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Eqosphere

Publié le 11 février 2014 - Mise à jour le 05 octobre 2020
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5 rue de Douai 75009 Paris
Allier innovation sociale, numérique et environnement ? C’est le pari qu’a remporté Xavier Corval, fondateur d’Eqosphere, une plateforme collaborative qui permet la revalorisation de produits invendus ou invendables.

« Etudiant, l’un de mes jobs était de servir les cocktails d’inauguration des expositions du Pavillon de l’Arsenal à Paris. Les événements terminés, je me retrouvais à devoir jeter d’importantes quantités de nourriture. Je partais alors sur mon scooter à la recherche de personnes ou d’associations à qui les donner, et ce n’était pas toujours évident. A l’époque, je me disais que cela devrait être plus facile de redistribuer et de donner une valeur tous ces produits ! »

Un projet innovant à tous points de vue

C’est à partir de ce constat que Xavier a créé Eqosphere en juillet 2012 après 18 mois d’études de terrain avec les futurs utilisateurs. Cette SAS (dotée de l’agrément solidaire) qui emploie 6 personnes est la première plateforme collaborative en ligne qui permet de simplifier et d’optimiser la revalorisation de tous les produits, alimentaires ou non, dits « en fin de vie ».

Concrètement, elle identifie les « gisements » de produits, c’est-à-dire les invendus et invendables par exemple de la grande distribution et de la distribution spécialisée –et, demain, les gisements provenant des fabricants et producteurs et des services publics. Puis, grâce à un progiciel puissant de prospection et de création d’évidences entre l’offre et la recherche, elle va permettre la revalorisation et la redistribution de ces gisements auprès d’associations et d’épiceries solidaires, mais aussi d’entreprises et de spécialistes de la transformation des déchets.

« Eqosphere simplifie, optimise et systématise les processus de valorisation de tous ces produits. Cela permet aux émetteurs que sont les grandes enseignes, fournisseurs, producteurs, entreprises privées et publiques de diminuer les pertes financières et les frais de destruction, d’améliorer leur impact environnemental et social et d’accroitre la performance de leurs indicateurs de développement durable. La diminution des volumes bennés permet de réduire la consommation énergétique et l’émission de gaz à effet de sphère et on crée de l’activité et de l’emploi dans les filières du réemploi et du recyclage et au niveau logistique ».

Les récepteurs associatifs et les entreprises solidaires diminuent quant à elles la part des budgets consacrés à l’achat de produits tout en augmentant les volumes, dans un contexte difficile socialement et de réduction des subventions nationales et européennes. Elles peuvent ainsi accéder à des sources qu’elles n’avaient pas avant. C’est un outil professionnalisant pour tous, à tous points de vue, et qui modifie positivement les relations entre les associations et les fournisseurs. » Sur la plateforme digitale les récepteurs formulent leurs recherches de produits en indiquant leurs besoins, contraintes et objectifs. Le moteur de recherche intelligent, qui via un système de « douchette » connectée va brasser régulièrement les stocks des émetteurs, les prévient ensuite via leur tableau de bord et des applications mobiles lorsqu’il a trouvé une réponse adéquate.

L’intelligence du moteur prend donc en compte les besoins et contraintes des uns et des autres et va jusqu’à créer des assemblages logistiques pertinents, grâce à des outils de collaboration automatisée, afin de réaliser le plus grand nombre de transactions et d’écouler la totalité des gisements.

Des ressources hybrides pour un service sur-mesure

Pour accéder à l’outil, émetteurs et récepteurs payent un forfait au mois, qui est calculé au cas par cas. Eqosphere est entrain de convaincre les plus grandes enseignes : Auchan, pionnier de l’expérimentation, mais aussi Leclerc, Carrefour, Casino-Monoprix…
« Nous avons travaillé la main dans les poubelles, pour comprendre pourquoi les produits sont là, avec un profond respect des activités des uns et des autres. A aucun moment nous ne sommes dans la culpabilisation du « gaspillage » mais au contraire nous proposons des solutions dont la pertinence et les promesses de performance donnent envie aux acteurs de changer les choses », explique Xavier. Côté récepteurs associatifs, Emmaüs, des antennes de La Croix rouge et des Restos du cœur, le groupe SOS, le groupe Aurore, le Secours catholique (…), et de nombreuses épiceries solidaires comme La Chorba (Paris 12è) et Au Petit Plus (Charenton Le Pont) ont déjà adopté l’outil. « L’innovation numérique coûte cher et ne peut se faire sous n’importe quel statut. De plus, les réseaux d’accompagnement à l’entrepreneuriat social ne sont pas forcément aujourd’hui équipés pour répondre aux besoins des nouvelles technologies. Certains nous prenaient parfois pour des extra-terrestres. Il nous est néanmoins arrivé de refuser des investisseurs privés car nous voulions une hybridation des ressources.

Finalement, nous avons créé un partenariat financier avec un partenaire technologique et bénéficié d’un double prêt participatif d’un FCP géré par Natixis et de France Active, via Paris Initiative Entreprise. Nous avons également sollicité des subventions d’amorçage, avec l’aide de la mairie de Paris, d’Oséo et de la Région Ile de France. »

« N’importe quel acteur concerné peut nous contacter pour entrer dans l’expérimentation. La plateforme demande une phase d’étude avec chaque nouvel utilisateur « afin de s’adapter au plus près de ses besoins et pour permettre des échanges sur la qualité d’usage ».

Thématiques

Transition écologique
Économie circulaire Innovation sociale Numérique

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