Mesures standardisées et évaluations sur-mesure : de quoi parle-t-on ?
1. Standardisation de la mesure d'impact
La standardisation désigne la mise en place et l’utilisation par les financeurs et les structures d'utilité sociale d’une méthodologie préexistante et d’indicateurs de référence, une norme de place devant permettre d’agréger des données concernant l'impact des projets afin d'établir des analyses comparatives. Ces outils standardisés sont particulièrement intéressants pour la valorisation de l’impact et favorisent le dialogue entre parties prenantes mais ils sont finalement difficilement utilisables comme outil de comparaison car l'impact social de chaque projet dépende de son environnement propre.
Quelques exemples d'outils standardisés :
- à l’étranger, la base IRIS du Global Impact investing network (Giin) et l'outil standardisé Impact management project ;
- en France, l’outil Mesis porté notamment par la Banque des Territoires, les comptabilités sociales et environnementales et des référentiels d'indicateurs sectoriels comme Valor'ESS porté par l'UDES ;
- au niveau international, les Objectifs de Développement Durable (ODD) offrent la perspective d’un cadre de référence commun à toutes les organisations (privées, publiques, associatives, etc.)
2. Personnsalisation de la démarche d'évaluation
L'évaluation sur-mesure, ou ad hoc, désigne quant à elle les approches d’évaluation privilégiant l'analyse contextuelle et la prise en compte de la spécificité des projets, avec notamment l’association des parties prenantes tout au long de la démarche. Menée sur un temps long, une démarche personnalisée positionne l’évaluation comme outil au service de la compréhension des effets et impacts d’un projet et plus largement au service de la capacité d’innovation des structures de l’économie sociale et solidaire.
Le projet VISES, projet d’évaluation de l’impact social transfrontalier franco-belge ,soutenu par le programme européen Interreg et associant 69 entreprises expérimentatrices, promeut par exemple une approche personnalisée, à l'échelle territoriale et au sein d'une dynamique collective.
Pour une mixité des approches au service des projets et de leurs parties prenantes
On comprend ainsi la différence entre les deux approches et de leurs finalités : d'un côté la mise à disposition d'indicateurs standards permet à l'ensemble des acteurs (structures, financeurs, pouvoirs publics) de disposer de références de mesure communes, de l'autre, une approche personnalisée est indispensable si l'on veut rendre compte de la complexité d'un projet ou d'un dispositif et en valoriser la spécificité, de surcroit dans le champ social.
Du fait de leurs finalités complémentaires, il est souvent nécessaire de trouver un équilibre entre ces deux approches, ce qui s'avère complexe. Les deux exercices sont parfois menés en parallèle : d’un côté, fournir et utiliser des indicateurs selon une base pré-existante d'indicateurs dans le cadre notamment du dialogue avec ses financeurs, de l’autre engager une démarche d'évaluation associant par exemple un collectif d'associations, de bénéficiaires, d'autres parties prenantes au service de la compréhension et de l’amélioration de l’impact social sur un territoire.
D'une manière générale, il n'est pas souhaitable de recommander une approche plus qu'une autre, le dialogue et la co-construction entre les financeurs et les structures d'utilité sociales concernant les termes de la démarche d'évaluation est aujourd'hui indispensable pour répondre à ces enjeux.
Des ressources pour aller plus loin
L’Impact Management Project, un outil standardisé et consensuel de la mesure d’impact ?, Avise, 2019
Évaluer l'impact social de l'ESS à l'échelle territoriale : la démarche VISES, Avise, 2019
Les Objectifs de Développement Durable, un référentiel d’action et d’évaluation pour les PTCE ?, Avise, 2019
Guide du retour social sur investissement (SROI), Essec, 2011
L’analyse coûts-bénéfices – des initiatives à impact sociétal, Fondation Rexel et (IM)PROVE, 2018
Évaluer l'utilité sociale, Institut Catholique de Paris et UCPA, 2018