Décryptage
Dispositif local d'accompagnement (DLA)

Le DLA accompagne les transitions de gouvernance des structures de l’ESS

Publié le 14 janvier 2020 - Mise à jour le 08 février 2021
Face à des enjeux transversaux comme celui de la gouvernance, les structures de l’ESS peuvent solliciter le Dispositif local d'accompagnement (DLA) pour les aider à passer le cap dans les périodes de transitions tout en protégeant l'essence de leur projet. Anne Peterschmitt témoigne de l’expérience de sa structure, Initiative Emploi, qui a été accompagnée sur les questions de gouvernance, par la structure porteuse du DLA en Hauts-de-Seine, Hauts-de-Seine Initiative. 

Le DLA accompagne les transitions de gouvernance

Le DLA est un dispositif public qui permet aux associations employeuses, structures d’insertion par l’activité économique et autres entreprises d’utilité sociale, de bénéficier d’accompagnements sur-mesure afin de développer leurs activités, de se consolider, de créer ou pérenniser des emplois mais aussi afin de repenser et faire évoluer la gouvernance de la structure. 

En 1987, naissait Initiative Emploi dans la mouvance des associations intermédiaires. Son but ? Accompagner les personnes éloignées du marché du travail via des emplois « tremplin ». La première activité créée, Capelia, met alors du personnel à disposition, pour les professionnels et les particuliers. En 2007, deux événements viennent bouleverser la vie de l’association. Le premier, interne, est la réinterrogation du projet associatif car la structure observe alors qu’au lieu de bénéficier d’emplois « tremplin », les personnes employées à Capelia enchaînaient les CDD. L’objectif de conduire les personnes vers un emploi durable est donc réaffirmé. Le deuxième est externe : en 2007, la loi Borloo est votée et ouvre à la concurrence le secteur des services à la personne. Le département Hauts-de-Seine voit alors se créer de nombreuses entreprises dans le secteur : rapidement le nombre de structures inscrites dans ce secteur passe ainsi d'une trentaine à six cents environ.

L'évolution des activités impulse un questionnement de la gouvernance

Face à ces deux événements, l’association décide de faire un tour de France des initiatives en quête d’une activité créatrice d’emplois non délocalisables et accessibles à des personnes sans emploi et peu qualifiées. C’est lors d’une journée autour du développement durable organisée par COORACE Ile-de-France qu’Anne Peterschmitt découvre Lavéo, une entreprise grenobloise, spécialiste du nettoyage écologique et sans eau. Fin 2011, Initiative Emploi ouvre une entreprise d’insertion, Lavéo Hauts-de-Seine, notamment grâce au fort soutien du département 92, de l’État et de France Active. Rapidement, Lavéo Hauts-de-Seine intervient sur différents sites de l’entreprise Orange, notamment pour nettoyer les véhicules des salariés pendant leur temps de travail, et élargit ses services aux salariés d’Orange via la création d’une conciergerie. Ainsi, sous l’impulsion d’Orange Gardens, Initiative Emploi devient, en 2016, la première structure affiliée au réseau de la Conciergerie Solidaire.

Dans cette transition, Initiative Emploi passe donc d’une seule activité à trois et se structure en un Groupement d’Entreprises Solidaire (GES), portant deux conventionnements : atelier d’insertion et entreprise d’insertion. Ces changements structurels font apparaître des problématiques de gouvernance, conduisant Initiative Emploi a solliciter un premier accompagnement DLA auprès Hauts-de-Seine Initiative, en 2017, dans le but de structurer ses nouvelles activités. En 2018, un second DLA est entamé sur la gouvernance après avoir fait les trois constats suivants. D’une part, le conseil d’administration (CA) est de plus en plus resserré et vieillissant subissant une érosion naturelle. D’autre part, la professionnalisation de l’activité a transformé la nature du bénévolat au sein de l’association. Enfin, la présidence a du mal à se renouveler ne respectant pas les statuts qui limitent l’occupation de la fonction à deux mandatures. 

Redéfinir les missions et modes d'action de la gouvernance

Le DLA se concentre alors sur la redéfinition des missions du CA et la méthode de recrutement des nouveaux administrateurs. Face à l’érosion du CA, la structure nécessite d’une part de coopter et former de nouveaux membres et d’autre part de réaffirmer la place et l’importance de tous les membres bénévoles. Pour l’aider dans ces deux chantiers, cinq séances de travail sont organisées entre décembre et avril 2019. Un prestataire, Cap Projet, est sollicité pour une mission de quatre jours et diverses résolutions sont adoptées donnant lieu à une feuille de route sur trois ans. A moyen terme, le but est d’élargir le CA et de renouveler la présidence. Des actions concrètes sont mises en place comme la cooptation de nouvelles personnes avec pour objectifs d’intégrer au sein du CA de nouveaux administrateurs plus jeunes, en activités, et appartenant à d’autres réseaux… Cette cooptation est alors un succès et le CA passe de 10 à 16 membres. 

Les temps de dialogues sont également redéfinis : le CA se retrouve quatre fois par an ; des groupes de travail (administrateurs et salariés confondus) nourrissent la vie associative sur des sujets tels que la qualité, la communication, la gouvernance, etc - les salariés étant ainsi d’avantage impliqués dans la gouvernance ; les leviers de motivation et de mobilisation des membres bénévoles sont aussi repensés, passant notamment par une implication concrète et une ambiance chaleureuse au sein des instantes formelles et informelles. 

Mobiliser les parties prenantes autour de la gouvernance

Selon Anne Peterschmitt, cet accompagnement DLA a ainsi permis une réelle mobilisation des parties prenantes autour de la gouvernance et surtout une redéfinition des rôles : « Chacun a pu trouver sa place en accord avec sa volonté d'investissement. » L’association a pu par exemple définir plusieurs rôles et niveaux d’engagement : bénévoles d’influence, bénévoles administrateurs et bénévoles d’actions. Les administrateurs et les bénévoles ont eu le sentiment que leur valeur ajoutée avait été reconnue, mise en avant, et ont pris conscience de l’importance de leur rôle. Les nouveaux formats de mobilisation et l’arrivée de nouvelles personnes « ont donné un second souffle à la vie de la structure et insuflent à tous l’envie de s’y investir » : séminaires, temps festifs…. Des sujets plus transversaux ont également pu être mis sur la table : la parité homme-femme dans les instances de gouvernance ou encore une meilleure représentativité territoriale.

Le DLA continue d’accompagner Initiative Emploi avec des rendez-vous trimestriels pour faire le point : « Ça nous pousse à avancer sur notre feuille de route et à rester mobilisés », témoigne Anne Peterschmitt.

L’Avise et le DLA

Depuis 2002, l'Avise est coordinateur national du DLA et réalise 3 missions clés :

  • Animer le réseau de 127 structures porteuses présentes sur tous les départements et régions françaises ;
  • Créer de l’outillage et des formations afin d’accompagner les chargé.e.s de mission du DLA dans la réalisation de leur accompagnement auprès des structures ;
  • Mesurer l’impact global du dispositif

Enfin, au cœur d’un dispositif qui accompagne chaque année 6000 structures de l’ESS qui se confrontent aux réalités et enjeux du secteur, l’Avise met en avant des histoires inspirantes d’accompagnement pour valoriser les réussites de l’ESS sur les territoires.

>> Pour plus d’informations sur le DLA, consultez www.info-dla.fr

 

Thématiques

Accompagnement des entreprises de l'ESS
Gouvernance et statuts Insertion par l'activité économique

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