Décryptage
Économie sociale et solidaire

Trouver son associé pour entreprendre en collectif

Publié le 05 mai 2021
Dans l’économie sociale et solidaire plus qu’ailleurs, le collectif représente une valeur forte. Entreprendre à plusieurs se révèle souvent être un atout. Mais où et comment trouver la ou les perles rares ? Quelques pistes et conseils d’experts et d’entrepreneurs.

Être clair sur ses motivations

« Un entrepreneur social a besoin d’être entouré pour partager la décision, être dans une gouvernance participative, prévient Sylvain Lepainteur, directeur général de la Conciergerie solidaire et membre du conseil d’orientation stratégique de l’Avise. Il faut arriver à créer du collectif ».

Dans certains cas, cela peut passer par un travail en équipe, mais beaucoup d’entrepreneurs sociaux se tournent également vers le partage des fonctions dirigeantes et cherchent ainsi un associé.

Les motivations à s’associer sont variées.

« J’ai constaté que souvent les personnes recherchaient un associé parce qu’elles se sentent seules dans leur processus entrepreneurial et pas assez capables ou légitimes pour avancer, note Fanny Viry, coordinatrice de la pépinière lyonnaise AncielaLa quête d’associé aura donc pour objectif d’être rassuré, soutenu, étayé par des compétences… c’est quelque chose qui me semble problématique », poursuit-elle. Car l’attente dans le processus se révèle alors très forte.

Parler de son projet pour trouver l’associé qui partage sa vision

En revanche, un associé apporte effectivement « un autre regard, d’autres idées et une émulation qui permet d’aller plus loin », souligne Fanny Viry.

Il est nécessaire de partager sa vision et ses manières de travailler afin que l’association soit une source d’énergie et non de tensions dont la gestion pourrait empêcher d’avancer sur le reste du projet.

La démarche de s’associer doit être réfléchie en amont : définir le projet, la vision, les attentes, pour les partager avec le futur associé est essentiel.

Une fois ces objectifs définis, encore faut-il rencontrer la ou les bonnes personnes. « Il n’existe pas de ressource miracle, prévient Fanny Viry. Cela va passer par le bouche-à-oreille et les réseaux professionnels. Il faut parler de son projet et faire des rencontres. »

Faire partie d’un incubateur ou d’un dispositif d’accompagnement permet souvent, lors des temps informels, de nouer des liens, par exemple. Certaines structures peuvent aussi proposer des évènements de “speed meeting” pour entrepreneurs : en bref, il faut être ouvert à toute opportunité. Et ne pas hésiter à parler de son projet.

>> Pour en savoir plus sur les acteurs et dispositifs de l’accompagnement de projet ESS, consultez la cartographie de l’accompagnement, éditée par l’Avise

Prendre le temps de se rencontrer et de tester la collaboration

« Notre rencontre repose sur un sacré coup de chance ! », confie Camille Marhadour-Savary, présidente et cofondatrice de l’entreprise nantaise Ouivalo. « Avant de fonder notre structure, nous ne nous connaissions pas du tout », précise-t-elle. Aujourd’hui, avec Richard Hugou et Kévin Hamon, elle gère la jeune structure, qui encourage le compostage individuel en ville.

Les trois jeunes entrepreneurs ont fait connaissance un peu par hasard, alors qu’ils bénéficiaient chacun d’un accompagnement par le Pépite de Nantes, dispositif d'accompagnement pour les étudiants-entrepreneurs, sur trois projets distincts, mais déjà autour du compost.

« On s’est rencontrés lors d’évènements et on s’est très vite trouvés. Nous avions compris que nous avions des objectifs en commun dans nos trois projets distincts », se souvient Camille Marhadour-Savary.

Dans un premier temps, ils ont lancé un petit collectif, pour tester ensemble des parties de leurs projets respectifs. « Rapidement, nos projets persos s’effaçaient dans le commun ». Une rencontre qui s’est donc faite progressivement.

Fanny Viry, d’Anciela, confirme l’importance de ne pas se presser : « On recommande de prendre le temps d’échanger, d’agir, de cohabiter. Ne pas s’associer du jour au lendemain ».

Définir son fonctionnement et trouver sa place

Etienne Thouvenot, co-fondateur des Petites Cantines, un réseau de cantines de quartier, a aussi pris son temps avant de s’associer avec Diane Dupré la Tour. Ils se sont rencontrés par l’intermédiaire de la femme du premier, à un moment où tout deux souhaitaient entreprendre. Ils ont d’abord échangé sur leurs envies, sans évoquer l’idée de se lancer ensemble.

Pendant leur participation au Mooc Ticket for Change, l’idée de cantine de quartier a néanmoins émergé comme un projet commun. « Nous avons pris un important temps d’alignement entre nous, pour bien constituer le binôme, voir ce que chacun venait chercher et apportait ».

Car associés complémentaires ou profils similaires, les deux stratégies sont possibles. « Avoir une équipe diversifiée et différente, c’est un vrai atout, estime Camille Marhadour-Savary. On ne va pas, naturellement, se diriger sur les mêmes tâches ».

« Pour moi, le moteur de l’association doit être de regarder dans la même direction, d’avoir la même raison d’être, la même communauté de valeurs, conseille cependant Fanny Viry. Mais il est certain que la complémentarité peut être fertile ».

Quoiqu’il en soit, chaque binôme ou trinôme aura son fonctionnement propre, qu’il devra définir.

« C’est peut-être un peu cliché, mais rencontrer ses associés, au final, c’est un peu comme une rencontre amicale ou un coup de cœur, résume Camille Marhadour-Savary. On tâte d’abord le terrain, on fait des tests, puis on aménage ensemble et si ça marche, on passe au mariage ! ».

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