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Interview
Normandie

Lynda Lahalle, Conseillère régionale déléguée à l'ESS à propos de la 3e Conférence régionale de l’ESS

Publié le 04 juillet 2018 - Mise à jour le 02 août 2018
La Région Normandie et l’Etat, en collaboration avec la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS) Normandie, organisaient le 28 mai dernier à Caen la 3e Conférence régionale de l’Economie Sociale et Solidaire. Quels enjeux ? Quelles évolutions ? Quelles ambitions ?

Quelle est votre impression générale sur cette 3e Conférence régionale ?

Nous sommes plutôt contents car nous avons en Normandie décidé d’organiser une Conférence régionale de l’ESS chaque année, et le nombre de participants augmente d’année en année, avec plus de 300 participants pour cette troisième édition. La thématique du financement et l’intervention dans ce cadre de Frédéric Tiberghien, président de Finansol, a particulièrement mobilisé.

Quels étaient les enjeux autour de cette Conférence et ont-ils été adressés ?

L’enjeu de cette Conférence est de refléter la dynamique de l’ESS dans l’économie normande et sur les territoires. Elle permet bien évidemment de faire le point sur la politique de l’ESS en Normandie, co-organisée avec l’Etat, mais elle favorise aussi et surtout la création de lien et d’interconnaissance entre les acteurs, puisqu’elle rassemble à la fois des acteurs de l’ESS et des acteurs de l’économie « classique ».   Nous avons énormément d’échos positifs, on s’aperçoit qu’il y a une réelle dynamique en place, et que cette conférence remplit ce rôle de stimulateur d’échanges entre acteurs de l’économie du territoire mais aussi un rôle d’apporteur d’affaires. Un questionnaire d’évaluation est par ailleurs en cours afin de caractériser plus précisément ces retours.

Quel est selon vous l’apport de cette Conférence à la dynamique locale ESS et à l’écosystème ?

A travers la thématique du financement, nous avons notamment souhaité rappeler tous les dispositifs auxquels ont accès les différents acteurs et structures de l’ESS – 11 000 établissements sur le territoire -. Il ne faut pas sous-estimer la méconnaissance des dispositifs en place, qu’ils soient régionaux ou portés par d’autres acteurs.   Sur ce rôle de diffusion et de connaissance, nous avons eu un temps fort avec le président de Finansol, M. Tiberghien, ainsi que le Haut-Commissariat à l’ESS et à l’innovation sociale qui a rappelé l’avancement de la dynamique en cours, Le French Impact. Nous avons, de notre côté, fait un point sur la monnaie régionale normande.

Nous avions justement rédigé un article à l’occasion du lancement de l’Association de la monnaie normande citoyenne fin 2017, où en est le projet aujourd’hui ?

Rappelons tout d’abord que cette monnaie est la première monnaie régionale. Nous nous sommes engagés dans ce projet à la suite d’une idée lancée par Hervé Morin il y a deux ans lors de la 1ère Conférence régionale de l’ESS. Cette monnaie régionale est essentielle car elle permettra de promouvoir les acteurs de l’économie locale, les savoir-faire et produits normands, en favorisant les circuits-courts. Il s’agit de fixer une part de richesse dans l’économie locale et de redynamiser les centre-bourgs.   Nous entrons actuellement dans une phase d’expérimentation. L’association a développé la solution numérique et nous avons choisi Saint-Lô pour tester et observer la manière dont les commerçant et les habitants réagissent à cette monnaie. Les premiers retours sont favorables : une centaine de commerçants sont intéressés, et une trentaine ont déjà été formés. En effet, un programme de formation et d’accompagnement, notamment sur le volet de la transition numérique, est prévu afin d’accompagner à la prise en main de la monnaie et l’utilisation des services qui l’accompagnent.

Retour sur la 3e Conférence : au regard du thème abordé cette année, - le financement -, quelles problématiques sont ressorties et quelles propositions ont été formulées pour y répondre ?

La principale problématique évoquée concerne l’information et la connaissance des dispositifs de financement existants, ainsi que leur utilisation.   Nous avons également évoqué l’impératif de réactivité sur le financement des projets innovants. Nous savons qu’à un moment, lorsque le porteur de projet sollicite un financement, chaque financeur se demande ce que font les autres financeurs. Il faut parfois que l’un d’entre eux donne l’impulsion pour que les autres suivent, et notamment les banques. J’ai donc demandé à la Région que nous soyons réactifs sur l’obtention des financements dès l’instant où le dossier est complet, afin que nous puissions faire effet de levier pour ces projets auprès des autres financeurs.

Quelles sont les suites attendues et quel sera le rôle de la Région ?

En Normandie, notre stratégie ESS est inscrite dans le SRDEII et notre politique est engagée. Nous travaillerons également avec le Haut-Commissariat à l’ESS et l’innovation sociale afin de décliner la feuille de route qu’ils préparent. Nous avons, afin d’échanger autour de la politique ESS de la région, mis en place une instance partenariale Etat – Région – CRESS. En tant que chef de file du développement économique, nous aimerions intensifier les échanges entre les différents acteurs afin d’optimiser la veille sur les territoires et l’accompagnement des projets de l’ESS, qui sont souvent des projets très innovants qui ne peuvent pas émarger aux dispositifs de droit commun.   L’intensification des échanges autour de cette instance partenariale qui fonctionne depuis 2017 pourrait se faire à travers l’instauration de revues de projets à fréquence régulière, qui permettraient de faciliter la vie des porteurs de projet en associant tous les financeurs. Cela favoriserait une meilleure visibilité sur les différents financements, et le fait d’échanger nous permettrait à tous d’être plus performants et de travailler en articulation.

Un mot de conclusion ?

En conclusion, je suis ravie car nous avons fait de cette Conférence régionale un temps fort de rencontre annuelle. Nous avons je pense trouvé le format qui plaît, à travers l’intervention d’une personnalité marquante, des sujets qui répondent aux besoins des structures, des tables-rondes avec des témoignages de structures et un temps d’interconnaissance (car nous partons du principe que les gens se connaissent bien, mais c’est n’est pas si évident).  

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