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Accompagnement

Les conséquences de la crise sur les incubateurs de l’ESS

Publié le 11 mai 2020 - Mise à jour le 12 novembre 2020
À travers l’animation de la Communauté émergence & accélération - qui rassemble près de 90 acteurs de l’accompagnement à la création d’activités de l’ESS et d’innovations sociales en France -, l’Avise favorise le partage d’informations et de bonnes pratiques face à la crise actuelle. Tour d’horizon des difficultés et adaptations des « incubateurs » de l’ESS !

Une animation spécifique

Depuis 2015, l’Avise anime la Communauté émergence & accélération qui rassemble les acteurs de l’accompagnement à l’émergence et l’accélération d’entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) et d’innovations sociales en France (environ 90 générateurs de projets, incubateurs, plateformes d’innovation sociale, espace de co-working etc.). Cette Communauté permet l’échange de bonnes pratiques, la conduite de travaux collaboratifs et la mise en place d’actions communes pour renforcer le maillage de l’accompagnement sur l’ensemble du territoire.

Depuis le début du confinement, l’Avise a mis en place des actions spécifiques pour recenser les besoins des acteurs de l’accompagnement à l’émergence, leur transmettre des informations adaptées et leur permettre d’échanger :

  • Mise en place d’une synthèse informative hebdomadaire spéciale COVID19 ;
  • Organisation de visioconférences hebdomadaires : outils et pratiques pour poursuivre l’activité, accompagner les promotions d’entrepreneurs sociaux à distance, écoute active, etc. ;
  • Dématérialisation de la Rencontre annuelle de la Communauté le 14 mai 2020 prochain.

Les besoins des accompagnateurs face à la crise

Entreprendre en contexte d’incertitude

En ce temps d’incertitude, les entrepreneurs de l’ESS se trouvent dans une situation particulièrement inquiétante face à :

  • L’absence de réponse de certains partenaires (clients, fournisseurs, financeurs, etc.) pour qui les actions prévues avant la crise seront potentiellement requestionnées ;
  • L’impossibilité d’enclencher une phase d’expérimentation « terrain » ;
  • La reconfiguration des besoins, qui impacte le potentiel de marché et la pertinence de la solution développée ;
  • La difficulté à suivre un rythme soutenu de formations à distance et à maintenir la dynamique collective créée par l’accompagnement en présentiel ;
  • Des inégalités d’accès aux programmes de formation pour les aidants, les parents et familles monoparentales, les entrepreneurs les plus éloignés du numérique, etc.

Dès la fin du mois de mars, Flora Iva, chargée d’accompagnement aux Ecossolies à Nantes s’interrogeait sur « l’accompagnement des porteurs de projet au stade de l’idée et les difficultés qu'ils peuvent rencontrer pour mener leur étude de marché dans ce contexte si incertain ».

Une nécessaire adaptation des formats d’accompagnement

Afin de poursuivre les programmes d’accompagnement, les incubateurs doivent donc s’adapter, notamment en digitalisant l’accompagnement, ce qui implique de revoir les formats et le séquençage. Pauline Tranchant, chargée d’accompagnement chez CoCoShaker en Auvergne-Rhône-Alpes soulignait son besoin de s'inspirer des« idées, méthodologies et bonnes pratiques faites dans les autres programmes d'accompagnement, dans une démarche d'échange et de partage collectif, pour assurer un meilleur soutien et la bonne continuation du programme d'accompagnement à la promotion ».

Pour les programmes qui étaient déjà avancés voire en phase de finalisation, de nombreux modules semblent être à revoir, notamment sur l’étude de marché, le modèle économique, le développement d’une prospective permettant de se positionner sur la reconfiguration des besoins et l'adaptation de sa stratégie.

Les accompagnateurs adaptent leur programme en fonction des besoins prioritaires des incubés. Cela peut passer par un questionnaire, par exemple mis en place par i-Engage à Nanterre ou La Ruche à Marseille, ou par des entretiens individuels.

En fonction des secteurs d’activités, des partenaires clés, des situations personnelles et du stade d’avancement des projets, les besoins sont extrêmement diversifiés et appellent des réponses sur-mesure de la part des accompagnateurs. Au-delà de ces réponses, les chargés d’accompagnement apportent une prise de recul nécessaire aux entrepreneurs pour faire face à cette situation inédite.

Soutenir l’accompagnement à l’ESS, une priorité

Digitaliser les programmes

Face à ces difficultés, il est impératif de soutenir les acteurs de l’accompagnement, qui eux-mêmes font face à des problématiques d’adaptation de leurs actions et de mobilisation de partenaires.

Si de nombreux acteurs ont d’ores-et-déjà adapté leur accompagnement à distance, ils nécessitent d’être appuyés sur leur stratégie de digitalisation. Certains acteurs, comme makesense, avaient déjà des programmes 100 % digitaux. D’autres, testent pour la première fois des formations en distanciel. C’est le cas d’Inter-Made, basé à Marseille, qui porte, en plus de ses programmes d’accompagnement pour les porteurs de projets, des modules de formation pour les accompagnateurs. Depuis 2012, cette formation « Malette pédagogique » a lieu en présentiel. En mai 2020, Inter-made propose quatre demi-journées en distantiel sur la posture de l'accompagnateur.

Développer des modules adaptés : prospective et stratégie

Un soutien national et régional renforcé est essentiel pour permettre aux accompagnateurs de créer des modules spécifiques pour leurs porteurs de projets et leurs alumni sur les dimensions de pilotage stratégique (rebond, réorientation), de modèle économique et de stratégie de communication. Ticket for Change a mis en place une stratégie d’accompagnement de ses alumni en recensant les outils qui pouvaient leur être utiles et en mettant en place des sessions de mentoring avec des partenaires.

« Pendant cette période, il est important pour les porteurs de projet d’innovation sociale de réinterroger leur environnement territorial pour adapter au mieux leur solution en toutes situations. » 
Fabienne Dejan, CEAS72 (Sarthe)

Partager sur les besoins post-crise

De la même manière que pour les générateurs de projets qui accompagnent les territoires ou les structures de l’ESS déjà en place, l’état des lieux des besoins en sortie de crise sera clé pour permettre d’adapter les activités et d’avoir le maximum d’impact. La coopération et l’échange entre tous les acteurs engagés sur le développement de l’ESS permettra à la fois de partager les constats, de s’inspirer d’actions intéressantes mises en œuvre dans chaque territoire et de rediscuter les feuilles de route communes pour une ESS renforcée.

« Il faut profiter de ce moment pour mobiliser les partenaires qui gravitent autour du réseau, et plus généralement pour faire du lien. » 
Dominique Rivière, Ecooparc (Vosges)

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