Interview
Hélène Bancelin, directrice du Pôle Territorial Coeur Entre-deux-Mers

Le Pôle Territorial du Cœur Entre-deux-Mers s’engage sur l’ESS

Publié le 17 décembre 2019
Arrivant à échéance de son projet de territoire Ambition 2020 qui comportait un objectif dédié au développement de l’ESS, le Pôle Territorial du Cœur Entre-deux-Mers (PETR) a engagé l’élaboration du futur projet Ambition 2030. L’occasion de revenir sur les actions menées en matière d’ESS avec sa directrice, Hélène Bancelin.

De quelle manière le Pôle Territorial intègre-t-il l’économie sociale et solidaire (ESS) à son projet de territoire ?

Depuis le projet de territoire de 2008, nous travaillions avec les acteurs de l’ESS sans le mentionner spécifiquement. Nous avons commencé à travailler sur le volet ESS en tant que tel pour la première fois avec le projet de territoire Ambition 2020, qui y dédiait un objectif spécifique intitulé « Le Jardin solidaire », pour encourager les mutualisations des acteurs économiques.   Nous avons fait le choix d’effectuer un diagnostic de territoire à partir d’enquêtes et de travaux en atelier avec des acteurs volontaires de l’ESS sur l’élaboration d’un plan d’action. L’un des principaux besoins ayant émergés est celui de mettre en place un collectif d’acteurs de l’ESS, afin de mutualiser du personnel, mais aussi mieux communiquer sur ce qu’est l’ESS. Sur le territoire, cela représente environ 9% des emplois, c’est donc une force de frappe mais qui reste trop peu connue.   En cours d’élaboration du projet de territoire Ambition 2030, l’ESS n’apparaît plus comme un objectif à part entière, mais a été intégré dans un objectif plus large en matière de développement économique.

Quelles actions ont été menées par le PETR sur l’ESS ?

A partir du plan d’action, nous avons accompagné la structuration d’un collectif, le collectif Temeissa. Structuré en association en 2017, il regroupe 8 structures de l’ESS du territoire et a mis en place un premier forum en 2017-2018 afin de présenter les actions des membres. Si nous lui avons apporté un appui technique, il nous semblait nécessaire et indispensable que le collectif se dote d’une animation propre. Néanmoins, cette animation repose aujourd’hui sur du bénévolat, ce qui limite en grande partie les possibilités d’action.   Afin d’appuyer la mobilisation de financements sur l’ESS, qui avait émergé comme un besoin, nous avons intégré la nécessité d’accompagner les acteurs de l’ESS à l’intérieur de nos contrats financiers avec la Région et au sein du programme LEADER. Sur ce sujet, nous avons également mis en place une convention de partenariat avec Aquitain Active : nous leur redirigions des projets, nous échangions avec eux sur les projets, etc.

Des actions spécifiques sont-elles menées pour accompagner l’émergence de projets ?

Oui, nous avons mené plusieurs actions en la matière :
  • Une convention de partenariat avec Aquitaine Active pour renforcer l’appui local aux porteurs de projets
  • Un partenariat avec la Fabrique à initiatives portée par ATIS, qu’on sollicitait lorsque nous identifions des idées de projets à développer. La Fabrique à initiatives ainsi travaillé sur un projet de recyclerie et a permis la création de la première recyclerie du territoire, Rizibizi recyclerie.
  • Nous avons formalisé un incubateur plutôt dédié aux réseaux d’acteurs économiques de l’ESS et accompagné des collectifs ou clubs d’entreprises. On a par exemple appuyé un club d’entreprises pour restructurer sa charte et son plan d’action.
  • En lien avec la Coopérative des tiers-lieux, nous accompagnons les porteurs de projets de tiers-lieux. Un appel à projets régional permet de soutenir leur création, et nous appuyons le passage de l’idée au projet et la recherche de co-financements.

Quelles coopérations menez-vous avec la Région, fortement impliquée sur le sujet de l’ESS et de l’innovation sociale ?

La Région Nouvelle-Aquitaine a un service d’aide à l’amorçage de projets. Nous travaillons en lien avec ses services pour permettre l’émergence de projets d’ESS : nous transmettons nos avis techniques sur les projets qui concernent notre territoire, et redirigeons des projets vers la Région quand nous ne pouvons pas les soutenir.

Comment est structurée l’équipe d’appui du Pôle Territorial sur les questions de l’ESS ?

Nous avons une chargée de mission dédiée à l’incubateur et l’aide à l’émergence de tiers-lieux, un animateur du programme LEADER qui accompagne les projets sous le prisme de la recherche de financement, et en complément une conseillère en entreprise qui peut intervenir lorsqu’il y a des besoins sur les questions de modèle économique par exemple.   Cet appui est réalisé en collaboration avec les intercommunalités du territoire : en effet, sur les cinq communautés de communes qui le composent, il n’y a que deux chargés de mission Développement économique, qui ne sont pas forcément dédiés à l’ESS. L’une des difficultés du prisme ESS est d’ailleurs sa transversalité, tout comme le développement durable : les projets sont soutenus sous un prisme autre que celui de l’ESS, par exemple le prisme social pour une régie de territoire, ou le prisme du tourisme pour une association de développement touristique.

Pouvez-vous citer des exemples de projets d’ESS soutenus sur le territoire ?

J’ai précédemment cité deux exemples, le collectif associatif Temeissa labellisé au niveau départemental pour sa démarche innovante et la Rizibizi recyclerie impulsée par la Fabrique à initiatives d’ATIS. Nous avons également une Régie de territoire (voir l’article dédié) portée par l’association R.E.V depuis environ deux ans. On retrouve également plusieurs projets de tiers-lieux : Le Splendide co-working ou le projet en émergence Entre-deux-mondes, un lieu hybride de vente et restauration.   Le projet de tiers-lieu figure en effet parmi les 12 projets d’avenir d’Ambition 2030, comme le mentionne le journal édité par le Pôle Territorial du 26 novembre 2019 : « soutenu par le Pôle territorial, le collectif Entre-deux-Mondes, créé en 2018, réunit des citoyens du territoire autour d’un projet commun de tiers-lieu à Créon. Le but : encourager la rencontre et l’échange autour d’un café et de débats thématiques, favoriser la solidarité et développer une agriculture de qualité avec les producteurs locaux. Début septembre, le bar-restaurant associatif a ouvert ses portes. Le lieu devrait bientôt accueillir une épicerie de produits bio et locaux ainsi qu’un espace de travail partagé à l’étage. »   >> En savoir plus
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