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Acteurs de l’ESS et collectifs citoyens engagés pour un modèle énergétique durable et solidaire

Publié le 06 juin 2023 - Mise à jour le 04 juillet 2023
Promotion de la sobriété énergétique et sensibilisation aux enjeux écologiques, démocratisation de la gouvernance de l’énergie et développement des énergies renouvelables mais aussi lutte contre la précarité énergétique et renforcement de l’efficacité énergétique, les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) s’engagent sur tous les territoires pour mettre en œuvre une transition énergétique solidaire.

Libéralisation du marché de l’énergie et mobilisation des citoyens

Le développement des énergies renouvelables sur le plan technique, la reconnaissance de leur intérêt tant scientifique qu’économique et la libéralisation du marché de l’énergie au niveau européen, intervenue en 2004 et 2007, ont ouvert la possibilité pour de nouveaux acteurs de se positionner sur le marché de l’énergie, permettant l’émergence de nombreuses initiatives citoyennes

 

En 2004, une vingtaine d’acteurs issus des énergies renouvelables, d’associations citoyennes et de l’ESS créent ainsi la coopérative Énercoop, premier fournisseur d’énergies 100 % renouvelables en France, avec trois objectifs : promouvoir et commercialiser les énergies renouvelables, défendre la maîtrise de la consommation d’énergie et décentraliser la production des énergies.  

 

Cette initiative s’inscrit au sein d’un mouvement citoyen plus large, qui émerge depuis une vingtaine d’années en France et en Europe, d’investissement des habitants dans des projets d’énergies renouvelables participatifs ou « citoyens », leur assurant non seulement un accès à coût réduit à l’énergie mais aussi un pouvoir de décision sur la manière dont l’énergie est produite. Ces citoyens peuvent intervenir directement, en tant que financeurs ou en tant que porteurs du projet, ou indirectement, à travers une association, une coopérative ou un dispositif de financement participatif. 

On appelle “citoyen” un projet de production d’énergie renouvelable qui ouvre majoritairement son capital au financement collectif et son pilotage aux acteurs locaux, dans l’intérêt du territoire et de ses habitants. 
Énergie Partagée
L’énergie citoyenne

Énergie Partagée, association et réseau de projets citoyens de production d’énergies renouvelables soutenu par l’ADEME, définit ainsi les quatre conditions suivantes dans sa charte de projets citoyens. 

 

  • Ancrage local : la maîtrise du projet est aux mains des collectivités et des habitants du territoire, pour des circuits courts entre producteurs et consommateurs et une cohérence entre les besoins locaux et les moyens de production. 

  • Finalité non spéculative : les investissements sont réalisés pour être directement exploités, la rémunération du capital est limitée, les bénéfices sont affectés au développement de nouveaux projets ou à la sensibilisation des citoyens et le modèle économique vise un prix juste et transparent. 

  • Gouvernance ouverte : le fonctionnement de la société d’exploitation du projet est démocratique, de type coopératif, transparent et clair, avec des garanties sur le maintien dans la durée de la finalité du projet. 

  • Exigence écologique : le projet de production s’inscrit durablement dans une démarche de respect de l’environnement et de réduction des consommations d’énergie. 

Afin d’appuyer cette gouvernance citoyenne et de faciliter le dialogue territorial, des associations comme France Nature Environnement (FNE) lancent également des programmes ou des outils d’accompagnement des porteurs de projet et citoyens. L’Éoloscope Terrestre, par exemple, développé par FNE est un outil, composé d’un livret et d’une grille d’analyse multicritères, destiné à appuyer les associations, porteurs de projet éolien et collectivités territoriales qui souhaitent mieux comprendre les enjeux de l’éolien sur leur territoire.

Performance énergétique et répartition territoriale de la production

Dans les secteurs particulièrement énergivores du fait d’importantes consommations directes mais aussi de déperditions conséquentes, tels que ceux du bâtiment ou du transport de l’énergie, les acteurs de l’ESS se positionnent et conçoivent des solutions innovantes, collectives et ancrées sur le territoire.

 

Les acteurs de l’ESS sont particulièrement présents sur la question de l’amélioration de la performance énergétique, notamment en matière de rénovation du bâti, et apportent des solutions pour chaque étape du cycle de vie du bâtiment.

 

Depuis 2013, le pôle territorial de coopération économique (PTCE) InnoVales rassemble entreprises, institutions, associations et citoyens et œuvre pour la transition énergétique à travers son incubateur qui accompagne des projets à fort impact social et environnemental et ses dispositifs de rénovation énergétique menés en partenariat avec les collectivités locales. Depuis 1986, l’entreprise APIJ bat, transformée en SCIC depuis 2017, construit et rénove des bâtiments dans le respect de l’écologie, en s’appuyant sur les circuits du réemploi et en développant une activité d’insertion par l’activité économique

 

En parallèle, les acteurs de la production d’énergies renouvelables, notamment les collectifs citoyens à l’origine d’initiatives participatives de production d’énergie, questionnent l’efficacité du modèle actuel centralisé de production et de transport de l’énergie, qui entraîne d’importantes déperditions d’énergie à chacune de ses étapes : extraction, transport ou transmission, transformation et stockage.  

 

Pour contrecarrer cette importante problématique, ils proposent des solutions de production mieux réparties sur le territoire et appuyées sur des sources diversifiées (solaire, éolien, biomasse, etc.), réduisant de façon conséquente le besoin de transformer et transporter l’énergie. 

 

L’évolution du modèle de production français vers ce type de solutions de production moins centralisées semble en outre trouver un moyen d’optimisation intéressant à travers l’expérimentation de réseaux énergétiques intelligents (« smart grid »), solutions qui permettent de coordonner les diverses sources de production et le besoin à un instant T. 

Transformer les modes de production et de consommation dans une démarche de sobriété énergétique

L’association négaWatt positionne la réduction des besoins énergétiques comme priorité de la transition énergétique, avant-même l’amélioration de l’efficacité énergétique ou le développement des énergies renouvelables, et comme condition incontournable pour réussir à décélérer le réchauffement climatique. Mais pour répondre à cet enjeu, c’est l’ensemble du modèle de consommation, et donc de production, qui est à repenser. 

 

Les structures de l’économie circulaire se sont amplement emparées du sujet, questionnant le modèle économique conventionnel (produire – consommer – jeter) pour proposer, selon l’ADEME, « un système économique d’échange et de production qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources ». Allonger la durée d’usage des objets par le recours au réemploi, à la réparation ou à la réutilisation, privilégier l’usage à la possession (économie de la fonctionnalité), recycler ou encore rechercher des synergies entre entreprises afin de valoriser les déchets des unes en ressources pour les autres constituent des leviers pour réduire considérablement la consommation finale d’énergie.

 

L’entreprise Co-Recyclage, labellisée Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS), par exemple, a ainsi permis le réemploi de plus de 6 000 tonnes de mobiliers et matériaux, depuis 2013, en accompagnant entreprises, administrations et particuliers. 

 

En parallèle, l’éducation et l’information sont deux vecteurs de mutation non négligeables que les associations et les pouvoirs publics investissent, à travers des actions de sensibilisation à la réduction de la consommation d’énergie et au respect de l’environnement, telles que celles menées par E-graine lors de ses expositions itinérantes et ateliers pédagogiques, l’organisation de grands événements de sensibilisation tels que le festival Zero Waste France, ou la campagne FAIRE sur la rénovation. 

 

Engagées pour la mobilité de tous, les entreprises de l’ESS déploient également de nombreuses solutions de mobilité durable pour réduire l’impact énergétique et écologique très important du secteur des transports, notamment en promouvant des solutions de mobilité douce ou alternative : la coopérative Citiz étend son réseau d’autopartage sur tout le territoire, le projet Railcoop prévoit de lancer sa coopérative ferroviaire dès 2022 pour développer une offre de transports en commun sur les lignes désaffectées par les sociétés privées lucratives, la Maison du vélo, à Toulouse, s’engage pour la diffusion du vélo comme solution de mobilité quotidienne avec de la location de véhicules, de l’information et des ateliers d’apprentissage et d’auto-réparation accessibles pour tous. 

Rénover le parc immobilier et prévenir la précarité énergétique

En parallèle de leur action de plaidoyer auprès des acteurs publics pour accélérer la prise en compte de la précarité énergétique et de ses conséquences sur la santé, l’endettement ou encore la réussite scolaire, au sein de la réglementation et dans l’élaboration des politiques de lutte contre la pauvreté et de transition écologique, les acteurs de l’économie sociale et solidaire développent de nombreuses solutions pour prévenir ou lutter directement contre la précarité énergétique.  

 

Sur le volet de la rénovation, par exemple, l’entreprise Dorémi, créée par l’Institut négaWatt et Enertech et labellisée ESUS, rend accessible à tous la rénovation complète et performante des maisons individuelles. Aujourd’hui, grâce à ses partenariats avec les collectivités territoriales et les acteurs locaux, la structure permet à 7%  de la population française, dont 45% de ménages modestes ou très modestes (au sens de l’Agence National de l'Habitat - ANAH), d’accéder à des solutions de rénovation performantes.  

 

D’autres structures, comme la Croix-Rouge française, le Secours populaire ou la Fondation Abbé Pierre, développent des programmes d’appui au logement et à la rénovation mais aussi des programmes de prévention ou de résolution des difficultés financières qui surviennent fréquemment face aux situations de précarité énergétique : surendettement, coupure d’énergie, médiation de dettes, etc.

Thématiques

Transition écologique
Alimentation & agriculture durables Ruralité

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