Décryptage
DLA

Régionales 2021 : Quels enjeux pour les acteurs de l'accompagnement ?

Publié le 31 mai 2021 - Mise à jour le 23 novembre 2022
Au moment où les exécutifs régionaux vont être renouvelés, quel bilan et quelles perspectives pour les dispositifs locaux d'accompagnement ? Ces quatre témoignages en Bourgogne-Franche-Comté et en Grand-Est soulignent notamment trois enjeux majeurs : tirer les leçons de la crise sanitaire ; professionnaliser davantage les chargés de mission et soutenir l 'ensemble des initiatives citoyennes.
Catherine Zuber, conseillère régionale Grand-Est, déléguée à l’ESS et à la création d’entreprise, et présidente de la commission « Engagement et Citoyenneté »
Coline Lenfant, Chargée de mission DLA Régional Bourgogne-Franche-Comté

Premier enjeu : Nouvelles régions et crise sanitaire, tirer les leçons de la crise

Le dispositif local d'accompagnement (DLA) accompagne chaque année plus de 6 000 structures employeuses de l'ESS - associations employeuses, structures de l’insertion par l’activité économique et autres entreprises d’utilité sociale. Un dispositif incontournable qui évolue et s'adapte, aux structures qu'il accompagne comme au contexte actuel. Aujourd'hui, plus que jamais pilier des structures de l'ESS, et dans un contexte de crise sanitaire, économique et sociale, le DLA se mobilise pour toujours mieux répondre aux besoins et problématiques de ces structures.

La création des nouvelles régions en 2016 avait déjà eu un impact sur le DLA. En région Bourgogne-Franche-Comté par exemple, la nouvelle région a placé le DLA à la Vie associative. Si en Franche-Comté il était déjà un élément central de la politique associative du conseil régional, en Bourgogne, il était plutôt un opérateur parmi d'autres.

« La meilleure manière de favoriser la santé des associations, c'est de soutenir le DLA. »

Témoignage de Yvan Trellu, chargé de mission vie associative à la Région Bourgogne-Franche-Comté : « À travers un partenariat fort avec le DLA, la région peut gagner en proximité, et mieux connaître les acteurs et le territoire. La région Bourgogne-Franche-Comté a notamment augmenté l'enveloppe globale du DLA qui atteint les 252 000 euros, et a reventilé les crédits en fonction du nombre d'associations employeuses. Cela a permis un « partage plus équitable » puisque, avant cette nouvelle ventilation, les DLA bourguignons recevaient indistinctement la même somme. La région est impliquée dans le pilotage, le financement et les comités d'appui. C'est très enrichissant. Cela nous offre une vraie connaissance du terrain, des partenaires et des acteurs locaux. Cela nous permet de repérer les enjeux, les manques et les besoins des associations, et de faire vivre des dispositifs qui ont du sens. Par ailleurs, la crise sanitaire a affecté tous les acteurs du dispositif. Nous nous sommes alors basés sur les liens que nous avions avec le DLA, avons passé du temps au téléphone avec les structures porteuses pour comprendre les difficultés qu'elles constataient, etc. La région a ainsi mis en place un plan de soutien bâti en fonction des remontées du DLA - dispositif qui est en quelque sorte devenu un « Samu associatif ». Dans le futur, le DLA pourrait davantage reconnaître les compétences des chargés de mission et des structures porteuses. Compétences à faire les choses directement, sans nécessairement passer par un prestataire, ou en complément. Davantage miser sur la formation des chargés de mission permettrait de renforcer l'offre de service interne car les chargés de missions sont une vraie richesse sur le territoire et sont au cœur de l'écosystème associatif. Enfin, c'est une plus-value quand ils peuvent partager leur expertise sur tel ou tel secteur (petite enfance, centres sociaux, etc.) pour orienter les plans d'accompagnement. »

Deuxième enjeu : La professionnalisation des chargés de mission

« Professionnaliser davantage les chargés de mission est une bonne chose »

Témoignage de Coline Lenfant, Chargée de mission DLA Régional Bourgogne-Franche-Comté : « Il me semble que le dispositif est encore parfois méconnu par certains acteurs de l'ESS selon les territoires. La refonte du cadre d'action national qui va vers davantage de professionnalisation des chargés de mission est une bonne chose bien qu'elle n'enlève pas les problématiques budgétaires des structures porteuses notamment sur le fonctionnement. Avec la montée en puissance de l'ESS et la mise en avant du DLA durant la crise sanitaire à travers les différents plans de secours, les associations vont sûrement davantage solliciter le dispositif, ce qui va demander des moyens supplémentaires. La multiplicité des acteurs va également être un enjeu pour le DLA. La cohérence et la synchronisation avec les autres acteurs de l'accompagnement sont essentielles et pourraient encore être améliorées. En effet, pour garantir cette cohérence dans l'accompagnement des structures il est nécessaire que tous les acteurs de l'accompagnement et de l'ESS sur un territoire se connaissent et travaillent ensemble. La formation et l'intégration des chargés de mission est une question importante au vu du turn over et des connaissances nécessaires pour maîtriser le métier. Les différences dans les structures porteuses DLA font que les processus d'intégration des chargés de mission sont très inégaux. Des binômes, guide d'accueil ou autres supports mis en place par l'AVISE seraient un plus. »

« Le chargé de mission devient un véritable acteur de l'accompagnement des structures de l'ESS »

Témoignage Camille de Villers, Chargée de mission DLA Régional, CRESS Grand-Est, Antenne de Strasbourg : « Depuis mon arrivée en 2019, j'ai observé un renforcement de la professionnalisation et de la montée en compétences des chargés de mission. En leur fournissant une méthodologie de travail et des outils s’appuyant sur les techniques d’intelligence collective, les deux formations obligatoires (analyse financière et diagnostic partagé) accompagnent l'évolution du métier. Plus qu'un simple intermédiaire, le chargé de mission devient un véritable acteur de l'accompagnement des structures de l'ESS. L'enjeu étant de positionner la structure bénéficiaire dans une dynamique de changement dès le premier contact, construire avec elle un diagnostic et un parcours d’accompagnement adaptés à ses besoins et coordonner ce parcours en mobilisant l’ensemble de l'écosystème d'accompagnement. On assiste ainsi à une valorisation de l'expertise des chargés de missions et c'est positif. En région Grand-Est, nous sommes par ailleurs dans une dynamique de réflexion et d'identification des besoins d’accompagnement liés aux enjeux émergents : la transition écologique, solidaire et numérique, et l'innovation sociale au service des territoires. Au-delà des thématiques « classiques » d’accompagnement, le DLA est aussi perçu comme un dispositif pouvant accompagner largement les structures d’utilité sociale sur ces enjeux transversaux. »

Troisième enjeu : Soutenir les dynamiques citoyennes

Si les outils et les façons d’accompagner ont évolués depuis la création du DLA, son objectif a toujours été le même : soutenir les activités et les emplois sur les territoires. Il s’agit de soutenir des activités d’utilité sociale que ni le marché, ni le service public ne développent : les initiatives économiques citoyennes, qu’elles soient sociales, culturelles, sportives ou écologiques.

« L’innovation sociale des territoires, c’est cela l’ESS de demain ! »

Témoignage de Catherine Zuber, conseillère régionale Grand-Est, déléguée à l’ESS et à la création d’entreprise, et présidente de la commission « Engagement et Citoyenneté » : « Ce dernier mandat fut celui de la fusion de trois anciennes régions, et ce changement d’échelle nous a permis d’ouvrir nos horizons. En effet, cette aventure autour de 10 DLA départementaux et d’un DLA régional a favorisé une communauté de travail, a encouragé la confiance. Cela a aussi stimulé l’intelligence collective et a permis d’échanger des savoirs-faire, de mutualiser des expériences et des accompagnements, d’organiser de larges rencontres inter-DLA, de se comparer et d’évoluer ! Par ailleurs, la crise sanitaire et économique a créé l’opportunité de nouvelles formes de coopération. Elle a permis d’inventer de nouveaux modes de fonctionnement et d’innover dans la façon d’entreprendre. Cette profusion d’initiatives a révélé des capacités d’adaptation. Il nous faut désormais nous en saisir, capitaliser dessus ; et continuer à faire confiance aux acteurs associatifs qu’ils soient salariés ou bénévoles. En effet, il convient d’accompagner les territoires à se réinventer, car l’ESS de demain est au cœur des innovations territoriales : entreprendre localement, consommer local, s’engager dans son quartier, travailler dans son village, etc. L’outil DLA a donc tout intérêt à évoluer pour inciter et soutenir de telles dynamiques, et devenir ainsi une réponse complémentaire à des projets collaboratifs d’utilité sociétale. »

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