Sécuriser les subventions dans le business-model des SIAE
Le modèle économique des SIAE repose, en partie, sur les subventions accordées par l’Etat au titre des aides aux postes, dans le cadre du projet d’insertion de la structure. Objectif ? Compenser la moindre productivité des salariés en parcours d’insertion et l’organisation spécifique qui doit être mise en place pour assurer leur accompagnement socioprofessionnel. La part représentée par les subventions diffère cependant selon la nature du conventionnement. Par exemple, 80% des ressources d’une entreprise d’insertion sont, en moyenne, issues de son chiffre d’affaires. Pour une entreprise de travail temporaire d’insertion, cette part s’élève à 85% tandis que pour les ateliers et chantiers d’insertion, elle descend à 30% (dans certains cas, 50%), nécessitant de fait un plus fort soutien des collectivités locales. Dans un échantillon d’associations intermédiaires accompagnées par France Active en 2015, cette part était de 76%.
Dans un contexte où les SIAE sont des acteurs clés de la politique publique d’inclusion, le défi consiste à pérenniser la part de financement de l’Etat et des collectivités locales dans leur business-model, alors que les fonds publics se raréfient et que les subventions sont soumises à une plus forte concurrence entre structures qui souhaitent en bénéficier. En effet, seule la subvention peut garantir l’efficacité de la double mission sociale et économique des SIAE. Dans ce cadre, le rôle des réseaux de l’IAE est primordial pour assurer un plaidoyer régulier.
Développer l’accès des SIAE à la commande publique et privée
Les achats socialement responsables font partie des politiques de responsabilité sociétale des organisations (RSO). Les SIAE peuvent profiter, comme les structures du secteur adapté et protégé, de ces dynamiques grâce aux marchés publics qui leur sont réservés, ou à ceux comportant des clauses sociales d’insertion, qui facilitent leur positionnement. Elles peuvent également accéder indirectement à la commande publique grâce à la sous-traitance ou à de la mise à disposition de personnel, solution que peut mettre en place une entreprise attributaire d’un marché public « clausé ». Dans les marchés privés se développent également des critères RSE favorisant les partenariats entre entreprises attributaires et structures de l’ESS.
Un des défis majeurs pour les SIAE consiste à professionnaliser leurs outils de communication B2B pour que leur offre soit mieux détectée par les acheteurs publics et privés. Il s’agit également de développer des méthodologies pour mieux répondre aux appels d’offres, en s’outillant par exemple sur les groupements, qui permettent d’atteindre une taille critique (groupements momentanés d’entreprises notamment). Des formations peuvent être proposées par les réseaux de l’ESS ou des collectivités locales et des accompagnements sur cette thématique sont régulièrement mis en place, en collectif ou en individuel, via le dispositif local d’accompagnement (DLA).
>> Pour plus d’informations, consulter la page "Accèder aux achats socialement responsables".
Renforcer les partenariats avec les entreprises
Les salariés en insertion n’envisagent pas systématiquement leur passage en SIAE comme une étape dans un parcours vers l’accès à l’emploi durable. Or, il est important de travailler sur la sortie de la structure et sur l’autonomisation du salarié, pour faciliter son passage vers le marché du travail classique. En effet, les conditions de travail y seront potentiellement plus exigeantes et les contraintes des salariés moins prises en compte. Ainsi, il s’avère important pour les structures d’entretenir un lien avec l’entreprise durant le parcours des salariés, en mobilisant par exemple des périodes d’immersion, d’observation ou de stage.
Les SIAE peuvent également être identifiées par les entreprises d’un territoire comme des partenaires RH, en travaillant conjointement sur une gestion des emplois et des compétences au niveau territorial. Cela nécessite d’identifier collectivement les besoins en main d’œuvre d’un territoire (actuels et à venir), et de penser les formations adéquates pour y répondre.
Le défi consiste pour les SIAE à mieux se faire identifier comme des partenaires RH pour les entreprises et de montrer qu’elles disposent d’un vivier de talents, notamment pour répondre aux besoins sur les métiers en tension. En la matière, des réseaux proposent des actions particulières. La Fédération des acteurs de la solidarité a par exemple mis en place le programme SEVE (« SIAE et Entreprises vers l’Emploi »).
Entrer dans une démarche qualité
La réalisation des parcours d’insertion et les relations avec l’éco-système des partenaires sont des missions exigeantes. Il est attendu des SIAE de nombreuses compétences : structuration des pratiques socio-professionnelles d’accompagnement des salariés, production régulière de reportings, mise en place de méthodologies pour la fonction commerciale, intégration de processus métier pour la production des biens et des services, etc. Il est clé, pour développer une SIAE, de s’équiper en fonctions supports et administratives et, pour celles-ci, de gagner en professionnalisme et en réactivité.
Le défi consiste ainsi à favoriser toujours plus l’entrée des structures d’insertion dans des démarches d’amélioration continue, leur adoption d’une démarche qualité cadrée et reconnue permettant de légitimer leurs actions vis-à-vis de leurs partenaires. Des réseaux proposent des outils spécifiques à l’IAE, comme la Fédération des entreprises d’insertion avec son réferentiel AFAQ EI/ETTI ou Coorace avec la double certification CEDRE ISO 9001.
Evaluer et valoriser son utilité sociale
Mesurer son utilité sociale est devenu un projet incontournable dans l’économie sociale et solidaire : il s’agit de prouver et de démontrer les effets bénéfiques de l’action des structures sur leurs salariés et leur environnement. Cela permet souvent d’accéder à des financements solidaires ou des marchés publics ou privés, de rassurer l’Etat et les collectivités locales sur l’efficience des fonds publics alloués et de disposer d’un outil de mobilisation de la gouvernance et des salariés afin de construire une vision partagée. Dans l’IAE où ces objectifs sont incontournables, l’enjeu est de taille.
Le défi consiste aujourd’hui, pour les SIAE, à mieux communiquer sur leur utilité sociale selon les cibles visées (salariés, entreprises, financeurs publics, etc.) afin de valoriser leurs résultats et leur impact dans un contexte de renforcement des politiques publiques d’inclusion et des stratégies de responsabilité sociétale des entreprises. De nombreux travaux sont engagés sur ce thème par les réseaux et à travers le dispositif local d’accompagnement. Actuellement, France Active Ile-de-France expérimente un accompagnement collectif pour les SIAE franciliennes, en partenariat avec Coorace Ile-de-France, qui dispose d’un outil d’évaluation de l’utilité sociale territoriale.