Interview
Île-de-France

Sylvie Mariaud, Conseillère régionale déléguée spéciale à l’ESS

Publié le 26 mars 2019 - Mise à jour le 02 avril 2019
Depuis l’annonce de la Stratégie régionale Île-de-France pour l'Économie sociale et solidaire (ESS), par Valérie Pécresse, en octobre 2017, quelles actions ont été menées par la Région ? Quels étaient les enjeux de la Conférence régionale de l’ESS organisée le 11 février 2019 ? Interview de Sylvie Mariaud, Conseillère régionale déléguée spéciale à l’ESS.

Quels étaient les enjeux autour de cette nouvelle Conférence régionale de l’Économie sociale et solidaire ?

Le premier enjeu était de dresser un bilan de la Stratégie de développement économique de l’ESS, annoncée par la Présidente de la Région en octobre 2017, et de le présenter de manière précise et transparente à l’écosystème ESS. Les principales actions menées ont été rappelées : le lancement de l’Accélérateur IDF, celui du Social Business Club ou le développement de l’accès des entreprises de l’ESS aux aides économiques classiques de la Région – les aides UP.

Le deuxième enjeu, maintenant que nous avons mis en place toutes les actions annoncées, était de présenter des actions pour aller encore plus loin, notamment pour favoriser l’accès des entreprises de l’ESS aux marchés publics (directement ou via des regroupements entreprises classiques et entreprises de l’ESS). Dans ce cadre-là, nous avons présenté les nouveaux axes de notre politique d’achats publics responsables. La Région était déjà présente sur ce sujet, avec des outils assez classiques tels que les clauses sociales d’insertion dans l’exécution des marchés. Nous sommes ainsi passés de 80 000 heures d’insertion en 2015 à 110 000 heures d’insertion en 2018 et l’objectif est d’atteindre 130 000 heures en 2019. La Présidente a annoncé un nouvel outil : l’introduction dans la notation des marchés de critères sociaux en plus des critères de prix et de technique. Cela permet de marquer une réelle reconnaissance du fait que l’activité d’insertion apporte une vraie valeur à la société et de montrer que l’acheteur public prend cette création de valeur en compte.

Enfin, le troisième enjeu était bien évidemment de débattre et d’écouter les retours du « terrain », autour de l’avenir de cette politique. Si nous échangeons régulièrement avec chacun, la Conférence est un temps de débat plus collectif.

Les objectifs ont-ils été remplis ? Quels messages clés sont ressortis ?

A mon sens, la Conférence a été un succès puisque nous avons obtenu une affluence record avec plus de 250 personnes présentes.

Autour des messages clés, les échanges ont fait ressortir une demande d’organisation d’un temps dédié aux marchés responsables avec les entreprises franciliennes ESS et hors ESS. Nous avons donc pour axe en 2019 d’organiser une convention avec les fournisseurs de la Région afin d’expliquer l’enjeu des marchés responsables, au-delà de ceux de la Région. Cela peut en effet s’étendre aux marchés de construction ou aux projets d’aménagement de l’Île-de-France, par exemple, et bien sûr aux marchés liés aux constructions en lien avec Paris 2024.

Quels sont justement les premiers retours autour des dispositifs UP, de l’Accélérateur IDF et du Social business club ?

En 2018, plus de 10% des aides UP – Innov’UP, TP’UP et PM’UP – ont été attribuées à des entreprises de l’ESS, sur des montants moyens conséquents, de l’ordre de 160 000€. Pour y parvenir, nous avons réalisé de nombreuses actions : la formation des instructeurs aux spécificités de l’ESS, l’adaptation des règlements, l’ajout de personnalités de l’ESS au sein des jurys d’attribution, etc. On retrouve par exemple parmi les bénéficiaires Simplon.co ou LemonTri.

Au sujet de l’Accélérateur ESS, mis en œuvre par Inco avec HEC Paris et la Fondation Accenture, nous avons encore peu de recul mais les premiers accompagnement semblent se révéler précieux. L’objectif de ce dispositif où la Région intervient en co-financement est d’accélérer les pépites de l’ESS pour les aider à se structurer et à mettre en œuvre leur changement d’échelle. A titre d’exemple, le Réseau de crèches solidaires Agapi ambitionne d’ouvrir 15 nouvelles crèches en plus des 7 déjà en place. Autre exemple : Séquences Clés Production, entreprise adaptée de l’audiovisuel qui compte 14 collaborateurs, souhaite créer 10 nouveaux emplois - soit 75% de croissance en 1 an. Les entreprises accompagnées ont de vrais objectifs de croissance et de changement d’échelle.

Pour finir, le Club Social Business a été lancé en octobre 2018 et est mis en œuvre par REC Innovation, l’Adive et Socialcobizz. Là aussi les résultats sont encourageants : des entreprises franciliennes ayant choisi d’initier une démarche de développement plus inclusif et durable s’engagent sur des collaborations avec les entreprises de l’ESS. L’objectif est de rencontrer des entreprises franciliennes ayant choisi d’initier une démarche de développement plus inclusif et durable, d’analyser leurs problématiques et de leur faire rencontrer des structures de l’ESS pouvant répondre à leurs besoins. Il s’agit de créer des coopérations gagnant-gagnant. Cette action a reçu un très bon accueil des entreprises hors ESS et de l’ESS.

Quels sont les principaux axes de travail de la Région pour l’année 2019 ?

En 2019, l’objectif est de poursuivre la stratégie mise en place depuis octobre 2017, avec ces deux dispositifs et les nouveaux axes autour des achats publics responsables et du développement inclusif. Autour des dispositifs UP, l’idée est d’augmenter de 40% le montant des aides dédiées aux entreprises de l’ESS.

En plus de cela, nous souhaitons aller vers une mobilisation plus fine des bassins d’emploi autour de l’ESS. Nous avons donc accordé une subvention à la CRESS Île-de-France pour qu’elle soit présente dans ces bassins et qu’elle puisse notamment créer des interconnexions entre les entreprises « classiques » et les structures de l’ESS.

Quelles actions sont prévues pour les plus petites organisations associatives, moins concernées par ces dispositifs selon la CRESS IDF ?

Toutes les structures de l’ESS peuvent être accompagnées dans le cadre de cette stratégie de développement économique, y compris les associations. En outre, les associations sont également aidées dans le cadre des politiques régionales thématiques (sport, culture, développement durable, citoyenneté, etc.). Elles bénéficient déjà d’un fort soutien au titre des actions qu’elles réalisent sur ces thématiques, pour l’action qu’elles réalisent et pas au seul motif de leur statut associatif. Il y a la stratégie de développement économique pour les pépites de l’ESS et, à côté, il y a bien évidemment les stratégies sectorielles de la Région pour accompagner les autres. Même si, encore une fois, cela n’empêche pas qu’elles puissent être accompagnées : c’est par exemple le cas de la Réserve des Arts qui bénéficie du soutien de l’Accélérateur IDF ou de MakeSense qui a bénéficié d’une aide UP.

Quel travail de transversalité est mis en place entre les services autour de l’ESS ?

Il y a des règlements d’intervention qui décident quelles dépenses peuvent être faites pour quelles actions. Ces règlements sont thématiques, il y en a un sur l’économie circulaire par exemple avec énormément d’associations. Chaque service instruit ses thématiques et les services se tiennent informés afin de collaborer et d’assurer une continuité de l’appui de la Région. Ainsi, si une structure de l’ESS candidate à PM’UP et que nous savons qu’il existe un règlement d’intervention spécifique (comme par exemple un projet de crèche solidaire, pour lequel il existe un règlement d’intervention Petite enfance), nous renvoyons le projet vers le service concerné qui peut les orienter vers d’autres actions thématiques.

Thématiques

Politiques publiques

Abonnez-vous à notre newsletter

Et tenez-vous informé.e.s des actualités de l’Avise et/ou de ses programmes

Sélectionnez la newsletter de votre choix