Interview
PTCE

Le Transfert de savoir-faire : l'expérience du PTCE Le LEVIER

Publié le 04 janvier 2023 - Mise à jour le 31 janvier 2024
Dans le cadre de la dynamique de relance des Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) lancée par l'Etat et afin d’appuyer le développement des PTCE émergents et existants, l’Avise opère un dispositif de Transfert de savoir-faire entre PTCE.
Retour sur l'expérience du PTCE émergent Le LEVIER (pour un territoire solidaire et durable), animé par Kèpos sur le Sud Meurthe-et-Moselle, auprès du Clus'Ter Jura, PTCE Compagnon sur le territoire lédonien.

Pourquoi avoir mobilisé un Transfert de savoir-faire (TSF) ?

Emmanuel Paul, coordinateur du PTCE Le LEVIER : La SCIC Kèpos existe depuis 3 ans et demi et ce PTCE, qui travaille la structuration des filières locales de réemploi et le développement de coopérations au service de la promotion de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) auprès des acteurs économiques locaux, a émergé en 2021. Le dispositif du TSF nous a semblé être une bonne opportunité pour découvrir de nouvelles pratiques, en particulier auprès d'acteurs experimentés comme le Clus'Ter Jura, des PTCE "défricheurs" en quelque sorte. On souhaitait aborder avec eux des problématiques stratégiques qui se posaient notamment suite à la réception du financement attribué aux lauréats de l'AMI national, à savoir des questions de structuration financière, d'accès aux financements, de portage politique, de pilotage opérationnel, etc. Nous souhaitions des éléments de comparaison. 

Lucie Coulon, Directrice du Clus'Ter Jura : L’intérêt d’accueillir un PTCE ne se limite pas à un simple partage de savoir-faire : c’est une opportunité d’interroger également nos propres pratiques, de confronter les points de vue, et on apprend beaucoup sur les manières de faire du PTCE bénéficiaire. Notamment, le format PTCE interroge sur le modèle économique - il n'y a pas un modèle économique qui ressemble à un autre. Cela nous pousse à nous poser les mêmes questions, dans un contexte de révision de nos axes stratégiques. Cette occasion nous permet aussi de revoir certains acteurs partenaires. Le TSF sert les deux structures, un vrai échange s'opère dans les deux sens à la condition qu'il y ait sufisamment de temps (y compris du temps d'échange informel, pour l'interconnaissance).

Quelles ont été les problématiques travaillées ensemble ? 

Emmanuel Paul : Le programme était très diversifié et la pluralité des éclairages (pair à pair, temps avec l'équipe, temps avec des partenaires ou avec la gouvernance du PTCE) forme un véritable kaléidoscope. Nous avons pu comprendre l'historique du Clus'Ter Jura, parler de modèle économique avec le responsable des affaires financières, de recapitalisation et de stratégie de levée de fonds, rencontrer différents partenaires privés et publics, participer à une réunion d'équipe, etc. Venir sur site nous a permis de nous rendre compte des conditions de travail et de l'environnement du territoire, et de recevoir des outils et bonnes pratiques opérationnelles. Il n'a pas été question de temps descendants, mais de pair à pair très horizontal. C'était très appréciable d'être face à une équipe vraiment prête à partager, y compris les partenaires, les présidents, les fondateurs. Etant donné que nos équipes sont de taille comparable, nous avons également pu échanger sur les questions managériales. Grâce à ce panorama stratégique, en rentrant, dès le soir, nous avions une vision beaucoup plus claire sur tous ces sujets. 

Lucie Coulon : S'il a été assez difficile de les accompagner sur le conventionnement avec les acteurs publics, les réalités de chaque région étant assez différentes, nous avons pu conseiller d'élaborer un plan stratégique détaillant l’offre de service de la structure, avec des indicateurs de développement économique attendus, avant d'entamer la démarche de recapitalisation. Nous avons également recommandé un travail sur la structuration RH avec le recrutement d’un profil de Directeur opérationnel pouvant encadrer et animer l’équipe du PTCE. 
Pour assurer la qualité du TSF, je dirais que le temps de préparation du transfert est vraiment clef (pour comprendre son objectif, bien cadrer et adapter à la demande) et de mobiliser les bons acteurs autour de la table. De même, il ne faut pas hésiter à adapter le jour même selon les besoins. 

Quelle a été la plus-value de cette expérience ? Quels sont les grands enseignements que vous en tirez ?

Emmanuel Paul : L'effet miroir a très bien fonctionné, le TSF est une formule très adaptée, qui repose sur la rencontre individuelle. Grâce à cette immersion, nous avons bien identifié nos forces, nos faiblesses, les enjeux auxquels nous devons faire face. Les questions abordées servent ainsi au fonctionnement de l'ensemble de la SCIC qui anime le PTCE. Nous savons à présent que nous devons trouver un équilibre entre les subventions et les prestations (afin de pouvoir construire davantage avec nos partenaires publics). J'ai également pu mener des réflexions plus personelles sur la délimitation des missions entre un directeur et un président. Enfin, les outils de pilotage ont été très utiles : nous repartons avec des enseignements directs et clairs sur la manière de piloter, de créer des indicateurs, de formaliser des projets et leur suivi. Pour résumer, je dirais surtout que le principal enseignement que je choisis de retenir est le suivant : on peut être ambitieux ! Chacun a son modèle, mais nous ne sommes pas seuls à expérimenter. Cela nous a conforté dans notre démarche de coopération territoriale et nous sommes désormais mieux armés pour la revendiquer auprès des partenaires publics et privés. Nous leur proposons actuellement de prendre ou de renforcer leur part de capital.

Lucie Coulon : Toute l'équipe était très contente d'accueillir le PTCE Le LEVIER et engagée dans le TSF. De notre côté, nous avons pu pousser notre réflexion sur notre modèle économique, basé essentiellement sur des fonds publics et sur le dispositif Fabrique à initiatives. Nous souhaitons également l'équilibrer, en travaillant davantage avec les entreprises. Nous allons pour cela mener un travail de formalisation de ce que l'on peut leur apporter. Une dynamique de réflexion est donc lancée ! Nous allons rester en contact, on l'espère - surtout que nous sommes voisins.

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