Trois étapes communes à toute démarche d'évaluation
Dans le cadre de l'étude ESS et Création de valeur, l'Avise, La Fonda et Le Labo de l'ESS ont fait émerger un dénominateur commun à toute démarche d'évaluation : l'élaboration de tout processus autour de ces trois étapes principales et incontournables.
La démarche d'évaluation de l'impact social ne se focalise pas uniquement sur la question de la mesure (la preuve) mais intègre complètement les étapes de définition de ce qui compte (promesse) et de construction d'un point de vue partagé (délibération) au sein de son processus.
Cette structure théorique évolue selon les enjeux des parties prenantes : l’intensité ne sera pas la même d’une étape à l’autre, d’une démarche à l’autre, selon notamment que l’on cherche à fédérer des parties prenantes autour d’une identité commune ou que l’on s’inscrive dans une démonstration de « performance sociale ».
1. Définir ce qui compte
Cette première étape définit « la promesse » de la valeur créée. Concrètement, il s’agit de déterminer les fondements du référentiel et des critères d'évaluation.
Définir le cadre de la démarche évaluative
Une démarche d’évaluation de l’impact social est un projet en soi. Comme tout projet, elle fait se compose d'objectifs et d'étapes et nécessite un calendrier, une équipe dédiée et des outils. Définir la démarche est une étape essentielle qui aidera notamment à choisir une méthode adaptée ou à en construire une sur-mesure.
Le cadrage permet plusieurs clarifications :
- Identifier la finalité de l’évaluation : pourquoi évaluer ? pour qui évaluer ?
- Préciser la question évaluative, le périmètre de la démarche : que cherche-t-on à évaluer ?
- Tenir compte des moyens disponibles : de quelles ressources humaines et financières dispose-t-on ? Quelles sont les contraintes de temps ?
- Définir l’implication des parties prenantes dans le processus d’évaluation : qui sont les parties prenantes concernées ? Qu’attendent-elles de cette démarche ? Comment les implique-t-on ?
Structurer le référentiel d'évaluation
Avant de mesurer, il convient de définir les résultats et les impacts que l'on veut connaître, au regard de la mission sociale de la structure, des bénéficiaires ciblés et de ses activités. En concertation avec les parties prenantes, il faut choisir et prioriser les effets pertinents à évaluer en tenant compte du périmètre de la démarche et de la question évaluative.
Le choix de la méthode d'évaluation se fera, ensuite, en fonction du cadrage de l'évaluation et des effets à évaluer : méthode standardisée, sur-mesure, mixte, par attribution, etc. La méthode n'est qu'un moyen de réalisation de l'évaluation et non une fin en soi. On déterminera, enfin, en fonction des enjeux et des objectifs, les outils de collecte et les parties prenantes à interroger qui rendront possible et pertinente cette méthode.
2. Mesurer
Cette étape, reconnue comme la plus complexe, consiste à élaborer ou mobiliser les indicateurs quantitatifs et qualitatifs pour établir « la preuve » de l'impact social. La collecte et l'analyse des données dépendront des outils et méthodes choisis. Les acteurs de l'évaluation devront tenir compte de leurs capacités et ressources sur la faisabilité opérationnelle de cette étape.
Collecter les données
La collecte de données s’inscrit au cœur de la démarche. Il s'agit de collecter des données existantes ou nouvelles selon la ou les méthodes choisies : entretien individuel ou collectif, questionnaire, recherche documentaire, benchmark, échelle d'évolution, méthode d'attribution, etc. Les données peuvent être d’ordre quantitatif ou d'ordre qualitatif selon les critères et indicateurs définis par le référentiel d’évaluation.
Analyser et croiser les données
Les données collectées sont analysées et interprétées au regard des critères définis au préalable et permettront de répondre à la question évaluative déterminée lors du cadrage de l'évaluation.
>> Pour en savoir plus : découvrez la Cartographie des principales méthodes d'évaluation du Conseil supérieur de l'ESS (CSESS)
3. Délibérer
Cette dernière étape favorise l’appropriation des résultats de l'évaluation par l’ensemble des parties prenantes ciblées pour garantir l'utilité de la démarche. Que ce soit pour rendre compte, pour comprendre ou pour améliorer son action, les résultats d’une évaluation n’ont d’intérêt que s’ils sont utilisés et partagés. Ils viendront nourrir les pratiques, les prises de décisions et les échanges avec les parties prenantes. Selon les enjeux et finalités de l'évaluation cette étape permet de tirer des enseignements afin d'améliorer l'action de la structure et d'établir une stratégie de diffusion et de valorisation des résultats.
Des ressources pour aller plus loin
Guide méthodologique Evaluer son impact social (Avise, 2022)
Petit précis de l’évaluation de l’impact social (Avise, Essec, Mouvement Impact France, 2021)
Synthèse de l'étude "ESS & création de valeur" (Avise, Fonda, Labo de l'ESS, 2019)
Guide de la mesure d’impact social, (Im)prove, Fondation Rexel, 2015.
Guide pratique pour la mesure et la gestion de l’impact, European Venture Philantropy Association (EVPA), 2015
Évaluer l’impact social d’une entreprise sociale : points de repère, Emeline Stievenart, Anne-Claire Pache, 2014