Projets inspirants
Coopération interrégionale

#Happyterr#, favoriser le renouvellement des agriculteurs

Publié le 02 juin 2021
En Pays de la Loire, les coopératives d’installation en agriculture paysanne (CIAP) permettent professionnalisation, test d’activité, sécurisation du parcours d’installation, soutien financier et insertion dans le milieu agricole local. Une initiative qui s’élargit dans tout le Grand Ouest au sein du projet #Happyterr# et que Pauline Latapie, directrice de la CIAP des Pays de la Loire, nous partage.

Pourquoi avoir créé les CIAP ? 

La première CIAP a été créée en Loire Atlantique en 2012 face au constat que l'installation agricole était en chute libre, que près d’un tiers des personnes s’installant n’étaient pas issues du milieu agricole (NIMA) et qu'il fallait intégrer différemment ce nouveau public. Des paysans, organisations membres ou proches de la Confédération Paysanne, des citoyens, des acteurs de l’économie sociale et solidaire, des collectivités territoriales et des centres de formation ont décidé de créer une structure dédiée sur le modèle des coopératives d'activités et d'emploi (CAE).

«  Elle aide les porteurs de projet (NIMA) et Hors cadres familiaux (HCF) à s’installer grâce à un accompagnement spécifique en cohérence avec les problématiques des territoires (difficultés à accéder au foncier, aux financements, souci d'insertion professionnelle ou sociale) » précise Pauline Latapie. Ce qui « participe pleinement au renouvellement des actifs en agriculture ».

Comment est né le projet interrégional #Happyterr# ?

Dès 2015, le projet s’est élargi à l’échelle du « Grand Ouest » devenant #Happyterr# « Alliances paysannes innovantes et territoriales pour réussir le renouvellement du milieu agricole ».

« Les enjeux visés par cette mobilisation collective sont de développer des dispositifs solides et pertinents en Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val de Loire, Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, de répertorier la créativité de ces différents territoires, de l’amplifier et d’enrichir les politiques publiques relatives à l’installation, la coopération pour l’accès aux moyens de production des NIMA et la pérennisation des installations HCF ».

Cela a été le moyen de mobiliser des financements nationaux et européens. En juillet 2018, le projet a été sélectionné dans le cadre de l’appel à projets « Mobilisation Collective pour le Développement Rural » (MCDR) porté par le Réseau Rural Français (RRF).

Quelles sont les particularités de cet accompagnement ?

Le besoin de compétences techniques et de formation a pris la forme de trois outils d'accompagnement :

  • la formation « Paysan Créatif » : avant son installation, le candidat paysan bénéficie d’un stage tutorat en immersion professionnelle d’un an. « L'idée est d'accompagner le futur agriculteur à s’intégrer dans le tissu local, rencontrer les paysans situés à proximité du site d’installation et se faire identifier comme futur professionnel », explique Pauline Latapie. Stagiaire de la formation professionnelle continue, il dispose d’une couverture sociale et indemnisation minimum (droits au chômage ou indemnité du Conseil régional). Il bénéficie de 200 heures de formation collective, d’un suivi individuel et de 1620 heures de stage pratique, chez des paysans référents puis progressivement sur son site d’installation.  ;
  • des espaces test permanents en maraîchage biologique : pendant un an, la CIAP met à disposition le foncier et le matériel nécessaire pour mettre en place et gérer des plans de production sans prise de risque financier et social. Suivi par un encadrant technique (ancien maraîcher), le candidat paysan se teste à la production et la commercialisation en vente directe ;
  • un portage temporaire de l’activité naissante via la coopérative d’activité et d’emploi agricole : cela permet aux entrepreneurs de bénéficier d’un accompagnement au démarrage de leur activité (hébergement juridique, service comptable mutualisé) et d’un pré-financement possible de l’avance de trésorerie et des premiers investissements nécessaires à la mise en production.

La durée d'accompagnement des porteurs de projet au sein de la CIAP varie en moyenne d'un à trois ans.

Quel est le bilan ?

« Au-delà de l'accès aux moyens de production, c’est le lien, l’insertion territoriale et l’activation des systèmes d’entraide qui sont au cœur d'une installation pérenne et solide. C'est l'utilisation positive du réseau agricole » résume Mme Latapie.

Après 9 ans après et plus de 500 accompagnements réalisés, « près de 70 % des porteurs de projet s’installent deux ans après leur sortie avec une réelle diversité : du maraîchage, de l’élevage (du petit ruminant au bovin lait et viande), de la polyculture… Les clefs de réussite du projet #Happyterr# sont sans conteste le réseau de solidarité et d'entraide qui s'est tissé sur ces territoires ». Un projet qui s’étoffe avec la création d’un observatoire et des travaux de recherche-action.

En savoir plus sur les CIAP

Pour aller plus loin, découvrez le dossier Agriculture durable de l'Avise

Enjeux, décryptages, cartographie des acteurs, témoignages et initiatives inspirantes... le dossier Agriculture durable, publié en avril 2021 par l'Avise, est un outil pour les entrepreneurs sociaux et les acteurs publics ou privés qui souhaitent s'engager pour une agriculture durable, sociale et solidaire.

Proposant des clés de compréhension et d'action pour lancer son initiative d’ESS dans l’agriculture durable, ce dossier a été réalisé en partenariat avec Terre de Liens et la FNCuma et avec le soutien du Fonds social européen, de la Banque des Territoires et du secrétariat d’État à l’Économie sociale, solidaire et responsable

>> Consultez en ligne le dossier Agriculture durable, publié par l'Avise en avril 2021

Thématiques

Alimentation & agriculture durables
Ruralité

Abonnez-vous à notre newsletter

Et tenez-vous informé.e.s des actualités de l’Avise et/ou de ses programmes

Sélectionnez la newsletter de votre choix