Précarité et ESS
La précarité : de quoi parle-t-on ?
Définir la précarité
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) définit ainsi la précarité :
« La précarité est l’absence d’une ou plusieurs des sécurités, notamment celle de l’emploi, permettant aux personnes et familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux. […] L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. […] Elle conduit à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence. »
Pour différencier la précarité de la pauvreté, la notion d’incertitude est centrale, comme le souligne Alternatives économiques dans son dictionnaire. Les chercheuses Chantal Zaouche-Gaudron et Paule Sanchou insistent sur le continuum entre précarité et pauvreté : « être dans la précarité signifie souvent se retrouver à la lisière de la pauvreté ». Elles pointent la difficulté qu’il en résulte de « définir la précarité et reconnaître les précaires ».
Mesurer la précarité
Contrairement au seuil de pauvreté (égal à 60 % du revenu médian) qui permet de définir la pauvreté monétaire, la précarité, elle, n’est pas dotée d’un indicateur quantitatif. Les notions de fragilité et d’instabilité sont centrales pour aborder la précarité. Ces dernières s’expriment dans plusieurs domaines : l’emploi (dont la mobilité), l’habitat (dont l’énergie), l’alimentation, la santé, l’éducation, mais aussi la famille et la vie sociale.
Ainsi, depuis 2013, l’Institut national de la Statistique et des Études économiques (Insee) évalue le nombre de personnes en situation de privation matérielle et sociale. Cet indicateur repère « les personnes ne pouvant pas couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante parmi treize, comme chauffer son logement à la bonne température, s’acheter des vêtements neufs, accéder à Internet depuis son domicile ou se réunir avec des amis autour d’un verre ou d’un repas au moins une fois par mois. »
Début 2024, 13 % de la population vivant dans un logement ordinaire, soit 8,6 millions de personnes sont en situation de privation matérielle et sociale.
Les acteurs de l’ESS mobilisés contre la précarité
Un engagement au cœur des valeurs de l’ESS et de l’innovation sociale
Les acteurs de l’ESS agissent contre la précarité depuis longtemps.
L’utilité sociale est d’ailleurs une caractéristique des entreprises de l’ESS. Selon la loi-cadre de 2014 sur l’ESS, sont considérées comme poursuivant une utilité sociale les entreprises répondant à l'une au moins des cinq conditions suivantes :
- apporter un soutien à des personnes en situation de fragilité et contribuer à la lutte contre leur exclusion ;
- contribuer à la préservation et au développement du lien social ou au maintien et au renforcement de la cohésion territoriale ;
- contribuer à l'éducation à la citoyenneté, participant ainsi à la réduction des inégalités sociales et culturelles, notamment entre les femmes et les hommes ;
- concourir au développement durable, à la transition énergétique, à la promotion culturelle ou à la solidarité internationale, dès lors que leur activité contribue également à produire un impact soit par le soutien à des publics vulnérables, soit par le maintien ou la recréation de solidarités territoriales, soit par la participation à l'éducation à la citoyenneté.
L’ESS dans l’action sociale
À titre d’exemple, l’ESS représente 59,5 % des emplois dans le secteur de l’action sociale : hébergement social et médico-social, aide à domicile, établissement et service d’aide par le travail, structures d’insertion par l’activité économique, organisation de prévention et d’accompagnement, associations caritatives, etc.
Source : Atlas commenté de l’économie sociale et solidaire de l’Observatoire national de l’ESS, publié par ESS France en 2022.
Quelques acteurs phares de la lutte générale contre la précarité
Si les acteurs de l’ESS interviennent pour lutter contre la précarité dans différents champs, certains acteurs sont reconnus pour leurs actions globales. En voici quelques exemples.
- ATD Quart Monde, mouvement international non gouvernemental, s’engage pour mettre fin à l’extrême pauvreté et construire une société plus juste, qui respecte les droits fondamentaux et l’égale dignité de tous·tes.
- Le Secours populaire français, association de terrain reconnue d’utilité publique, s’engage au quotidien pour un monde plus juste et solidaire, pour faire vivre une solidarité sans frontière et inconditionnelle.
- Le Secours Catholique-Caritas France, association et service de l’Église catholique, s’attaque à toutes les causes de pauvreté, d’inégalités et d’exclusion.
- La Croix-Rouge française est une association faisant partie du mouvement international d’aide et d’assistance aux victimes.
- La Fondation l’Armée du Salut est engagée dans la lutte contre toutes les exclusions et pour l’intégration de tous·tes dans la société.
- Solinum est une start-up associative qui développe des solutions numériques visant à faciliter l’orientation des personnes en difficulté vers les services et aides appropriées.
- Emmaüs Innove est un accélérateur d’innovation qui agit dans la lutte contre l’exclusion sur des domaines variés.
Sept thématiques où l’ESS se mobilise contre la précarité
Les formes de précarité sont multiples et touchent tous les secteurs de la vie. Les acteurs de l’ESS répondent présents pour agir contre ces formes spécifiques de précarité, à enjeux différents.
Précarité de l’emploi
Historiquement, la précarité de l’emploi désigne les personnes employées en contrat à durée déterminée, en intérim, en apprentissage, en stage, ou en contrat aidé.
Serge Paugam, sociologue, a proposé une définition plus large de la précarité de l’emploi. Elle désigne la situation où l’emploi « est incertain et que [le salarié] ne peut prévoir son avenir professionnel ».
Ainsi, il comptabilise :
- les salariés titulaires de contrats à « statut précaire » ;
- les salariés en sous-emploi (repérés par le temps partiel) ;
- les titulaires d’emplois stables « déstabilisés ».
D'après l'Insee en 2021 :
-
3,7
millions de salariés ont un statut précaire.
-
5,3 %
de l'emploi salarié est précaire.
-
56,9 %
des jeunes disposaient d'un contrat précaire.
-
15,9 %
des femmes disposaient d'un contrat précaire.
Les acteurs de l’ESS agissent pour ces personnes précaires, sous différentes formes. Par exemple, Entourage pro est un projet phare de l’association Entourage. Il s’agit du premier réseau professionnel solidaire. L’objectif : donner un réseau professionnel, tremplin pour trouver un travail stable, aux personnes précarisées.
D’autres actions sont spécifiques à des domaines.
L’insertion par l’activité économique
L’insertion par l’activité économique vise à donner aux personnes les plus éloignées de l’emploi les moyens de leur autonomie. Pour cela, elle s’appuie sur la réinsertion professionnelle pour lutter contre leur exclusion sociale.
Les 4000 structures de l’insertion par l’activité économique (SIAE) embauchent les personnes éloignées de l’emploi pour une durée de deux ans maximum. Objectif : permettre aux bénéficiaires d’accéder à un emploi durable, ou à défaut à un emploi de transition vers une sortie positive. Ateliers et chantier d’insertion, entreprises d’insertion : les formes sont multiples et font toutes partie intégrante de l’ESS.
Un exemple : Rejoué a pour mission sociale de proposer à des personnes éloignées de l’emploi un parcours de remobilisation via une activité de réemploi et de recyclage de jouets.
La lutte contre le chômage
Les personnes au chômage de courte durée comme de longue durée entrent dans la catégorie des personnes précaires. Des structures de l’ESS agissent pour aider ces personnes à en sortir.
L’association Territoire zéro chômeur de longue durée est exemplaire par son expérimentation. Son objectif : démontrer qu’il est possible à l’échelle de petits territoires, sans surcoût significatif pour la collectivité, de proposer à toutes les personnes privées durablement d’emploi, un emploi à durée indéterminée à temps choisi, en développant des activités utiles pour répondre aux besoins du territoire.
L’association anime et développe le développement du projet dans chaque territoire dans ses différentes étapes. En 2025, 83 territoires sont habilités et plus de 4 000 personnes ont été embauchées.
Précarité dans l’habitat : le mal-logement
En ce qui concerne l’habitat, la précarité se traduit par le mal-logement.
Il « regroupe les situations de logement qui ne répondent pas aux normes minimales de confort d’une société donnée, ou dans lesquelles la personne ne maîtrise pas la pérennité de son logement. Il peut prendre trois formes qui ne se recoupent pas nécessairement : la mauvaise qualité de l’habitat, la superficie trop faible ou la précarité de l’hébergement. » (source : lexique de l’Observatoire des inégalités).
La Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) produit chaque année un rapport sur le mal-logement en France. Elle comptabilise dans les « mal-logés » les personnes privées de domicile personnel (sans-domicile, habitat de fortune, hébergement contraint chez des tiers) et celles qui vivent dans des conditions de logement très difficiles. En 2025, la Fondation dénombrait 4,1 millions de mal-logés en France.
Source : Rapport sur l’état du mal-logement en 2025, Fondation pour le Logement des Défavorisés.
3 initiatives de l’ESS contre le mal-logement
- Bureaux du cœur est une association qui propose à des personnes en grande précarité un accueil individuel d’urgence au sein de bureaux d’entreprises, inutilisés le soir et le week-end. Bureaux du cœur a été lauréat du programme P'INS en 2023.
- Quatorze est une association qui œuvre pour l’inclusion sociale en co-construisant des solutions d’accueil qui favorisent le vivre ensemble et qui cassent les logiques de ségrégation urbaine excluant les personnes en situation de précarité et de mal-logement. Quatorze a été lauréat du programme P'INS 2022.
- Les Amarres est un tiers-lieu solidaire et festif qui propose deux accueils de jour (hommes et familles) pour environ 300 personnes en situation de vulnérabilité par jour. Le tiers-lieu accueille également une vingtaine d’organisations de l’économie sociale et solidaire.
Précarité énergétique
Selon la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement, « est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou conditions d’habitat ».
L’Observatoire de la Précarité énergétique (ONPE) calcule un taux de précarité énergétique qui représente la part dans la population des personnes qui sont situées parmi les 30 % les plus pauvres et qui consacrent plus de 8 % de leur budget à l’énergie (chauffage et éclairage notamment). Selon cet indicateur, 3,2 millions de ménages français soit 10,8 % de la population sont concernés.
Un autre indicateur est utilisé pour mesurer la précarité énergétique : le ressenti de froid. Durant l’hiver 2023-2024, 30 % des Français·es ont déclaré avoir souffert du froid à leur domicile. Cette proportion a plus que doublé depuis 2020.
3 initiatives de l’ESS contre la précarité énergétique
- Énergie Solidaire est un fonds de dotation, reconnu d’intérêt général, qui s’est donné pour mission d’aider les personnes en situation de précarité énergétique à en sortir durablement, grâce à la mobilisation de différents acteurs engagés pour une transition énergétique juste. Énergie Solidaire a été lauréat du programme P’INS en 2024.
- L’association Territoire Zéro logement passoire vise à générer une mobilisation générale sur un territoire pour accélérer la rénovation énergétique des logements « passoires énergétiques » dans le parc locatif. Territoire Zéro logement passoire a été lauréat du programme P’INS 2024.
- Les Locaux-Moteurs luttent contre le non-recours aux droits et en particulier en ce qui concerne les politiques habitat, comme celles sur la rénovation énergétique ou encore l’adaptation du logement (liée à la perte d’autonomie). Les Locaux Moteurs ont été lauréat du programme P'INS en 2023.
Précarité alimentaire
Selon le Labo de l’ESS, la précarité alimentaire constitue une « situation dans laquelle une personne ne dispose pas d’un accès garanti à une alimentation suffisante et de qualité, durable, dans le respect de ses préférences alimentaires et de ses besoins nutritionnels, pouvant entraîner ou découler de l’exclusion et de la disqualification sociale ou d’un environnement appauvri ».
Source : Labo de l’ESS, « Agir contre la précarité alimentaire en favorisant l’accès de tou·te·s à une alimentation de qualité », octobre 2021).
Le Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de vie (Crédoc) établit plusieurs indicateurs pour mesurer la précarité alimentaire. Ainsi, en 2025 :
-
7 %
de la population sont contraints de réduire, chaque semaine ou presque, le nombre de leurs repas pour des raisons financières.
-
9 %
de la population réduisent leurs portions alimentaires.
-
12 %
de la population déclarent qu’il leur arrive parfois ou souvent de ne pas avoir assez à manger.
-
16 %
de la population déclarent se restreindre en termes d’alimentation.
3 initiatives de l’ESS contre la précarité alimentaire
- Les Restos du Cœur est une association d’aide aux plus démunis. Son action phare : l’aide alimentaire à travers ses centres de distribution alimentaire partout en France.
- L'association Biocycle lutte contre le gaspillage et la précarité alimentaire avec des outils innovants et pédagogiques. Grâce à son système de collecte des invendus alimentaires, elle redistribue en circuit-court les denrées alimentaires aux associations de terrain. Biocycle a été lauréat du programme P’INS en 2019.
- La Fondation Daniel et Nina Carasso soutient le développement d’une alimentation durable. À travers son programme « Nourrir l’avenir », elle soutient l’émergence d’innovations sociales pour répondre aux enjeux, notamment, de précarité alimentaire.
Découvrir l’interview du responsable Alimentation durable de la Fondation.

Pour aller plus loin, découvrez le guide réalisé par le Centre de ressources du Dispositif local d'accompagnement (DLA) Insertion par l'activité économique, opéré par l'Avise, sur le développement de coopérations territoriales pour une alimentation plus juste et durable.
Précarité dans la santé
La précarité sanitaire se caractérise par la difficulté ou l’incapacité à se maintenir en bonne santé.
La précarisation économique des personnes peut les amener à ne pas avoir accès aux soins. Au-delà de l’aspect économique, l’accès aux soins est aussi différent selon les territoires : en zone rurale, le manque de médecins rend l’accès aux soins plus difficile. Ainsi, plus de 2/3 des Français·es déclarent avoir renoncé à au moins un acte de soin ces cinq dernières années (hôpital et ville confondus.)
Source : Baromètre de l'accès aux soins, Fédération hospitalière de France, 2025.
La précarité sanitaire touche spécifiquement les personnes atteintes d’une maladie chronique ou d’un handicap.
3 initiatives de l’ESS contre la précarité sanitaire
- À vos soins est un centre de santé infirmier engagé pour la réduction des inégalités – financières, géographiques, sociales, etc. – d'accès aux soins à Saint-Nazaire.
- RoseUp est une association qui accompagne, informe et défend les droits des femmes qui sont ou ont été confrontées à un cancer. Elle édite un magazine, accueille les personnes concernées dans un lieu dédié et organise une plateforme de covoiturage gratuite pensée pour les patientes. RoseUp a été lauréat du programme P’INS en 2018.
- AlterSoin 44 est une association qui vise à rendre accessible les soins complémentaires de qualité aux personnes en situation de précarité : aide psychologique, diététique, ostéopathie, etc.
Précarité numérique
La précarité numérique désigne la difficulté d’accéder au web (par manque de matériel ou de connexion) mais aussi les difficultés à utiliser les outils numériques. On parle également d’exclusion numérique concernant l’accès aux services publics dématérialisés. Dans son rapport de 2022, la Défenseure des droits estimait que 13 millions de personnes se trouvaient en difficulté face au numérique.
La précarité numérique touche davantage certains publics : les personnes en situation de handicap, les personnes précaires économiquement, les personnes âgées mais aussi les jeunes en ce qui concerne les démarches administratives en ligne (source : Rapport Dématérialisation des services publics :trois ans après, où en est-on ?, Défenseur des droits, 2022).
2 initiatives de l’ESS contre la précarité numérique
- Emmaüs Connect agit pour permettre aux personnes en situation de précarité sociale et numérique d’accéder aux outils en ligne devenus indispensables. L’association travaille sur les 3 aspects de la précarité numérique : l’accès au matériel, l’accès aux moyens de connexion et l’accompagnement vers des compétences essentielles.
Découvrir leur programme d’inclusion numérique des mineurs non accompagnés, financé par le Fonds social européen + (FSE +). - Le collectif Citoyenneté et Numérique, composé d’ATD Quart Monde, Emmaüs Connect, Emmaüs France, la Fédération des Acteurs de la Solidarité et le médialab de Sciences Po, permet aux citoyens en situation d’exclusion numérique de faire valoir leurs droits et d’être entendus. Le collectif a été lauréat 2024 du programme Graines d'autonomie porté par la Fondation OCIRP et l’Avise.
Précarité de mobilité
Depuis 2024, on parle de « précarité de mobilité », à l'initiative de Wimoov qui produit le Baromètre des mobilités du quotidien. L’Observatoire national de la Précarité énergétique la mesure à travers un indicateur : un ménage qui consacre 10 % de ses dépenses à ses déplacements d’un point A à un point B est considéré comme « pauvre en transport ».
Selon cet indicateur, 10 millions de Français·es de plus de 18 ans sont en précarité de mobilité.
Pour Wimoov, s’y ajoutent 5 millions de personnes n’ayant accès à aucun équipement de transport à titre individuel. Soit un total de 15 millions de Français·es dont 1,7 million de plus qu’en 2021 (source : communiqué de presse Wimoov, « Mobilités du quotidien : 15 millions de Français·ses en précarité de mobilité »).
4 initiatives de l’ESS contre la précarité de mobilité
- Mobicoop est une coopérative qui développe notamment une offre de transport solidaire, à destination des personnes dans le besoin et notamment des personnes atteintes de handicap.
- Mob’in est le réseau national des acteurs territoriaux de la mobilité inclusive. Il fédère 12 fédérations régionales. Son ambition : relever le défi de la mobilité inclusive, solidaire et durable grâce à la coordination d’acteurs politiques, économiques et sociaux.
- Le Garage moderne est un tiers-lieu au service des habitants qui propose des ateliers pour apprendre à réparer son automobile ou son vélo.
- Mobijump Alençon est une plateforme qui propose une auto-école associative, de la location solidaire, et des formations autour de la mobilité.
L’ESS auprès des publics particulièrement touchés par la précarité
La précarité des femmes
Les femmes constituent 70 % des travailleurs pauvres. Cela s’explique notamment par le fait que 79,5 % des emplois à temps partiel et 70 % des emplois en CDD et postes en intérim sont occupés par des femmes. Au-delà de cette précarité de l’emploi, les femmes sont plus durement touchées par toutes les formes de précarités.
Le rapport sur l’état de la pauvreté en France de 2023 du Secours Catholique alertait sur la précarité féminine qui a régulièrement augmenté ces dernières décennies, alors que la pauvreté touchait de façon égale hommes et femmes jusqu’au début des années 2000. Les femmes représentent désormais 57,5 % des personnes rencontrées par l’association, contre 52,6 % en 1999.
Les femmes sont par ailleurs à la tête de 97 % des familles monoparentales en situation de précarité.
Des acteurs de l’ESS dédiés à la lutte contre la précarité des femmes
La Fondation des femmes est l’acteur de l’ESS phare qui agit en faveur des femmes, notamment pour lutter contre les formes de précarité qui les concernent.
D’autres acteurs agissent pour des publics spécifiques. C’est le cas d’Ikambere, une association qui propose un accompagnement global aux femmes vivant en situation de précarité et avec une maladie chronique. Elle propose des accompagnements vers l’autonomie, de la médiation en santé et des formations aux professionnels médico-sociaux.
Zoom sur la précarité menstruelle
Les femmes sont également concernées par une précarité spécifique : la précarité menstruelle, c’est-à-dire la difficulté ou l’incapacité à se procurer des protections périodiques pour les personnes menstruées. Une femme sur trois est confrontée à la précarité menstruelle. 4 millions de personnes menstruées manquent de protections périodiques en France en 2025. (source : Ministère chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations).
Une association est reconnue en France pour son action contre la précarité menstruelle : Règles élémentaires. Son objectif : mettre fin à la précarité menstruelle et briser le tabou des règles. Elle organise des collectes et des redistributions de protections hygiéniques, mène des actions de sensibilisation auprès des jeunes mais également des actions de plaidoyer, pour faire entrer ce sujet dans le débat public.
Règles élémentaires a été lauréate du programme P’INS en 2024.
La précarité des jeunes
Les jeunes sont particulièrement touchés par la précarité, qu’ils soient étudiants ou jeunes travailleurs. La Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) relevait en 2023 que sur l’ensemble des 18-24 ans, quatre jeunes sur dix se trouvent dans au moins une situation de pauvreté monétaire (niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian de l’ensemble de la population) et/ou de pauvreté en conditions de vie (privations déclarées sur certains biens de consommation ou certaines activités).
Source : Dossier « Mesurer le niveau de vie et la pauvreté des jeunes adultes de 18 à 24 ans - Une population particulièrement confrontée à la vulnérabilité économique », DREES, 2023.
Le Secours catholique a tiré la sonnette d’alarme sur la précarité étudiante, lors de l’épidémie de Covid-19.
Quant aux jeunes LGBT +, la Fondation Le Refuge, reconnue d’utilité publique, les héberge et accompagne lorsqu’ils sont rejetés par leurs parents ou chassés du domicile familial en raison de leur orientation sexuelle ou de genre.
La précarité des migrants
Selon l’Organisation des Nations-unies (ONU), le terme de migrant désigne « toute personne qui a résidé dans un pays étranger pendant plus d’une année, quelles que soient les causes, volontaires ou involontaires, du mouvement, et quels que soient les moyens, réguliers ou irréguliers, utilisés pour migrer ».
Les migrants sont particulièrement touchés par la précarité, sous toutes ses formes.
Les structures de l’ESS adressent ces enjeux pour cette population spécifique.
- Des structures de l’ESS sont spécialisées dans l’information et l’accompagnement juridique et administratif des personnes migrantes, comme France terre d’asile ou la Cimade.
- D’autres agissent pour l’insertion professionnelle des migrants. Par exemple, le Refugee food et les Cuistots migrateurs emploient et forment des personnes réfugiées à la restauration.
- Certaines structures ont mis au centre de leur action la création de lien social, pour rompre l’isolement des personnes migrantes. C’est le cas de SINGA à travers sa branche française qui vise à accélérer l’inclusion des personnes nouvelles arrivantes pour favoriser des sociétés plus soudées, créatives et prospères.