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Interview
Achats socialement responsables

RATP : développer les marchés intégrant des clauses d'insertion

Publié le 16 décembre 2016 - Mise à jour le 12 octobre 2020
En 2012, la fonction achat de la RATP s’est dotée d’une politique de développement durable pour réduire son impact environnemental et mettre en œuvre des relations équilibrées avec ses fournisseurs. Pour l’établissement public il s’agit de développer ses achats socialement responsables : pour cela, la RATP achète auprès du secteur protégé et adapté et auprès des structure de l’insertion par l’activité économique, notamment à travers des marchés intégrant des clauses d’insertion.

La démarche en 8 questions à Pascale Tramoni, chef de projet Achats responsables à la RATP.

Pourquoi la RATP est-elle sensible à l’impact social de ses achats ?

En tant que grand transporteur urbain, la RATP est un acteur économique incontournable en Île-de-France. Nous avons une responsabilité sur les territoires dans lesquels nous opèrons. Nos partenaires sont très attentifs à la manière dont nous participons au développement local : ils nous demandent que nos différentes opérations de travaux aient un impact positif pour l’emploi. Les achats socialement responsables sont une façon pour nous d’agir en faveur de l’insertion socioprofessionnelle des personnes en difficulté et la solidarité fait partie de notre ADN. La RATP est d'ailleurs signataire de la Charte Entreprises & quartiers.

Quel est votre rôle au sein de la RATP ?

Mes activités en tant que chef de projet Achats responsables sont : le pilotage et l’animation de la politique, l’élaboration d’outils, la veille et le sourcing fournisseurs et le reporting.
 
En 2013, une formation interne achats responsables a été déployée auprès des acheteurs avec pour objectif l’identification des enjeux, l’acquisition d’un socle commun de compétences et le partage de bonnes pratiques. Plus de 80 % des acheteurs l'ont suivi et ce module est désormais inscrit dans le parcours de formation obligatoire des acheteurs.
 
Aujourd’hui, le fait que les achats responsables constituent un des items de notre reporting RSE est un levier pour renforcer la prise en compte du développement durable dans nos achats.

Quels sont vos résultats ?

En 2014, nous avons réalisé 472 000 € d’achats auprès du secteur adapté et protégé. Cela représente moins que l’année précédente (630 000 €) mais il faut savoir que 2014 a été une année charnière. Cette baisse est principalement liée à la fin du marché de maintenance des blocs autonomes d’éclairage de sécurité (blocs issues de secours), qui n’est pas encore compensée par les nouveaux marchés signés en fin d’année et dont les résultats impacteront plutôt l'année 2015.
 
Nous confions également au secteur adapté et protégé des prestations de métallerie, de blanchisserie ou d’entretien des espaces verts. Cette année, nous avons aussi eu un lot réservé aux établissements et services d'aide par le travail (ESAT) et aux entreprises adaptées (EA) dans le cadre du renouvellement du marché « traiteur » et le marché de transport de nos travailleurs handicapés a été attribué à une EA.

Développez-vous aussi des actions en faveur de l’insertion par l’activité économique (IAE) ?

En ce qui concerne l’achat direct auprès des structures de l’IAE, le montant de nos achats est relativement faible et nous avons encore un peu de mal à identifier les acteurs.
 
Nous avons signé des conventions pour des prestations liées à l’économie circulaire, avec Ateliers Sans Frontières pour le recyclage de notre matériel informatique, par exemple, avec les Ateliers du Bocage pour la collecte et le recyclage des cartouches de copieurs et d’imprimantes ou encore avec Le Relais pour la valorisation des tenues des agents.
 
Les montants de l’achat stricto sensu dans ce cadre sont faibles, puisque les coûts logistiques sont compensés en partie ou totalement par la valorisation des matières.

Quelle est votre démarche partenariale la plus marquante avec l’insertion par l’activité économique (IAE) ?

Nous venons de signer cette convention avec Le Relais, pour le recyclage de nos tenues professionnelles. Jusqu’à présent, la fin de vie des vêtements d’image n’était pas prise en charge par les entreprises et il n’existait pas de la filière spécifique en France. Nous avons voulu participer à notre mesure à l’émergence d’une filière sur notre territoire et au soutien d’un acteur de l’économie sociale et solidaire.
 
L’opération a été entamée fin 2014 et se poursuit sur les années 2015 et 2016. Plus de cinq tonnes ont été collectées à ce jour, ce qui est une réelle satisfaction pour la RATP. Les agents ont le sentiment de contribuer à quelque chose de très positif et le volet sociétal de la RSE est un réel élément d’adhésion en interne.
 
Aujourd'hui, sur l’activité de recyclage, les acteurs de l’IAE sont matures, voire parfois incontournables.

140 000 heures d’insertion ont été réalisées grâce aux clauses sociales en 2013. Comment les structures d’insertion ont-elles bénéficié du dispositif ?

Nous sommes dans une dynamique de montée en puissance, puisque 290 000 heures ont été réalisées en 2014 et plus de 500 personnes ont bénéficié du dispositif. Les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) sont le plus souvent sollicitées par les entreprises attributaires de nos marchés comportant des clauses sociales, mais nous avons également des entreprises d’insertion qui interviennent en sous-traitance dans nos marchés de nettoyage.
 
Nous intégrons également des clauses sociales dans nos marchés de maintenance électrique, de pelliculage de train et nous commençons à le faire sur de nouvelles prestations telles que le déménagement informatique.

Quels acteurs vous appuient dans la mise en œuvre de ces clauses ?

Nous travaillons avec les facilitateurs implantés dans les territoires avec une volonté de proximité et de maillage étroit avec les acteurs locaux de l’emploi et de l’insertion. Cette collaboration a pour objectif de contribuer à l’efficacité du dispositif (construction de parcours, formation…), de favoriser l’emploi local et d'évoluer vers un reporting plus qualitatif.
 
Par ailleurs, nous avons confié au club FACE de Paris la mise en œuvre et le suivi des clauses de nos marchés transverses, c’est-à-dire ceux qui touchent plusieurs territoires, comme le nettoyage, afin de pouvoir compter sur un interlocuteur unique.

Quelles sont les perspectives de développement de l’achat direct auprès des SIAE à la RATP ?

Contrairement à l’achat auprès des structures du secteur adapté et protégé, nous n’avons pas encore de démarche structurée vis-à-vis des SIAE. Nous souhaitons prochainement développer autant que possible le sourcing de nouveaux fournisseurs par rapport à nos besoins.

>> En savoir plus sur la politique d'achats responsables de la RATP    

Thématiques

Achats responsables
Transition écologique Handicap Insertion par l'activité économique RSE

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