Paysannes ?

Nous avons été très soutenus par les collectivités locales au démarrage. Nous avons bénéficié d’un financement et d’un accompagnement par la région Occitanie. Nous déplorons néanmoins que les collectivités manquent parfois de souplesse pour soutenir des projets atypiques. 

Pauline Bian-Gazeau, journaliste indépendante

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