Innovation sociale : quels impacts sur les coopérations ?

Dans un contexte marqué par des transitions sociales, écologiques et économiques, l’innovation sociale constitue une manière concrète de refaire société. Elle permet de retisser des liens en renouvelant des solidarités et en plaçant la coopération au cœur des solutions. 

Selon le Conseil Supérieur de l’Économie Sociale et Solidaire « l’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et usagers ». L’innovation sociale se définit donc comme une dynamique sociale dans sa finalité, mais aussi dans ses moyens, impliquant les parties prenantes et les rassemblant autour d’un objectif commun. 

L’innovation n’est pas seulement une nouveauté technique ou organisationnelle, mais une réponse collective à des besoins sociaux mal ou non satisfaits. Elle implique de nouvelles manières de faire ensemble, d’expérimenter, de partager, et de créer du lien. Innover socialement, c’est donc réinventer des formes de coopération entre citoyens, associations, collectivités, entreprises, institutions. 

Dans ce cadre, l’évaluation d’impact est un outil essentiel pour comprendre en quoi et comment ces innovations permettent de répondre aux besoins sociaux et de transformer les dynamiques de coopération.

Illustration avec les Petites Cantines, une initiative de restauration participative dont l’objectif est de lutter contre la solitude, souvent stigmatisée. Apporter des solutions innovantes dans la lutte contre l’isolement, c’est travailler sur le thème de la confiance, pilier de la cohésion sociale. 

Or, la confiance ne peut se réduire à un échange utilitaire : il s’agit, par essence, d’un « pari sur la valeur de la relation », selon Mark Hunyadi. Ce pari est, à la fois, point de départ et finalité d’une coopération réussie. Si le manque de confiance conduit à l’inaction, le sentiment d’appartenance à un collectif peut créer la capacité d’agir. 

Les Petites Cantines travaillent dans une approche systémique sur le sujet de la confiance via le modèle des « 3 A ». Dans ce modèle, la confiance se construit par l’accueil (être soi-même sans avoir besoin de jouer un rôle), l’appartenance et l’action. 

Des programmes comme les Fabriques à Initiatives proposent des méthodes d’accompagnement réplicables, tout en s’adaptant aux réalités locales. En tant que générateurs de projets d’innovation sociale, les Fabriques à Initiatives font naître des projets collectifs à partir des problématiques du terrain. La démarche part d'une thématique soumise par un collectif d'acteurs pour ensuite générer et faire naître des projets entrepreneuriaux pérennes. En effet, ce modèle repose sur la mobilisation et coopération des acteurs divers (collectivités, associations, citoyens, etc.) pour outiller les territoires en ingénierie de l’Économie sociale et solidaire. 

Dans le cas du Générateur Bourgogne Franche-Comté (une Fabrique à Initiatives), 60 % des projets accompagnés sont dans le champ de la transition écologique ou de l’économie circulaire, ce qui montre la capacité des territoires à coopérer pour inventer des solutions face à des enjeux de transition.

Dans cette perspective, des initiatives transnationales comme le consortium BIRDS réunissant les centres nationaux de compétences de la France, Espagne, Portugal et Suède explorent comment la coopération territoriale peut répondre à des besoins sociétaux concrets. Ce consortium porte plusieurs axes de travail, dont le soutien à l’émergence de l’innovation sociale et aux coopérations territoriales et l’évaluation d’impact des projets d’innovation sociale.

L’évaluation d’impact des projets d’innovation sociale permet de renforcer le pilotage stratégique et opérationnel. L’évaluation des effets sociaux et territoriaux alimentent l’amélioration continue des projets, notamment dans le cadre des projets expérimentaux ou d’innovation. De plus, les résultats d’évaluation d’impact contribuent à rendre plus visibles les effets générés par les projets d’innovation, ainsi que d’alimenter un plaidoyer sur la valeur du modèle d’innovation sociale.

Dans le cas du projet des Petites Cantines, l’évaluation d’impact a permis de valoriser la confiance, comme point de départ du projet. Des démarches expérimentales et apprenantes ont été menées pour évaluer l’impact du projet sur la construction de la confiance des bénéficiaires à travers le prisme des 3A (accueil, appartenance, action). 

Dans le cas du Générateur Bourgogne Franche-Comté, l’évaluation d’impact a porté sur quatre axes :

1. les dynamiques coopératives
2. le partage et la bonne définition des besoins sociaux du territoire
3. un cadre pour sortir du cadre (rendre simple ce qui est complexe)
4. la redynamisation du territoire.

L'évaluation a permis à cette Fabrique à initiatives d'acquérir une compréhension plus approfondie des besoins réels du territoire auxquels ses solutions répondent et de la pertinence des projets générés. Elle a donc permis au générateur d'améliorer ses actions, de revoir ses modes de coopération et de faire évoluer sa stratégie.

À plus grande échelle, la pratique de l’évaluation d’impact peut être un outil de conviction auprès de décideurs. Elle permet de mener des actions de plaidoyer basées sur les résultats, de montrer l’efficacité des innovations sociales par la preuve.