Décryptage
Mobilité durable

Une préoccupation commune, de l’ADEME aux Régions, des collectivités aux usagers

Publié le 27 juin 2018 - Mise à jour le 14 mai 2021
L’ADEME s’aligne sur les objectifs validés au niveau mondial et lors du Grenelle de l’environnement pour la France  : la neutralité carbone d’ici 2050. La mobilité durable est l’un des outils essentiels pour atteindre ces objectifs et s’envisage par des politiques à tous les niveaux de gouvernance, notamment à l’échelle régionale. Tour d’horizon avec Jérémie Almosni, Chef du Service Transports et Mobilité à l’ADEME, ainsi qu’avec les Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté.

L’importance de l’action régionale

Pour Jérémie Almosni, les enjeux de la mobilité dans le cadre de la transition écologique sont multiples : climatiques, énergétiques, etc. Ils sont aussi fortement présents sur les questions de santé et de qualité de l’air – la plainte déposée contre la France et 5 autres pays par la Commission européenne en mai dernier en est un rappel douloureux.  « Il est vrai qu’à l’aune des annonces faites par le gouvernement, en particulier le plan Climat qui a donné des objectifs très ambitieux avec une neutralité carbone dans le secteur des transports à horizon 2050, avec aussi un point de passage à l’horizon 2040 de fin de vente des véhicules thermiques, il est nécessaire pour les Régions de mettre un coup d’accélérateur. Il y a également une loi d’orientation des mobilités qui va arriver, qui révélera peut-être de nouvelles exigences dans les territoires pour accélérer la transition énergétique dans les transports et l’émergence de nouveaux services de mobilité (covoiturage, vélos en libre-service, etc.). »

Un autre aspect peu évoqué est également central pour lui : la notion d’inclusion sociale. « Il faut défendre la mobilité pour tous et là aussi, l’avoir bien en tête dès le diagnostic initial pour identifier des solutions. » Ces solutions peuvent venir des autorités, mais ont souvent d’autant plus de sens qu’elles auront d’abord émergé des usagers eux-mêmes - citoyens et associations - qui sont les premiers concernés par des pratiques de déplacements collectives, mutualisées et économiques. D’autant que 50 % des trajets domicile-travail font moins de 5 km, selon l’ADEME.

Des plateformes en ligne pour la mobilité durable

Les plateformes de mutualisation des déplacements permettent de multiplier les solutions de transport sans augmenter les émissions de façon exponentielle. Comme le souligne Jérémie Almosni, il ne s’agit pas, quand on parle de mobilité durable, de demander aux usagers de bouger moins, mais de les encourager à bouger autrement. La Région Auvergne-Rhône-Alpes a par exemple lancé la plateforme Mov’ici en janvier 2018, qui compte déjà 100 000 adhérents et reçoit 6 000 nouvelles inscriptions par mois. Annabel André-Laurent, Vice-présidente de la Région, explique cette démarche : « Il s’agit d’un outil qui répond aux standards modernes des applications de covoiturage : géolocalisation en direct des covoiturages disponibles, certification des trajets… et sans commissions.  Mov’ici se positionne sur un créneau spécifique : les trajets quotidiens et courts. Bien qu’il existe déjà des opérateurs privés dans ce domaine, ceux-là sont très souvent payants et axés sur les trajets de longues distances. Mov’ici est un service entièrement gratuit qui se concentre sur les trajets intra-Région : c’est sa spécificité qui fait sa force. »

La Région Bourgogne-Franche-Comté initie elle aussi un système d’information multimodal (train, bus, vélo, marche, covoiturage, auto-partage, mobilités actives et organisées) interactif, Mobigo, qui va aller de l’information de l’état du trafic en temps réel jusqu’à la distribution de titres de transport. M. Neugnot, Vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté, précise que « le système sera doublé d’une centrale d’appel pour ceux qui n’ont pas accès à internet. »

S’appuyer sur l’expertise et les initiatives citoyennes

Souvent ces plateformes agrègent des initiatives plus locales, initiées par les citoyens. Pour Jérémie Almosni, il s’agit de co-construire les solutions de mobilité durable, particulièrement en matière de mobilité inclusive : « Aujourd’hui l’ADEME porte, aux côtés des territoires, des logiques de plateformes de mobilités solidaires. Nous essayons d’y accompagner des personnes en situation de précarité, en situation de handicap ou d’isolement, d’identifier avec eux la meilleure solution en termes de mobilité en encourageant les modes les plus vertueux. On permet aux personnes qui n’avaient pas forcément accès aux services d’y revenir, que ce soit pour des soins, des loisirs, de l’emploi… La mobilité est un poumon essentiel pour la vitalité des territoires. »

Lancer des appels à projets, communs ou non, permet aux Régions et à l’ADEME d’aller à la rencontre des acteurs du territoire pour trouver les innovations auprès des usagers eux-mêmes, notamment dans le tissu associatif : « Les innovations nous les attendons aussi via un appel à manifestation d’intérêt lancé par l’ADEME fin janvier, French mobility, avec l’objectif de développer des innovations de mobilité, réplicables, dans des territoires peu denses.»

En Bourgogne-Franche-Comté un appel à projets est lancé avec l’ADEME en direction de la mobilité en zone rurale, notamment pour développer des modes de déplacement innovants et permettant de rabattre les usagers vers les transports collectifs. Parallèlement, une aide aux plateformes de mobilité en milieu rural et urbain existe depuis 2010. M. Neugnot souligne l’importance de cette dernière, « en direction des publics fragilisés, pour soutenir des initiatives telles que les auto-écoles solidaires, les prêts de véhicules, l’aide aux usages, etc. Ce budget de 300 000 € annuels est alloué aux acteurs du territoire : missions locales, collectivités, associations... »

Sensibiliser les usagers

La communication et l’information en direction des usagers est un pilier essentiel de l’accomplissement des objectifs de la transition écologique. « C’est tout le travail que mènent les directions régionales de l’ADEME pour sensibiliser à la fois le grand public et les acteurs économiques et les amener vers des mobilités plus propres. », affirme Jérémie Almosni. Les « Challenges mobilité » menés depuis 2011 en Auvergne-Rhône-Alpes donnent l’exemple d’une mobilisation réussie – 1844 établissements participants en 2018, répartis sur le territoire -, portée et relayée, entre autres, par les associations et les acteurs de l’ESS, afin de faire converger les questions de responsabilité écologique et de cohésion sociale.

Soutenir les acteurs ESS de la mobilité durable

Les Régions interviennent aussi en soutenant, à la fois par des aides financières mais aussi par une présence dans la gouvernance des structures, des acteurs de l’ESS qui jouent un rôle fondamental dans la mobilité durable. En ce sens la décision pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes de devenir sociétaire de la SCIC Citiz Alpes-Loire est particulièrement novatrice. Citiz est à la fois précurseur et leader en matière d’auto-partage, mais aussi acteur phare de l’ESS ayant essaimé sur le territoire français. Annabel André-Laurent explique cette prise de position : « Nous soutenons toutes les démarches visant une mobilité plus propre, plus verte. L’auto-partage intègre parfaitement notre ambition et, logiquement, soutenir la SCIC Citiz Alpes-Loire participe à encourager les modes de transport alternatifs et plus durables. »

Marie Bohner

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