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Actualité de l'ESS
Tribune du collectif Nous Sommes Demain

Entreprises, il est temps de passer de la parole aux actes !

Publié le 04 septembre 2019 - Mise à jour le 12 mai 2020
A l'occasion des Université d'été de l'économie de demain, le collectif Nous Sommes Demain, dont l'Avise fait partie, publie une tribune signée par l’ESS française pour encourager les entreprises à passer à un nouveau modèle économique plus durable et mettant l'impact au centre.

Cette tribune a été publié par La Tribune le 3 septembe 2019

 

OPINION - A l'occasion des Universités d'été de l'économie de demain qui a lieu les 3 et 4 septembre, 1.000 entrepreneurs dont l’impact social et environnemental est au cœur de leur modèle, participent aux Universités d’été de l’économie de demain pour accompagner en 5 ans 25% de l’ensemble des entreprises françaises à se transformer concrètement. Par le Collectif Nous Sommes Demain


La prise de conscience de la responsabilité de chaque entreprise dans la crise sociale et écologique est sans précédent : chacun a un rôle à jouer dans la résolution de cette crise, et au premier chef desquelles les entreprises.

Chaque jour les chefs d'entreprises réaffirment leur engagement, dans une alliance en marge du G7 pour réduire les inégalités, dans les déclarations du Business Roundtable avec 181 dirigeants américains engagés pour intégrer des objectifs sociaux et environnementaux dans leur gouvernance, dans l'instauration par la Loi PACTE d'une raison d'être dans les statuts des entreprises, ou dans l'évaluation des risques climatiques qui concerne aujourd'hui 90% des entreprises du CAC 40.

Mais pouvons-nous nous limiter à des engagements philanthropiques et à des politiques de responsabilités sociales et environnementales à la marge pour créer cette nouvelle économie inclusive et verte ? Non.

L'intégration d'une démarche de Responsabilité sociétale des Entreprises a permis de questionner la gouvernance des entreprises, mais cette responsabilité demeure dispersée, hétérogène entre les entreprises du fait de l'absence d'indicateurs communs. Bpifrance estime que seules 26% des PME ont entrepris une démarche RSE structurée dans un plan d'action précis, alors que 80% des dirigeants de PME se sentent responsable du bien-être des employés, de la vie sociale locale ou du respect de l'environnement.

Malgré l'existence de la RSE, l'urgence est telle que la transformation dans la durée ne sera possible que par l'existence de synergies entre tous les acteurs économiques et d'accords autour d'un nouveau modèle de développement économique durable. Les citoyens, les jeunes, les salarié.es, les consommateurs, sont prêts à encourager un changement profond des entreprises et qu'ils attendent des engagements concrets sur les conditions et le bien-être au travail (à 48%), sur la rémunération et le partage de la valeur créée (à 36%) et sur leur politique environnementale (à 35%)(**).

Nous devons donc trouver un cadre commun et transparent pour les entreprises qui souhaitent s'engager et mesurer l'impact de leurs actions, loin du green et social washing. Transparence sur le mode d'organisation, de fabrication, de redistribution des bénéfices, mais aussi sur la qualité environnementale des produits, sur le traitement des fournisseurs ou sur la part donnée à l'emploi inclusif : nous, les entrepreneurs engagés notamment issus de l'ESS, mais aussi du "Made In France", du commerce équitable, de l'économie circulaire, du Bio, ou des circuits courts, mettons en place depuis ces années des actions concrètes dans cet objectif, qui ont aussi fait notre succès.

Il est de notre rôle de pionnier de faire adhérer toutes les entreprises à ces principes, à ces nouveaux indicateurs, et de rassembler entreprises, ONG, associations et pouvoirs publics pour ensemble les promouvoir. Il est de notre rôle de pionnier de participer à l'élaboration d'un cadre clair, d'un chemin pour l'ensemble des entreprises françaises afin qu'elles puissent se transformer durablement, et qu'elles soient encouragées à le faire, valorisées pour cela. Car aujourd'hui, il est impossible de déceler vrais engagements des campagnes marketing, de déceler le vrai du faux dans les multiples labels...

C'est pourquoi nous nous sommes réunis pour proposer des actions concrètes pour accélérer la transformation sociale et environnementale des entreprises autour de quatre enjeux :

  • Le partage des richesses, avec une stratégie financière éthique, fondée sur des modes de gestion équitables et transparents (transparence des écarts de rémunération, échelle de rémunération proportionnée, garanties sur les conditions de travail et partage de la valeur des sous-traitants et partenaires.
  • Le partage du pouvoir, en instaurant un principe de gouvernance éthique avec une transparence décisionnelle, une parité de genre et de hiérarchie dans les instances de décisions et l'intégration de l'entreprise dans son écosystème territorial
  • L'impact Social, en revendiquant un rôle sociétal dans son cœur de métier, en interne vis-à- vis de ses salariés et en externe avec des services et produits inclusifs notamment en direction des personnes les plus fragiles (précarité, handicap, seniors...)
  • L'impact environnemental, en engageant une véritable transition en matière d'éco-consommation et d'éco-conduite, dans l'entreprise et auprès de ses parties prenantes (majorité de fournisseurs dans un rayon de 150 à 1.500 km, plus de produits éco-conçus, moins de production de Gaz à effet de serre, réduction des emballages)

C'est 25% des entreprises françaises qui pourrait s'engager sur ces actions d'ici 5 ans, avec un effet de levier considérable sur l'ensemble de l'économie. Car la France a un temps d'avance sur ces sujets, avec un secteur de l'économie sociale et solidaire fort (10% du PIB), de nombreux territoires engagés pour la création d'entreprises à impact, une finance solidaire d'une envergure inédite en Europe, un engagement inédit pour l'inclusion dans l'emploi et la possibilité pour toutes les entreprises d'étendre son objet social pour intégrer une mission sociale et environnementale.

Mais si nous ne prenons pas la mesure que nous devons faire converger toutes celles et tous ceux qui luttent pour une autre économie en créant un référentiel commun et en se donnant des objectifs partagés, les mêmes causes produiront les mêmes effets, et nous perdrons ce temps d'avance.

Nous sommes déterminés et convaincus qu'aujourd'hui, nous avons une opportunité historique de faire changer l'économie rapidement. Alors face à l'alignement des planètes sur le discours, nous appelons toutes les entreprises françaises à s'aligner sur des actes en participant les 3 et 4 septembre aux Universités d'été de l'économie de demain, et en rejoignant le collectif #noussommesdemain.

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(*) Le collectif Nous Sommes Demain

1. Fredéric Bardeau, Président Simplon.co, co-fondateur collectif NousSommesDemain
2. Thierry Beaudet, Président de la Mutualité Française
3. Jean-Marc Borello, Président du Groupe SOS
4. Pascal Demurger, Directeur Général de la MAIF
5. Blaise Desbordes, Directeur Général de Max Havelaar France
6. Cécile Duflot, Directrice générale de OXFAM France
7. Emery Jacquillat, Président de la CAMIF et de la communauté des entreprises à mission
8. Jonathan Jérémiasz, Président du Mouves
9. Jean Moreau, Président de PHENIX, co-Président de FEST
10. Pierre Minodier, Président du CJD
11. Jérôme Saddier, Président de ESS France, Vice-Président du Crédit Coopératif
12. Eva Sadoun, Présidente de Lita.co et de France Eco Sociale Tech
13. Hugues Vidor, Président de l'UDES
14. Amandine Albizzati, Présidente-Directrice Générale d'Enercoop
15. Pierrick De Ronne, Président de Biocoop
16. Jean-Christophe Combe, Directeur Général de La Croix Rouge
17. Guillaume Gibault, Président du Slip Français
18. François Dechy, co-fondateur de Baluchon
19. Thibault Renaudin Délégué Général Bleu Blanc Zebre
20. Julie Stoll, Directrice Générale de la Plateforme du Commerce Equitable
21. Hugues Sibille, Président du Labo de l'ESS
22. Philippe Jahshan, Président du Mouvement Associatif
23. Françoise Bernon, Directrice Générale du Labo de l'ESS
24. Virginie Seghers, Présidente de Prophil
25. Jacques Huybrecht, Président d'entrepreneurs d'avenir
26. Bernard Horenbeek, Président de La Nef
27. Grégoire Ducret, Directeur de Croix Rouge Innovation
28. Géraldine Plenier, Directrice Générale de Positive Planet France
29. Emmanuel Rivat, Fondateur de l'Agence PHARE
30. Mélanie Marcel, Fondatrice de So Science
31. Cécile Leclair, Directrice Générale de l'AVISE
32. Virginie Hils, fondatrice de Comptoir de Campagne
33. Yann Fradin, Directeur Général de l'association Espaces
34. Thibault de Saint Blancard, Co-fondateur de ALENVI
35. Dominique Olivier, fondateur des fermes de Figeac
36. Elisa Yavchits, Directrice Générale des Canaux
37. Fabrice Poncet, Fondateur de La Fabrique
38. Eric Delannoy, Directeur Général de Tenzing
39. Julien Loyer, Directeur Général de Bleu Blanc Zebre
40. Pierre-Alain Gagne, Fondateur de Dowino
41. Jeanne Bretecher, Présidente de SOGA et Génération 2 Conseil
42. Kevin André, Fondateur de Kawaa
43. Sophie Danlos, Directrice Générale de Ferme d'Avenir
44. Sylvain Lepainteur, Fondateur de la Conciergerie Solidaire
45. Jérémie Lovenbruck, fondateur de PALANCA
46. Isabelle Hoyaux, fondatrice de ScaleChanger
47. Myriam Faivre, PDG de la CAE CLARA

 ** Sondage Harris Interactive-Epoka Février 2019 

>> Lire la tribune sur le site de la Tribune

Thématiques

Économie sociale et solidaire
Entrepreneuriat social Évaluation de l'impact social Mobilisation citoyenne Politiques publiques

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