Selon le Manuel de Frascati, les travaux de R&D englobent « les travaux de création entrepris de façon systématique en vue d’accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l’homme, de la culture et de la société, ainsi que l’utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications ».
Ils regroupent la recherche fondamentale, appliquée et le développement expérimental. Si les démarches de R&D ont été, par le passé, principalement structurées par les approches technologiques, il est désormais accepté que :
- la R&D ne se résume pas seulement à une visée technique ou technologique, mais qu’elle peut aboutir à des services, des modèles d’organisation, des politiques publiques, des modèles économiques qui ne sont pas réductibles à un produit ou un outil ;
- la R&D embrasse l’ensemble des disciplines scientifiques, et notamment les sciences humaines et sociales, qui interrogent les questions de société.
La R&D sociale peut se définir comme une démarche qui a pour ambition de résoudre une problématique de société en s’inscrivant dans une approche scientifique, menée ou non en collaboration avec des établissements et des structures de recherche.
La R&D sociale vise une application effective de la recherche à travers le développement de services, de produits, de méthodes, de politiques publiques, de modes d’organisation ou de modèles économiques.
À noter que la R&D sociale peut être portée par des acteurs socio-économiques très divers (entreprises, collectivités territoriales, chercheurs, associations, collectifs de citoyens, structures et agences publiques, etc.), souvent dans une logique de coopération et d’échange.
Cas concret - questions à Ellyx, agence de chercheurs-consultants spécialisée dans la R&D sociale
Sébastien Palluault et Clara Bourgeois, consultants associés au sein d'Ellyx, nous répondent.
Pourquoi entamer une démarche de R&D sociale ?
Au départ d’une volonté d’engager une démarche de R&D sociale, il y a avant tout la volonté d’innover pour la société. La R&D sociale est un moyen de structurer, de guider sa démarche d’innovation à travers le recours à la recherche scientifique. Elle amène précisément un acteur à s’interroger sur les ressorts de son innovation, à en explorer les facettes, à en lever les freins juridiques, économiques, sociaux, psychologiques, etc. Elle est à la fois engageante sur le plan de la mobilisation des ressources d’une structure (financements, ressources humaines, partenariat…) et exigeante en termes méthodologiques. Elle s’applique donc plus naturellement aux projets stratégiques des organisations qui souhaitent travailler dans une perspective d’intérêt général.
Comment se lancer ?
Il est important de partir du projet d’innovation et du besoin de connaissances et de ressources nécessaires à son développement. Cette première étape est primordiale et permet d’éviter l’écueil d’une R&D qui ne servirait que peu voire pas le développement du projet. Il faut ensuite réaliser un état de l’art (c’est-à-dire un état des connaissances) permettant de savoir qui a travaillé sur le sujet et ce qui a été produit tant sur le plan scientifique que sur le plan entrepreneurial. L’identification de ce qui existe déjà (autres projets, apports scientifiques sur la problématique ciblée, etc.) et des questions pour lesquelles on ne trouve pas de réponse ou d’exemple dans cet état de l’art permettra d’affiner la problématique à étudier pour développer le projet d’innovation sociale.
Puis, il s’agit de formaliser un programme de R&D sociale définissant le calendrier de la recherche, les axes du programme, les ressources à mobiliser en interne et en externe (collaborations à établir avec des laboratoires de recherche, etc.) et les livrables attendus. Parallèlement à la construction du cadrage scientifique de la démarche, il faudra formaliser les pistes de structuration et de financement de la R&D afin d’en sécuriser la réalisation. Enfin, vous pourrez démarrer votre R&D sociale : développer les collaborations nécessaires, étudier les pistes, expérimenter le projet, l’évaluer, etc. Des appuis peuvent être trouvés tout au long des différentes étapes du programme en fonction des besoins des porteurs de projets.
Innover avec les chercheurs - en un coup d'œil
Avantages
• Renforcement de la légitimité du projet d’innovation à partir d’une expertise scientifique.
• Disponibilité de certains financements à l’innovation pour la phase R&D.
• Montée en compétences des équipes internes en termes de méthodes et sur l’expertise thématique.
Inconvénients
• Une obligation de moyens mais pas de garantie de résultats.
• Des disparités dans l’accès aux financements mobilisables en fonction de son statut et de sa localisation.
Bonne pratiques
• Identifier une personne en interne responsable de la R&D sociale .
• Identifier la nature des livrables au préalable afin de faciliter le transfert et la valorisation de la recherche.
• Minimiser les risques et investissements dans la R&D sociale à travers la mobilisation de financements fléchés et la mise en œuvre de collaborations pertinentes.
Ecueils à éviter
• Positionner la R&D sociale sur des enjeux qui ne sont pas stratégiques pour le projet.
• Associer la R&D sociale à une logique de recherche essentiellement académique.