Vous êtes ici
Uniterres
Des constats croisés
Le programme Uniterres est né au sein d'ANDES, le réseau des épiceries solidaires, de plusieurs constats croisés.
Premier constat : la sous-consommation des fruits, des légumes et des produits frais par les personnes les plus démunies. Au delà des contraintes matérielles, il existe un ensemble de freins d'ordre socioculturels à la consommation de ces produits: manque de savoir-faire culinaire, absence d'habitude de consommation, manque de motivation pour faire les courses, la cuisine, ou pour se mettre à table, absence d'attrait sensoriel des fruits et légumes auxquels on préfère les produits gras et sucrés.
Second constat : l'approvisionnement des épiceries solidaires en produits frais manque de régularité et de diversité. Par ailleurs, les fruits et légumes provenant de la collecte sont souvent en fin de vie et peu attractifs. Véronique Blanchot, fondatrice et responsable du programme Uniterres le déplore : "On associe souvent l'aide alimentaire à la lutte contre le gaspillage. L'aide alimentaire ne peut pas être que la variable d'ajustement de notre société !".
Troisième constat : de nombreux agriculteurs font face à des difficultés économiques et ont besoin de moyens et de temps pour pérenniser leur exploitation. Les structures de développement agricole n'ont pas toujours des réponses à leur apporter.
"Faire de deux faiblesses une force"
L'expérimentation du programme uniterres a démarré en Poitou-Charentes en juin 2012 avec le soutien de l'Etat (DGCS et DRAAF), de l'agence régionale de santé, du conseil régional et général (Vienne), du Grand Poitiers, de la MSA et du Fonds Français Alimentation et Santé. Elle a mobilisé 6 épiceries solidaires et 12 agriculteurs. "Nous avons voulu faire de deux faiblesses, une force", explique Véronique Blanchot.
"Il permet de nourrir 30 000 personnes par an"
Depuis sa naissance en Poitou-Charentes et Aquitaine, le programme uniterres s'est développé en Occitanie (Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon), en Bretagne et dans les Pays de la Loire, "A ce jour, le programme concerne 83 épiceries solidaires, 208 agriculteurs et permet de nourrir 30 000 personnes par an", précise Véronique Blanchot.
Avec une équipe pluridisciplinaire de chercheurs, une évaluation du programme a été réalisée et a permis d'identifier des retombées positives, Uniterres permet :
- d'augmenter l'achat des fruits et des légumes par les publics accueillis."On a même vu des épiceries qui avaient un rayon fruits et légumes relayés à l'arrière du magasin et qui est passé devant", explique la responsable.
- d'améliorer la santé économique et la capacité de résilience des agriculteurs.
- d'assurer l'insertion par l'activité économique d'un public senior. Uniterres compte 20 postes en contrat aidé de chargés de coordination agricole, logistique et technique.
Avant de développer le projet sur de nouveaux territoires, l'objectif actuel est de consolider et pérenniser le modèle. "Le programme n'est plus considéré comme innovant. Il faut trouver un modèle économique, ce qui est complexe", précise Véronique Blanchot. Pour générer des revenus supplémentaires, uniterres a lancé "uniterres-équitable", une activité de livraison de produits frais pour des structures de restauration collective, des centres de formation, des chefs...