Portrait

Le Château en santé

Publié le 30 janvier 2019 - Mise à jour le 05 octobre 2020

Coordonnées

10 impasse Michel Crespin Parc Kalliste 13015 Marseille
Ouvert depuis janvier 2018, Le Château en santé est un centre de santé participatif installé au cœur du Kalliste, dans les quartiers Nord de Marseille. Objectif : adopter une démarche participative pour remettre les patients au cœur de leur santé et leur proposer une prise en charge globale.
Le château en santé

Au départ, un collectif de soignants militants

L’aventure du Château en Santé a commencé avec la mobilisation d’un collectif de soignants marseillais, le « Massilia sante system ». Ces professionnels (médecins, infirmiers, orthophonistes…) rêvent d’un projet de santé idéal. Ils veulent un autre rapport avec leurs patients : prendre le temps de les accueillir et de les comprendre, à contre-pied du système de santé, qui rémunère au nombre d’actes effectués dans la journée, tenir compte de tous les aspects de la santé, sortir du tout-médicament…

Pour dépasser la seule critique et proposer une alternative, le collectif se lance dans une démarche de diagnostic territorial. Parmi les constats : l’insuffisance de l’offre de santé au Kalliste, quartier de 2000 habitants. Seulement, deux médecins généralistes y exercent à mi-temps. 

Après 7 années de travaux préparatoires, le Château en santé ouvre ses portes en janvier 2018. Installé au cœur du quartier de Kalliste, le centre de santé propose des consultations de médecine générale, des entretiens sociaux ou infirmiers, ou encore un suivi orthophonique. Le lieu, qui s’adresse en priorité aux habitants des quartiers de Kalliste, la Granière, la Solidarité, les Bourrely, est aussi un espace de rencontre et d’échanges sur la santé.

Un centre de santé participatif

« Dès la signature du bail, nous avons organisé des journées portes ouvertes dans cette bastide, l’ex Villa Valcorme dont une journée dédiée aux enfants de l’école », explique Christophe, infirmier. Pour l’inauguration du Château en Santé, en avril 2018, l’équipe de soignants a invité les familles à cuisiner sur place et à s’approprier l’espace. « Les gens se sentent chez eux, ça leur appartient ».  

Pour en arriver là, les soignants ont impliqué les habitants du quartier dans la conception et l’ouverture du centre. « Nous avons organisé des focus group, avec des femmes, des ados, quelques personnes âgées… pour leur demander ce qu’est la santé pour eux et comprendre leurs besoins », explique Christophe Roux. « A partir de là, nous avons défini les horaires, choisi le nom et identifié un vrai besoin pour l’orthophonie ».  

En amont de l’installation, l’équipe a aussi rencontré les acteurs de terrain, les PMI (Protection maternelle infantile), les écoles, les centres sociaux et les pharmaciens… toujours pour mieux comprendre les besoins des habitants. Elle participe également aux groupes de travail locaux, notamment le Comité Technique Santé Habitat de Kalliste, qui est animé par les Compagnons Bâtisseurs, ou le groupe Santé habitat dégradé, animé dans le cadre du Contrat de Ville.

Au fur et à mesure des mois, le jeune projet évolue, s’affine en fonction des envies des soignants et des patients. « Dans la salle d’accueil, une boîte à idées est à la disposition de tous. Les professionnels de santé peuvent répondre en direct aux demandes, faire un retour sur ce qui est possible ou non. Nous sommes en train de mettre en place un espace enfants à la demande des habitants », précise Christophe Roux.

Le « projet idéal » de départ fait aussi face à une réalité de terrain : si l’équipe prévoyait l’organisation d’ateliers de groupe, dans l’esprit de la démarche de santé communautaire, les habitants sont surtout demandeurs pour des consultations individuelles. « Mais nous avons commencé à organiser des ateliers sur la parentalité, non tarifés, ou des ateliers destinés aux femmes kurdes sur la gynécologie », explique l’infirmier et cofondateur du lieu. Autre réalité : les patients s’attendent à se voir prescrire des médicaments, là où les soignants aimeraient limiter leur usage.

Original, le Château en Santé l’est aussi par son fonctionnement horizontal et autogéré. Ici, pas de direction ni de responsable mais un collège solidaire. Chaque décision fait l’objet d’échanges et d’une validation en groupe lors d’une réunion hebdomadaire et deux des huit administrateurs sont des salariés. L’équipe a fait le choix de l’équité salariale, avec des écarts de salaire volontairement réduits.

Aujourd’hui l’équipe du Château en santé est composée d’une quinzaine de personnes : 5 à 6 médecins à temps partiel, 2 orthophonistes, 2 infirmières, 2 médiateurs(trices), 2 accueillants, une assistante sociale et un gestionnaire.

Un nécessaire et légitime soutien des institutions

L’équipe de jeunes professionnels de santé a réussi à convaincre Marseille Habitat de mettre la Villa Valcorme, un espace de 320 m², à la disposition de l’association pour un loyer de 500€ par mois.

Si la majorité des actes effectués sont remboursés par la Sécurité sociale et les mutuelles, près de 55% du budget du centre de santé repose aujourd’hui sur des financements publics. Ces financements sont cruciaux pour l’organisation des ateliers et des autres actions non tarifées.

Les soins des professionnels de santé du Château en santé s’inscrivent également dans le dispositif Asalée (Action de Santé Libérale en Equipe), un protocole de coopération entre médecins généralistes et infirmiers. Grâce à protocole, 80% du temps infirmier est financé par la Sécurité sociale, via Asalée.

Thématiques

Santé
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