Portrait

Écov

Publié le 01 juillet 2020 - Mise à jour le 12 octobre 2020
L’entreprise sociale Ecov développe le covoiturage comme un nouveau service public adapté aux territoires peu denses. Co-produit par les citoyens, le covoiturage organisé en lignes, matérialisées par des arrêts physiques et accessibles à tous, permet de répondre à la pénurie des transports en commun dans ces zones.

Changer l’usage de la voiture dans les territoires peu denses

« Faible densité de personnes et donc faible volume de passagers pour un coût d’investissement et d’exploitation conséquent pour les collectivités publiques ». Avec cette équation, Thomas Matagne, président et fondateur d’Ecov, illustre l’incapacité à répondre par les seuls transports en commun aux besoins de mobilité dans les territoires péri-urbains et ruraux.

Alors que 80% des kilomètres sont parcourus en voiture en France, l’entreprise a identifié une autre ressource pour accélerer la transition sociétale des transports : les sièges libres des voitures individuelles. « Les perspectives d’évolution concernant la voiture ne tournent pas uniquement autour de la technologique, mais aussi autour de l’usage et c’est ce que nous prouvons ! », explique Thomas Matagne. Et c’est donc l’usage de ces sièges libres qu’Ecov exploite. 

Depuis 2014, l’entreprise s’est donné un objectif d’impact sociétal en proposant aux habitants des territoires de partager leurs trajets comme ils prendraient le bus. Les lignes de covoiturage, matérialisées par des arrêts accessibles à tous, sont connectées en temps réel via une application mobile, des panneaux lumineux et des bornes. L’approche proposée est aussi intermodale, avec la prise en compte d’autres modes de transport comme le vélo ou la trottinette. Près de Lyon, l'équipe a ainsi mis à disposition des usagers, des vélos et trottinettes à partager pour effectuer le dernier kilomètre.

Une co-construction avec les collectivités locales et les citoyens

L’équipe définit l’entreprise comme un opérateur de service public porté par les collectivités locales. Les intercommunalités représentent aujourd’hui la majeure partie des collectivités clientes d’Ecov, avec des projets qui impliquent également d’autres niveaux territoriaux comme le département et les régions, car le projet « touche à la fois aux transports, à la voirie, la politique de circulation, etc. », précise Thomas Matagne.  

Autre maillon indispensable pour que les lignes proposées par Ecov fonctionnent : les usagers, coproducteurs de ce service. Sans un seuil d’utilisateurs actifs et réguliers - passagers et conducteurs - l’effet boule de neige ne prend pas et le service ne fonctionne pas. Pour limiter ce risque, et si la collectivité le souhaite, l’équipe mobilise les citoyens dans le cadre d’ateliers pour discuter du déploiement des lignes. « C’est parce qu’un conducteur met à disposition son siège, que d’autres personnes peuvent l’utiliser », rappelle Thomas Matagne. « Et c’est aussi dans son intérêt car il partage ses frais ». Ecov mène également des études de covoiturabilité du territoire et analyse le reste du système de mobilité en amont de l’implantation de nouvelles lignes.

Proche du modèle de financement des lignes de transports collectifs classiques, l'installation d’une ligne de covoiturage revient moins cher à la collectivité qu’une ligne de transports en commun classique, Ecov fournit un service public, cofinancé et porté par la collectivité, qui peut déployer ce service innovant pour répondre à l’absence de système de transport collectif ou à son manque d’efficacité. 

Une solution innovante, lourde et complexe, pensée pour du long terme

« On ne se positionne pas comme un logiciel mais comme un opérateur de mobilité », précise Thomas Matagne. Ecov apporte un service complet avec des garanties qualité, des garanties attente, de l’assistance téléphonique pour accompagner les utilisateurs. En refusant une solution 100% numérique, l’équipe espère s’adresser à tous et éviter de tomber dans le piège de la fracture numérique.

L’entreprise s’est inscrite dès le démarrage à la croisée de l’univers de l’ESS, des transports et du numérique. Pour Thomas et ses associés, le choix de l’économie sociale et solidaire s’est fait dès le début et Ecov est d’ailleurs l’une des première SAS agrées Esus (entreprise solidaire d’utilité sociale) en France. « Notre objectif c’est l’impact sociétal, à la fois social et environnemental. Nous développons un projet accessible à tous, avec ou sans numérique, en nous appuyant sur une solide stratégie financière », précise le cofondateur. 

S’inscrire à la fois dans l'univers de l'ESS et celui de l’innovation technologique permet à Ecov de compter sur de solides partenaires financiers, comme la Banque des Territoires et France Active, qui ont une vision de long terme. « Notre innovation est lourde et complexe, avec un retour sur investissement plus long », explique Thomas Matagne et ces alliés ont été absolument essentiels pour le développement de l’entreprise dont la taille a doublé entre 2019 et 2020, avec une équipe de 45 personnes aux profils très qualifiés. 

  • 3 à 50

    kilomètres de lignes de covoiturage Écov

  • 80%

    des passagers Ecov sont d’anciens conducteurs passés au covoiturage

Thématiques

Transition écologique
Innovation sociale Mobilité Politiques publiques Ruralité

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