Qu’est-ce qu’une partie prenante ?
Une partie prenante d’une organisation désigne tout individu ou groupe d’individu qui, soit contribue à l’activité de cette organisation (salariés, bénévoles, financeurs, fournisseurs…), soit est affecté par cette même activité (clients, bénéficiaires directs, partenaires, territoire…). Questionner son impact social et tenter de l’évaluer revient donc à interroger son impact sur ses parties prenantes . Ce concept est d’ailleurs au cœur de la définition de l’impact social donnée par le Conseil Supérieur de l’ESS en 2011 :
« L’impact social consiste en l’ensemble des conséquences (évolutions, inflexions, changements, ruptures) des actions d’une organisation tant sur ses parties prenantes externes (bénéficiaires, usagers, clients) directes ou indirectes de son territoire et internes (salariés, bénévoles, volontaires), que sur la société en général. »
Pourquoi associer ses parties prenantes ?
Si l’identification des parties prenantes est incontournable en entrée de l’évaluation, quel est l’intérêt supplémentaire à les associer ? Bien que cela puisse ajouter de la complexité à un sujet – l’évaluation – qui l’est déjà bien assez, il y a plusieurs avantages à les impliquer dans votre démarche.
-
Pour évaluer ce qui compte vraiment / identifier finement ses impacts à évaluer
L’évaluation repose sur l’identification des impacts souhaités d’un projet puis une appréciation sur la réalisation ou non de ces impacts. Or, il est parfois difficile d’avoir une vision exhaustive de l’ensemble de ses impacts, notamment pour les entreprises de l’ESS qui souvent adressent plusieurs enjeux sociétaux et se trouvent au confluent de différentes politiques publiques. Les représentations peuvent également varier d’un acteur à un autre. Lorsqu’on évoque par exemple les notions de « lien social » ou « d’insertion », il y a fort à parier que les acteurs présents autour de la table proposent chacun une définition différente.
D’un point de vue méthodologique, il apparait donc pertinent d’associer cette diversité de points de vue à votre démarche pour être sûr de « viser juste » et d’évaluer ce qui compte vraiment pour l’ensemble de vos parties prenantes. Il peut s’agir par exemple des salariés experts de leur domaine ou encore de personnes accompagnées (qui sont les premières à même de décrire le changement que vous générez chez elles)…
-
Pour accompagner le changement de votre organisation
D’un point de vue managérial ensuite, l’évaluation constitue un changement pour toute organisation. Les résultats peuvent faire évoluer ses activités, les publics qu’elle accompagne, les services qu’elle propose... Dans ce cas, si l’évaluation n’a pas été partagée, au moins en interne, il est probable que ces évolutions soient incomprises ou difficilement appropriées par les salariés ou les bénévoles.
-
Pour générer une dynamique collective autour de votre projet
L’évaluation peut également permettre d’associer davantage vos partenaires et leur offrir une compréhension plus fine de votre projet. Vous pouvez par exemple chercher à convaincre de potentiels financeurs, voire générer une dynamique collective autour de votre projet. Dans le champ des politiques publiques par exemple, l’évaluation « pluraliste et participative » favorise l'apprentissage des acteurs voire permet la prise en main de leurs problématiques par les bénéficiaires eux-mêmes.
Précisons enfin que l’association des parties prenantes n’est pas une logique binaire de « tout ou rien ». En fonction de vos enjeux et de vos moyens, mais aussi de la volonté de vos parties prenantes à s’investir, vous pourrez associer un rayon plus ou moins large d’acteurs à votre démarche.
Comment associer ses parties prenantes ?
Une première étape consiste à identifier l’ensemble de vos parties prenantes et parmi celles-ci, celles qui doivent être associées à votre évaluation. Réalisez une cartographie de l’ensemble vos parties prenantes et définissez lesquelles il vous parait opportun d’impliquer dans la démarche.
Ensuite, la question du « comment » associer ses parties prenantes pose la question du « quand » les mobiliser. En se basant sur les étapes communes à toute démarche d’évaluation proposées par l’Avise, plusieurs temps sont opportuns.
Différentes parties prenantes peuvent intervenir sur la définition de ce qui compte et de ce que l’on souhaite évaluer (étape 1). Le partage des points de vue est primordial dans cette étape pour identifier et définir l’ensemble des impacts d’un projet et s’assurer de ne rien oublier. Il s’agit aussi de valider collectivement les objectifs de l’évaluation et la méthode qui sera retenue.
Lors de la phase de mesure (étape 2), les différentes parties prenantes peuvent être impliquées dans la phase de collecte de données et de construction des outils. Elles peuvent également être elles-mêmes actrices de cette collecte.
Il est enfin fortement recommandé d’associer les parties prenantes lors de l’analyse et l’utilisation des résultats (étape 3). Cela permet notamment de disposer d’un regard plus partagé sur ces derniers et de questionner leur utilisation opérationnelle : quelles conclusions en tirer ? faut-il adapter nos activités, nos services, notre accompagnement… ? et si oui comment ? En effet, chaque partie prenante – à travers son activité et son appréhension du contexte – aura une appréciation différente des résultats : par exemple, un effet observé peut paraitre satisfaisant pour un financeur mais insuffisant pour un travailleur social. C’est la multiplicité des appréciations et leur confrontation qui permettent de construire une vision partagée du projet, d’éclairer les résultats obtenus, et de proposer des préconisations et ajustements si nécessaires.
Vous pouvez également impliquer vos parties prenantes de manière transverse, tout au long du projet, en mettant en place une gouvernance ouverte à ces dernières. Cela permettra de faire vivre la démarche, voire de générer une dynamique collective autour de votre projet. Il est également indispensable de sensibiliser voire former à l’évaluation les acteurs participant à votre démarche, selon leur degré d’implication. L’évaluation n’est pas une démarche neutre et requiert des compétences ainsi qu’un positionnement spécifiques dont ils doivent avoir connaissance.
Au-delà des enjeux méthodologiques, il faut garder en tête qu’une évaluation met en relation différents acteurs et leur permet d’enrichir leurs liens et connaissances mutuelles. Associer vos parties prenantes est donc une condition de réussite voire de légitimité de votre évaluation.