“Le Pôle”, dispositif innovant pour la structuration de la filière culturelle
Ouvert en 2007 avec une triple vocation d'observation, d'animation et d'accompagnement des acteurs culturels en Pays de la Loire, Le Pôle est une association portée par la Région et la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) qui rassemble aujourd'hui 125 adhérents. Tous les métiers de la filière musicale, allant de la création à la diffusion, y sont représentés (artistes, producteurs, petits lieux de production et festivals, médias, …). Une multitude d’associations, d’entreprises artisanales et de structures publiques qui portent des activités diverses dans le champ de la musique font vivre les activités du pôle et y siègent via 16 collèges représentatifs.
Une ouverture propice au développement de l’ESS
Quel que soit leur statut et leur finalité, tous les maillons de la chaîne de valeur des musiques actuelles sur le territoire se trouvent représentés et valorisés. “Des acteurs qui ne se seraient jamais parlé sous prétexte qu’ils sont en concurrence ou parce que leurs pratiques sont dissonantes se retrouvent soudain à travailler ensemble. Au Pôle nous arrivons à les amener à résoudre leurs problèmes en collaborant” précise Vianney Marzin, directeur du Pôle.
Une ouverture qui bénéficie naturellement aux acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) largement représentés dans le champ culturel et qui peut les inspirer. Le Pôle travaille de manière intrinsèque avec ces acteurs notamment pour le financement de leurs activités d’utilité sociale. Il estime ainsi que 60% des entrepreneurs du spectacle vivant des Pays de la Loire relèvent de la notion d'utilité́ sociale au sens large (OPP Spectacle vivant, Le Pôle, données 2014). Le Pôle accompagne également le développement d'un PTCE (Pôle Territorial de Coopération Économique) dans le domaine culturel, collabore avec une CAE (coopérative d’activité et d’emploi), et est adhérent de la Cress Pays-de-la-Loire avec laquelle il échange sur les dispositifs publics dédiés à l’ESS.
L’idée d’organiser le dialogue et d’optimiser les échanges entre professionnels de la culture et institutions a émergé lors d’une des trois Conférences Régionales Consultatives pour la Culture menées par la Région. Maxime Henri-Rousseau, directeur adjoint de la Direction de la culture de la Région, indique : “le besoin de mutualisation est rapidement apparu. Plutôt que de nous adresser à chacun des acteurs des filières de la culture pour sa structuration, nous avons opté pour la création d’un pôle favorisant les remontées de chacun et pouvant nourrir notre réflexion”.
Depuis sa création Le Pôle œuvre dans une dynamique de co-construction. Ensemble, les adhérents et membres du Conseil d’Administration déterminent les sujets prioritaires à porter par Le Pôle pour développer la filière. Ainsi, pas moins de 12 chantiers sont à l’œuvre comme celui du développement durable, du financement des artistes, du patrimoine culturel ou encore de la prévention des risques auditifs. Pour ce faire, le Pôle opte pour une méthode ascendante qui a maintenant prouvé son efficacité.
Une méthode pour construire des politiques publiques sur-mesure
Au préalable, sa mission d’observation et ses études (utilité sociale des festivals, comportement des jeunes quant à la musique, état de la scène Jazz de Nantes) servent de base à un travail de concertation autour d’un diagnostic partagé. Des séminaires organisés tout au long de l’année permettent ensuite aux professionnels des musiques actuelles de travailler à l’élaboration de dispositifs permettant de répondre à leurs propres besoins. Un dialogue auquel participe la Région et la DRAC qui peuvent instantanément faire état des dispositifs existants à améliorer ou à élaborer.
“La confiance que nos parties prenantes nous témoignent vient du fait que Le Pôle agit en qualité d'observateur neutre de la réalité qu’ils vivent” indique Vianney Marzin, directeur du Pôle. Et d’ajouter “Ils nous confient leurs données en toute transparence pour que nous puissions réaliser des études de terrain efficaces. C’est un atout pour notre action d’accompagnement.”
Le Pôle prend ensuite en charge l'accompagnement : plusieurs projets et dispositifs innovants ont ainsi pu être expérimentés au sein du Pôle avant d’être rendus autonomes. Un fonds pour le cachet des artistes a par exemple été mis en place afin d’aider les cafés culture en difficulté et permettre aux artistes de s’y produire. Un Groupement d'Intérêt Économique a ensuite été créé pour gérer le fonds de manière autonome. Signe que l’accompagnement du Pôle a été suffisamment fructueux pour passer la main.
Une méthode qui sert déjà de modèle à d’autres pôles ouverts par la suite dans la région : arts visuels, patrimoine, livre, cinéma, … Un dispositif générateur d’innovations sociales et économiques prêt à essaimer sur d'autres territoires.
Rudy Pignot-Malapert
