Les entreprises sociales d’insertion en Europe

Publié le 18 mai 2023 - Mise à jour le 02 octobre 2023
Au sein de l’Union européenne, de nombreuses structures d’utilité sociale agissent au quotidien en faveur de l’insertion par l’activité économique de personnes en difficulté. On parle d’entreprises sociales d’insertion (work integration social enterprises, en anglais) qui peuvent être classées au sein d’une quarantaine de catégories. Ce terme englobe les structures de l’IAE françaises, les SIAE.

Les entreprises sociales d’insertion (ESI)

Les ESI sont des entités économiques autonomes dont l’objectif fondamental est l’insertion professionnelle, en leur sein ou dans l’économie "classique", de personnes qui éprouvent des difficultés importantes sur le marché du travail. Cette insertion est réalisée par le biais d’une activité productive et d’un accompagnement personnalisé ou d’une formation qualifiante des personnes engagées.
Catherine Davister, Jacques Defourny et Olivier Grégoire
Les entreprises sociales d'insertion dans l'Union européenne : un aperçu général, 2004

Les différentes modalités d’insertion

Le réseau de recherche européen EMES travaille sur les concepts d’entrepreneuriat social, d’économie sociale et solidaire et d’innovation sociale. Il a identifié quatre grands types d’entreprises sociales d’insertion.

 

  • Les ESI qui proposent des emplois transitoires ou « sas » 

Ce sont les ESI les plus nombreuses en Europe. Par le biais d’un travail productif et de formations, elles permettent aux personnes en difficulté d’augmenter leur employabilité. Cette modalité d’insertion est notamment présente dans les entreprises de formation par le travail belges, les coopératives de travailleurs finlandaises, les entreprises d’insertion portugaises et les SIAE françaises. 

 

  • Les ESI qui ont pour vocation la création d’emplois permanents autofinancés 

Elles sont économiquement viables même si des subventions peuvent être accordées au démarrage. Ce modèle correspond par exemple aux firmes sociales allemandes et anglaises ainsi qu’aux entreprises d’insertion belges. 

 

  • Les ESI qui visent l’intégration professionnelle des publics à l’aide d’un subventionnement permanent 

Ces organisations existent dans la plupart des pays et visent à remédier au décalage entre la productivité requise par le marché du travail classique et les capacités des personnes en situation de handicap. On parle généralement d’ateliers protégés (comme au Portugal, en Suède ou en Irlande) ou d’entreprises de travail adapté (comme en Belgique). 

 

  • Les ESI qui visent la socialisation par l’activité productrice 

On y trouve par exemple des entreprises sociales d’insertion actives dans le recyclage et la récupération en Belgique et les centres occupationnels en Espagne. En France, ce modèle correspond plutôt aux centres d’adaptation à la vie active (CAVA).

 

L’EMES considère les structures de l’insertion par l’activité économique (SIAE) françaises comme des ESI, au même titre notamment que les centres d’adaptation à la vie active (CAVA) ou les groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ).

 

Différentes modalités d’insertion peuvent coexister au sein d’une même structure, ce qui rend difficile de classifier l’ensemble des réalités.
Marthe Nyssens
Chercheuse au sein du réseau européen EMES

Des modèles économiques variés

L’EMES a également mis en évidence trois grands groupes d’ESI en matière de ressources mobilisées.

 

  • Les ESI principalement financées par des ressources marchandes grâce à la vente de biens ou de services : coopératives de travailleurs anglaises et finlandaises, entreprises d’insertion belges et espagnoles, associations intermédiaires, entreprises d’insertion et entreprise de travail temporaire d’insertion en France. 

  • Les ESI principalement financées par des subventions ou aides publiques. Il s’agit par exemple de la plupart des ESI allemandes. Par ailleurs, en France, pour les ateliers et chantiers d’insertion (ACI), les recettes de commercialisation des biens et services produits ne doivent pas dépasser 30 % (ou exceptionnellement 50 %) des charges liées à ces activités. 

  • Les ESI qui mobilisent une forte proportion de dons et une part de bénévolat, comme les entreprises communautaires anglaises.

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Thématiques

Insertion par l'activité économique

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